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Le Mali sous Moussa Traoré : REPERES charge le régime de GMT
Publié le lundi 26 septembre 2016  |  L’aube
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© aBamako.com par as
Audience et départ du président de la République Fédérale du Nigeria Goodluck Jonathan.
20/10/12. Bamako. Hotel Radisson. L`ancien président du Mali Général Moussa Traore arrivant a l`hotel Radisson.
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Après le droit de réponse de l’Association REPERES paru dans L’Aube n°813 du lundi 11 juillet 2016 en réaction à une réplique des auteurs du livre « Le Mali sous Moussa Traoré », publiée dans L’Aube 807 du lundi 13 juin 2016, les « Répèristes » reviennent à la charge dans une longue réponse (signée IG Maïga) qui remet sur la table le débat d’idées suscité par ce livre. La polémique enfle. A qui le dernier mot ? Bonne lecture !

« A l’Association REPERES, nous sommes convaincus que le débat ainsi engagé est purement et simplement alimentaire et soutenu par reconnaissance du ventre. Ce qui explique que le débat tourne autour des accords monétaires de 1967 et de l’existence ou non d’un Ministère de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat.

Du Ministère de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat



Nous maintenons que le Ministère de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat a incontestablement existé pendant le règne de l’US RDA et que Lamine SOW en était le Ministre.

Concernant les accords de 1967

Nous sommes convaincus, nous le disons et soutenons ardemment, n’en déplaise aux falsificateurs de l’histoire, qu’il y a eu une trahison domestique et que la révélation a été faite par le Ministre des Finances du Gouvernement de Modibo Keita (US RDA) Louis Nègre et aussi membre de la délégation, lors de la conférence des cadres organisée par le CMLN en 1969 en ces termes : « les accords monétaires franco-maliens signés en 1967 n’étaient pas économiques, c’était purement politique : il y avait un géant à mettre à genou et c’est chose faite ».

La confirmation sera donnée et soutenue plus tard par Oumar Coulibaly, Ministre de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat (1984-1986) que nous citons, sous le contrôle de Amadou Daouda Diallo, co-auteur du livre intitulé le Mali sous Moussa Traoré, qui de son côté aussi affirme que les accords monétaires signés en 1967 n’étaient pas économiques et que les membres de la délégation ont été très légers en acceptant sans discussion les propositions faites par la partie française.

Et l’interpellation des membres de la délégation à l’Assemblée Nationale du Mali pour s’expliquer sur le bien-fondé de la dévaluation confirme la thèse de la trahison.



Bakara Diallo n’a jamais été membre de la délégation

Parlant d’homme de confiance, il faut savoir que tous les membres de la délégation ont mérité d’une confiance certaine. Ce qui a justement prévalu à leur nomination aux différents postes de responsabilité qu’ils occupaient et a aussi milité en leur faveur pour faire partie de la mission.

Le Président Modibo Keita ne pouvait avoir un homme de confiance pour cette mission mieux que le chef de la délégation en personne qui est son ami intime de longue date. Ensemble, ils ont combattu ; ensemble, en 1943, ils ont publié dans les journaux progressistes français des articles rédigés le sous le pseudonyme « L’Œil de Kénédougou » dans lequel, ensemble, ils ont critiqué le pouvoir colonial.

Il est aussi aisé de constater que la plupart des membres de la délégation ont reçu la récompense d’être reconduits comme Ministres CMLN.



Liquidation des Sociétés et Entreprises d’Etat

A l’Association REPERES, nous soutenons que le régime de l’US RDA a bel et bien créé des Sociétés et Entreprises d’Etat et que celles-ci n’ont pas été liquidées selon le passage du discours du Président Modibo Keita que vous citez et interprétez en votre manière, mais plutôt sur la base du rapport PA, un Bureau Français sollicité en 1981 par le Gouvernement de Moussa Traoré pour ce faire.

Il s’agit entre autre de :

1-AIR MALI : Transports aériens

2-SOMIEX : Distribution alimentaire

3-SONATAM : Fabrique de tabacs cigarettes et allumettes

4-COMATEX : Filature et tissage

5-EMAB : Scierie fabrique de meubles

6-LIBRAIRIE POPULAIRE DU MALI : Importation et distribution de livres, matériel de bureau et fournitures scolaires.

