Après l'adoption de la loi-cadre Defferre du 23 juin 1956 et la disparition de l'Afrique-Occidentale française (AOF) et l'Afrique-Équatoriale française (AEF), le débat sur le fédéralisme divise la classe politique africaine. Ainsi, lors du congrès du Rassemblement démocratique africain (RDA) au collège technique de Bamako entre le 25 et le 30 septembre 1957, Félix Houphouët-Boigny et la section ivoirienne du parti défend contre le reste des cadres, une indépendance de chaque pays africains vis-à-vis des autres.
Le 15 février 1958, les partis africains réunis au palais Bourbon à Paris refusent de s'unir sous la bannière du RDA et fondent à Dakar le 28 mars, face au RDA, le Parti du regroupement africain (PRA), partisan d'une unité fédérale africaine. Le 5 avril suivant, les élus du RDA au Grand conseil votent en faveur de la création d'un exécutif fédéral, suscitant la colère de la Côte d'Ivoire, mais obtenant le soutien du guinéen Sékou Touré
Arrivée au pouvoir en mai 1958, Charles de Gaulle met sur pied avec Félix Houphouët-Boigny la Communauté française, unissant la France et ses anciennes colonies sans satisfaire pleinement les nationalistes africains, qui réclament l'indépendance totale et immédiate lors du congrès du PRA des 25, 26 et 27 juillet 1958 au centre international Unafrica de Cotonou.
Naissance de la Fédération du Mali
À la Conférence de Bamako des 29 et 30 décembre 1958 initiée par Gabriel d'Arboussier, les représentants du Sénégal, de la République soudanaise, de la Haute-Volta (futur Burkina Faso) et du Dahomey (futur Bénin) écrivent l'acte de naissance de la Fédération du Mali, suivi le 14 janvier 1959 au palais du Grand Conseil de l’AOF, par la tenue de l'Assemblée constituante de la nouvelle fédération. Celle-ci est ouverte par le discours du sénateur-maire de Dakar, Lamine Guèye : « Notre réunion, dans cette salle des délibérations du Grand Conseil, est un acte de foi dans le destin d'une Afrique forte de l'union de tous ses membres sans discrimination d'aucune sorte. ». Mahamane Alassane Haïdara prend ensuite la parole au nom de la République soudanaise, suivi de Maurice Yaméogo, président de l'Assemblée constituante de Haute-Volta, et du Sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui évoque un Commonwealth à la française. Le président de l'Assemblée constituante fédérale est le Soudanais Modibo Keita, ses vice-présidents Maurice Yaméogo et Louis Guillabert.
Présentée par Doudou Thiam, la constitution est approuvée à l'unanimité par les 44 délégués des 4 États le 17 janvier 1959, puis adoptée par les Soudanais et les Sénégalais les 21 et 22 janvier, alors que la Haute-Volta et le Dahomey se retirent, dissuadés par la France et par la Côte d'Ivoire qui crée avec eux le Conseil de l'Entente.
Le 4 avril suivant, Senghor préside l’Assemblée fédérale du Mali qui modifie la constitution fédérale et désigne le président, le soudanais Modibo Keïta, et le vice-président, le sénégalais Mamadou Dia, du gouvernement fédéral, formé le 15 avril, avec 4 ministres de chacun des deux pays membres.
Le 15 mai 1959, de Gaulle reçoit Keïta à l'Élysée et reconnaît la Fédération du Mali au sein de la Communauté. Puis, le président français répond favorablement le 13 décembre devant l’Assemblée fédérale siégeant à Dakar, à la requête de transfert des pouvoirs de la communauté à la Fédération formulée le 29 septembre précédent. Les négociations ouvertes à l'hôtel Matignon le 18 janvier 1960 aboutissent à la signature le 4 avril des accords sur l'indépendance de la Fédération, proclamée officiellement le 20 juin 1960 à minuit à l'Assemblée fédérale, par son président Léopold Sédar Senghor.