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Focus : Concertation Pouvoir-Opposition : Dialogue sincère ou jeu de dupes ?
Publié le dimanche 25 septembre 2016  |  Aujourd`hui
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Le troisième anniversaire de l’investiture du Président IBK a été fêté il y a un peu plus de deux semaines. On a peine à croire qu’il y a seulement trois ans que tout a commencé car les fleurs du printemps du quasi plébiscite du candidat IBK à la présidentielle de 2013, après leur éclosion flamboyante aux élections législatives lui ayant octroyé une majorité confortable pour gouverner le pays sans entrave, se sont fanées et leurs étranges fruits ont laissé un goût amer dans la bouche des populations.

C’est parce qu’en lui confiant les destinées du pays avec un score remarquable de plus de 77% des voix, les Maliennes et Maliens, toutes couches sociales confondues, portaient en lui de gros espoirs, mais dans une impatience de les voir se réaliser très rapidement, après la grosse souffrance endurée lors de la crise multidimensionnelle de l’année 2012. Tout était donc urgence dans le pays. Le chantier, très vaste, appelait un vaste rassemblement de tous les fils du Mali pour sa réalisation.

Mais tiraillé entre des actes terroristes de groupes narco djihadistes et des enfantillages de fils du pays égarés dans un irrédentisme mal à propos, le pouvoir du Président IBK s’est fait convulsions, agitation, remue-ménage, et, dans le tohu-bohu du troisième anniversaire, une certaine forme d’ordre reprend maussadement ses droits.



L’histoire, c’est vrai, use vite les sursauts d’énergie jaillis des profondeurs et il faut bien se résoudre à n’être au jour le jour qu’un des reflets trompeurs du jeu de miroirs qu’on appelle l’histoire. Mais à ne voir devant soi que la route qui se bouche ou se perd, on oublie de voir derrière soi le chemin parcouru et le terrain conquis, où il faut maintenant organiser l’espoir et préparer la nouvelle vague.

C’est à cette introspection profonde qu’appelle le Président IBK dans son adresse à la Nation à l’occasion de la fête nationale du 22 septembre 2016 commémorant le 56è anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance : ” La commémoration du 22 Septembre constitue un moment privilégié de réflexion sur les défis qui se présentent à nous. Trois d’entre eux revêtent à mes yeux une importance particulière. Celui du rétablissement de la paix et de la sécurité. Celui de la préservation de la cohésion nationale. Et celui de la prise en charge de la demande sociale “.

Et il ajoutera : “Mais je voudrais rappeler une vérité que j’avais déjà énoncée : le chemin vers la paix et la sécurité est sinueux. L’emprunter exige de la persévérance, de la constance et l’absolue conviction qu’il n’existe pas d’autre alternative à la sortie de crise “.

Il faut reconnaître qu’au-delà des mots, IBK met la forme dans son discours devenue plus empreint d’humilité, de calme et de sérénité. Pour un chef d’Etat, élu de la façon si éclatante que l’a été IBK, reconnaître, même implicitement, que résoudre les problèmes cruciaux du Mali nécessite une concertation sérieuse avec toutes les composantes des forces vives du pays, c’est faire preuve de dépassement et de foi en l’avenir du pays. Nous sommes alors loin des discours belliqueux qui faisaient apparaître IBK comme un archer toujours prêt à décocher des flèches vers des adversaires politiques. Ce qui ne contribuait pas à apaiser l’environnement politique national.

Dans une démocratie, chacun a non seulement le droit mais le devoir d’exprimer son sentiment, de prendre position, de protester ou d’approuver selon sa conscience. Il serait tout simplement dommage que, pour se faire entendre, la voix de la raison doive attendre qu’on n’ait plus besoin d’elle et que la sagesse aussi doive demander, pour s’exprimer, un tel délai de réflexion qu’elle puisse paraître, au contraire de la prudence, forme de prévoyance, comme une nostalgie d’émigrés qui reviennent en ayant rien oublié ni rien appris.

C’est pourquoi, lorsque le Président IBK se décide enfin à créer les conditions d’un dialogue social et politique, notamment en initiant une série de concertations avec les responsables politiques de tous bords et les autres forces vives de la Nation, on ne peut que s’en réjouir. Comme le dit le Président IBK en s’adressant aux populations dans un message radiotélévisé à la veille de la fête de l’indépendance, dans la nuit de mercredi dernier : “Je n’oublie pas que la confiance massive dont vous m’avez investie lors de l’élection présidentielle a transcendé tous les clivages et toutes les démarcations. Cette confiance me fait donc obligation de rester à l’écoute de tous et de recevoir autant que nécessaire l’avis de sensibilités diverses “.

” Mieux vaut tard que jamais” dit-on souvent. IBK se rebiffe enfin ! Mais n’empêche que la prudence est de mise du côté d’une fange de la classe politique qui ne manque pas de voir dans cette nouvelle démarche la première étape d’une stratégie politicienne en vue de la présidentielle de 2018 qui s’approche à pas de géants. Mais l’opposition doit éviter aussi d’être prise dans son propre jeu, elle qui ne cessait de réclamer à tue-tête une absence de concertation entre elle et le pouvoir. C’est pour dire que si IBK crée les conditions du dialogue, l’opposition républicaine se voit obligée d’y aller pour apporter sa contribution à la construction de la paix et de la stabilisation du pays tant souhaitée par les populations.

Espérons seulement que la valse des politiques au palais de Koulouba, suivie de déclarations mielleuses, ne cache pas un jeu de dupes derrière la solennité des déclarations. L’avenir étant le meilleur juge, gardons-nous des préjugés en attendant d’y voir clair !



A.B. NIANG

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