7-PHAMACIE POPULAIRE DU MALI : Importation et distribution de produits pharmaceutiques

8-SOCORAM : Montage et négoce d’appareils électriques ménagers, radios et climatiseurs

9-SOCIETE DES HOTELLERIES DU MALI : Gestion d’hôtels

10-SONETRA : Travaux publics et bâtiments qui a à son actif les travaux de construction du Stade Omnisports Modibo Keita

11-SEMA : Gestion immobilière, bureau d’études et prêt à l’habitat

12-SEPOM : Société d’Exploitation des Produits oléagineux du Mali et dérivés

13-CMTR : Transports marchandises voyageurs et transit

14-OPAM : Office des Produits agricoles du Mali

15-SOCIMA : Cimenterie

16-UCEMA : Fabrique de vaisselle, sanitaire, carrelage, chaux et base pour peinture

17-SOCOMA /SOCAM : Fabrique de concentré de tomate et jus de fruits

18-BDM : Banque de développement du Mali

19-TAMALI : Tannage, fabrique objets en cuir

20-EDIM : Imprimerie, édition et reliure

21-OCINAM : Gestion des salles de cinéma

23-SOMBEPEC : Société malienne du Bétail, des Peaux et cuirs

24- SONEA : Société Nationale de l’exploitation des abattoirs et annexes

25-SCAER/SMECMA : Crédits et Matériels Agricoles

26-SCINFOMA : Production Cinématographique

27-EMCOM : Construction et outillage Mécanique

28 TUB : Transport Urbain de Bamako

29- Les Abattoirs frigorifiques

30- SONAREM : Société nationale de Recherche et d’Exploitation minières

31- Usine thé Farako

32- Sucrerie de Dougabougou

33-ACM : Ateliers et chantier du Mali

34-SEPAM : Société d’exportation des produits animaux

Pendant que la liquidation de la Société Nationale AIR MALI qui faisait la fierté du Mali et de toute l’Afrique était programmée, se créait une compagnie aérienne STA avec SABAGUE comme Gérant, et comme seule flotte l’avion de commandement de Moussa Traoré, un BEA 146. Il faut noter aussi que SABAGUE ne payait ni Kérosène qui était au compte de l’Armée Malienne, ni le personnel, ni aucune autre charge, le tout étant au compte du budget national. SABAGUE se contentait tout simplement de vendre les billets et de prélever les 20 % qui lui revenaient sur le prix de vente des billets. L’avion ainsi exploité l’était avec des documents au nom du gouvernement malien.

Et, c’est ce que le colonel Youssouf Traoré, membre du CMLN, a dénoncé avec véhémence en ces termes : « Que dire des 23 ans de mensonge, de pillage économique et de dictature sanguinaire du régime militaire symbolisé par le pouvoir personnel. En vérité, le 26 Mars, dans le cœur du peuple martyr, l’armée n’avait plus aucun crédit.

Les conséquences désastreuses de l’entrée de notre pays dans l’UMOA en juin 1974, de la fermeture de certaines sociétés et entreprises d’Etat, le licenciement abusif de milliers de travailleurs et de l’intervention du FMI et de la Banque mondiale résultent essentiellement de la gabegie organisée et du pillage des caisses de l’Etat de 1973 à 1980 sous la responsabilité personnelle du général Moussa Traoré ».

En attendant la construction du barrage de Sélingué dont l’étude préliminaire a été confiée à Italconsult en 1964, suivie de celle de rentabilité en 1966, le Gouvernement de l’US RDA procéda à l’inauguration du barrage de Sotuba sur le Niger le 16 décembre 1966.

La liquidation de ces Sociétés et Entreprises d’Etat obéit à une volonté manifeste de ternir l’image du Président Modibo KEITA et du régime de l’US RDA. C’est raison pour laquelle, après le coup d’Etat du 19 Novembre 1968, le pouvoir militaire qui se met en place décide alors d’interdire à quiconque de faire allusion aux réussites de Modibo Keïta. Personne ne doit entretenir sa mémoire. Même prononcer son nom était un sacrilège. Le Président Modibo Keïta, père de l’indépendance du Mali, doit tomber dans l’oubli. Ce qui relève purement et simplement de l’utopie. Et l’histoire en décidera autrement.

A sa mort, le journal Jeune Afrique écrit : « Il se conduisait sans complexe, avec les dirigeants de l’Est et de l’Ouest qui venaient proposer de l’aide à son pays. Avec Modibo Keita à la tête du pays, aucun compromis n’était possible en ce qui concernait la souveraineté nationale, de cela, nous sommes sûrs. Seul entrait en ligne de compte l’intérêt du Mali … Socialiste par nécessité, progressiste à cause de la qualité de ses hommes, sa perte cause un grand tort au mouvement d’émancipation de l’Afrique ».

Vous dites « Le Mali sous Moussa Traoré », les grandes réalisations de l’UDPM, parti de développement, voilà encore que vous insultez la mémoire, l’honneur et la dignité des Maliens. Qu’est-ce que l’UDPM a développé pendant les 23 ans de son règne en dehors de la misère et la clochardisation de l’homme malien par le chômage et la dépravation des mœurs ?

Trois, voire quatre mois sans salaire et la liquidation des Sociétés et Entreprises d’Etat avec comme conséquences des milliers de pères de famille jetés dans la rue sans aucune ressource.

La très grande satisfaction du régime militaro fasciste CMLN/UDPM est d’avoir construit une route de 1200km en 23 ans, comme signe de désenclavement intérieur n’est que de la poudre aux yeux ; pendant ce temps à Bamako, la capitale, les routes étaient impraticables, d’où l’émission de l’ORTM animée par feu Gaoussou Thiéro et intitulée: « A Bamako, on n’évite pas les trous, on choisit son trou ».

Si vraiment l’UDPM avait fait des réalisations notables, le Secrétaire Politique Djibril Diallo en position de démission, n’aurait pas déclaré que le parti a atteint son seuil d’incompétence.



Concernant les différents évènements auxquels vous faites allusion

Par soucis d’informer les jeunes générations et de désillusionner ceux qui, en manque de repères, se plaisent dans la confusion et utilisent ces évènements comme fonds de commerce, nous répondrons sans détour à vos questions. Pour ce faire, nous plaçons ces événements sur deux périodes. C’est à dire les évènements survenus avant l’indépendance du Mali et ceux pendant le règne de l’US RDA.



Evènements avant l’indépendance du Mali

1) Sénateur Mamadou MBODGE

Le meurtre du Sénateur Mamadou M’Bodge a eu lieu le 02 Septembre 1958, sur la place de la République à Bagadadji, au cours d’un incident dans la rue avec des badauds. L’affaire a été portée devant la justice, qui était encore française. Une enquête a été menée par les services français ; aucun responsable même local de l’US RDA n’a été reconnu comme auteur ou complice du crime.

2) Affaire SAKOIBA

(Devoir de Mémoire Devoir de Vérité Amadou S. TRAORE pages 96 et suivantes)



Tentative de sécession sous la Loi Cadre : L’Affaire de Sakoïba

Chef du territoire : Gouverneur Gipoulon

Monsieur Jouanelle, administrateur français d’origine antillaise, était le commandant de cercle de Ségou.

Contrairement aux allégations calomnieuses et fallacieuses véhiculées par-ci, par-là, le village de Sakoïba n’a jamais été détruit, mais un quartier, il s’agit de Sakoïba Filala.

Cela dit, il faut expliquer ce qui s’est passé à Sakoïba et en dégager les leçons. Nous étions aux premiers mois de l’existence du Gouvernement de l’autonomie interne. C’était à l’époque où on mettait en place les organes dirigeants des sociétés mutuelles de développement rural (SMDR).

Contrairement aux principes du Parti en ces temps-là, Moussa Diarra, …, a décidé de faire acte de candidature personnelle, avec un argumentaire ethnocentriste. Il disait briguer le mandat de Président de la SMDR de Ségou parce que cela lui revenait de droit, car descendant d’une ethnie et d’une famille (Les N’Goloshi) ayant exercé le pouvoir à Ségou. Pour pimenter sa campagne électorale, il a embarqué dans une camionnette bâchée, le grand musicien Bazoumana Sissoko pour galvaniser les paysans et dire qu’il ne fallait pas hésiter à envisager la sécession et proclamer la “République de Ségou”. Un nouveau parti l’Union Démocratique Ségovienne (UDS) était créé pour cette fin. Parmi les morceaux de musique dont lui et ses supporters se sont servis, il y en avait de très dangereux politiquement comme par exemple celui qui consiste à désigner les nouvelles autorités du Soudan comme “une souris qui danse sur la peau du chat mort“. Dans cette imagerie, le pays tout entier était comparé à une souris et le pouvoir bamanan de Ségou…par un chat dont on déplorait la mort, un chat dont les descendants devaient laver l’affront que commettait la souris.

Encore aujourd’hui, la plupart des auditeurs de la Radiodiffusion Télévision malienne ignorent que date de cette action, le morceau de Bazoumana où il est dit en bamanankan : “n’i ye gninè sigilen y e jakuma golo kan, saya de ye monè yé. Jarakè bè Segu, Segu Jarakè bè Ségu” (traduction : Pour qu’une souris trône sur la peau du chat, il faut que la mort soit passée par là et ait créé les conditions de l’impunité…. Diarra est à Ségou. Le Diarra de Ségou est à Ségou !).

Il ne s’agissait de personne d’autre que de Moussa Diarra,…, qu’on rattachait ainsi au souvenir du Royaume bambara de Ségou, dans une connotation guerrière, pour allumer et entretenir une fougue combative chez les partisans d’un projet de domination des “N’Goloshi” sur Ségou.

Les villages du cercle de Ségou ont été sillonnés par des délégations porteuses de ce message. Le Gouvernement de la Loi-cadre a estimé que la situation était suffisamment grave pour nécessiter une enquête approfondie. N’était-on pas devant un véritable risque de rébellion ? Quelle différence avec la rébellion du Nord ?

C’est ainsi que le Commissaire de police, Yéli Doucouré, a été dépêché pour des enquêtes à Sakoïba. Il sera grièvement blessé ainsi que les deux agents qui l’accompagnaient. Il a été évacué sur l’hôpital de Markala.

Dramane, en a aussitôt informé Jean-Marie Koné, Vice-président du Gouvernement, et le Président Modibo Kéïta, qui lui ont demandé de suivre la situation et de les tenir informés. Deux heures plus tard, la nouvelle de la mort du Commissaire Yéli Doucouré est tombée. Modibo Keïta et Jean-Marie Koné ont demandé de surseoir à l’enterrement jusqu’à leur arrivée. Ils ont trouvé Dramane en cours de route : sa voiture avait heurté une vache. Ils l’ont embarqué et ils ont rejoint Ségou où ils ont personnellement assisté aux funérailles du Commissaire Yéli Doucouré et participé à la réunion du Bureau politique de Ségou convoquée pour la nuit. C’est là que fut prise la décision de raser le village et de déférer les meneurs. Modibo Keïta est rentré à Bamako et Jean-Marie Koné est resté pour superviser les opérations.

Tous les responsables de Ségou se sont transportés sur les lieux. On a soigneusement ramassé toutes les céréales qu’on a transportées à la SMDR ; on a conduit les animaux à la fourrière où ils ont été vendus et l’argent déposé à la SMDR. Et on a rasé les paillotes, mais il n’y a eu ni mort d’homme, ni blessés par la population du village qui s’est dispersée à travers champs.

Péléka alias Abdoul Wahab, qui était le principal supporter de Moussa Diarra, alerté que les jeunes vont incendier sa maison, se précipita chez lui, s’empara de son fusil de chasse et d’un important lot de cartouches avant de monter sur la terrasse de sa maison en position de résistance. Son ami, Mamadou Diarra, est venu le dissuader de tirer sur la foule. Il ne l’a pas écouté et il a tiré, tuant Tiémoko Bâ et Souleymane Traoré de Balamoussala et blessant plusieurs personnes. Son ami avança vers lui avec des paroles apaisantes. Il a proféré des menaces et, finalement, a abattu son ami à bout portant. La Gendarmerie est intervenue et Abdoul Wahab a été neutralisé.

Voilà en bref, relatée l’affaire dite de Sakoïba qui a enregistré l’assassinat du commissaire Yéli Doucouré, en mission, par les partisans de Moussa Diarra.

Vous comprendrez que s’il y a eu des morts à Sakoïba, ce n’est assurément pas de la part des forces de l’ordre, mais plutôt de la part des partisans de Moussa Diarra.



Evènements survenus après l’indépendance du Mali

1) Affaire Fily Dabo Sissoko, Kassoum Touré et Hamadoun Dicko

Contrairement aux rumeurs tendancieuses et fallacieuses véhiculées çà et là, Fily Dabo Sissoko, Kassoum Touré et Hamadoun Dicko n’étaient pas des opposants politiques. Leur arrestation, tant instrumentalisée, n’était, non plus, pas due au fait qu’ils étaient opposés à l’US RDA. Ils étaient tous militants de ce parti qui a conduit le Mali à l’indépendance. Nous nous ferons le devoir de publier la lettre de ralliement de Fily Dabo Sissoko et celle d’adhésion de Hamadoun Dicko (NB : malheureusement, faute de place, nous n’avons pu publier les fac-similés les dites lettres).

Kassoum Touré, dès les premiers pas de l’US RDA, était un des rares commerçants à adhérer au parti.

Leur arrestation est due au fait d’avoir organisé une manifestation au cours de laquelle le Drapeau et le Franc maliens ont été piétinés et déchirés devant l’Ambassade de la France aux cris de « Vive la France », « A bas le Mali », « A bas le Franc malien » et leur mort tant instrumentalisé, semble être réellement le seul fait reproché au régime de l’US RDA de 1960 à 1968.

Pour preuve, Fily Dabo Sissoko a assisté au congrès extraordinaire de l’US RDA, tenu le 22 Septembre 1960, au cours duquel l’indépendance du Mali a été proclamée et Fily Dabo Sissoko a marché aux côtés du Président Modibo Keita du Lycée Technique à l’Assemblée Nationale pour apporter le message aux Députés.

Compte tenu de leur passé politique, le Président Modibo Keita a nommé Fily Dabo Sissoko et Hamadoun Dicko, Conseillers Spéciaux au Ministère de l’Education Nationale et à la Présidence de la République, avec tous les honneurs dus à leur rang. A ce titre, ils conservent tous les avantages acquis en tant que Députés pour le compte de la France et perçoivent en même temps les avantages liés à leur nouvelle fonction au Mali. Ils ne sont non plus pas liés aux contraintes du service c’est-à-dire qu’ils peuvent se rendre au bureau quand ils le veulent et comme ils le veulent ou même rester à la maison. Tel a été le vœu du Président Modibo Keita.



Circonstances de la mort de Fily et ses compagnons

(cf. La mort de Fily Dabo Sissoko et de ses compagnons, Par Amadou Seydou Traoré)

Il faut rappeler que les unités de l’armée nationale faisaient alors face surtout entre 1962 et 1964, à une rébellion de tribus touarègues ; ce mouvement n’était pas sans lien avec les tentatives françaises de création d’une soi-disant OCRS (Organisation Commune des Régions Sahariennes) qui prétendait pouvoir détacher de l’Algérie, du Tchad, du Mali et du Niger des zones dont le sous-sol était prometteur des richesses minières. Des services secrets étrangers faisaient miroiter aux yeux des chefs tribus nomades l’espoir, après le départ de la puissance coloniale, de ne « pas être commandés par des noirs ». Pour affaiblir l’Etat malien, des tentatives de libération des prisonniers étaient signalées, ce qui obligeait à leurs déplacements fréquents pour déjouer des plans d’attaque éventuels. C’est au cours d’un des déplacements que le convoi de garde des détenus tomba dans une embuscade tendue par des éléments nomades.

Le 1er Août 1964, un communiqué du bureau Politique National était diffusé. Concernant les circonstances dans lesquelles les 3 détenus : Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré ont trouvé la mort, une lettre du Gouverneur de la Région de Gao, transmettant une correspondance du commandement militaire du cercle de Kidal, fait la relation suivante : « alors que le camion d’escorte des détenus du 20 Juillet se portait de TADJOUJMET à BOUREM, il tomba dans une embuscade rebelle du genre de celle que je vous avais signalée quelques jours auparavant sur la même route. Dès l’ouverture du feu rebelle sur les véhicules roulant à vive allure, Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré se sont projetés d’’un même élan du véhicule sur un signal du sieur Hamadou Dicko. Aussitôt après les manœuvres de dégagement du convoi sous le feu de l’ennemi, des recherches devaient aboutir à la découverte de corps des 3 détenus tués sur le coup. En raison de la distance et du délai écoulé quand la nouvelle fut portée à ma connaissance, j’ai ordonné l’inhumation sur les lieux de l’embuscade tout comme pour l’officier et les soldats tués dans le même secteur ». Signalons que l’officier en question était le lieutenant Konoba Kourouma dont le stade de Kidal porte le nom, encore aujourd’hui.



L’entrée en jeu du CMLN

Après le coup d’Etat militaire de 1968, à l’initiative probable d’amis politiques et de parents de Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré, à coup sûr après l’exigence revancharde de tous ceux qui, CMLN compris, voulaient « enterrer définitivement l’US RDA », une enquête fut entreprise sur les circonstances de leur mort. Certains de nos camarades détenus sans jugement dans le nord furent extirpés de leurs geôles, ramenés à Bamako et soumis à des interrogatoires sur ce qu’ils étaient censés savoir de la mort des condamnés de Juillet 1962. C’est ainsi que furent longuement entendus notamment Ousmane Bâ, Mamadou Diakité, Bakara Diallo ainsi que des officiers, les 3 premiers probablement parce qu’ils occupaient en 1964, les fonctions respectives de Ministre des Affaires Etrangères, de la Défense Nationale et du Gouverneur de la Région de Gao. Ils furent un jour ramenés dans leur lieu de détention, et s’entendirent dire que le dossier était refermé.



2) Affaire Mamadou Faïnké

Mamadou Faïnké était un fonctionnaire en service à la Perception de Djenné qui venait d’être muté à la Direction du Budget à Koulouba.

Il était non seulement mécontent d’être muté, mais aussi craignait une éventuelle inspection à Djenné qui pourrait le compromettre ; donc il lui fallait à tout prix distraire l’opinion et se faire passer pour une victime. C’est ainsi qu’il a imagé l’idée de créer un parti politique à la veille des élections législatives du 14 Avril 1964. (cf. Patriote n°367 du 11 mai 2010 et 368 du 26 mai 2010).

Faïnké avait élaboré les statuts de son futur parti en s’inspirant d’un modèle dont il s’était procuré chez Moussa Sissoko qui ignorait sa déclaration d’intention et à qui il n’avait pas avoué son projet.

Le 25 Mars 1964, ces statuts ont été déposés au Ministère de l’Intérieur et au parquet. Le lendemain 26 Mars 1964, dans l’après-midi, monsieur Faïnké est convoqué par le Ministre de l’Intérieur pour l’accusé verbalement de réception de statuts et lui indiquer les autres pièces à fournir conformément à l’Ordonnance 41bis du 29 Mars 1959 publiée au journal officiel de la République Soudanaise du 1er avril 1959. Ces autres pièces demandées à monsieur Faïnké étaient le procès-verbal d’assemblée générale constitutive du parti, la liste des membres du comité directeur et la déclaration du siège du parti………

Monsieur Allaye Sow a profité du voyage de Monsieur Pala Diankoumba dans son village pour lui remettre deux exemplaires des statuts en lui chargeant de les faire voir à Tiambal Bocoum à Djenné et à Amadou Cissé à Mopti. Il a profité également du déplacement de Cheick Diarra pendant les vacances de pâques à Bobo Dioulasso pour lui demander de faire polycopier les statuts.

…….Après le retour du pèlerinage à la Mecque de Monsieur Diadié Coulibaly, Allaye lui a fait cas des difficultés de Faïnké pour constituer le dossier, car il lui manquait surtout la liste des membres du Bureau directeur. A eux deux, ils ont fait un projet de liste comprenant des amis et camarades absents. Après protestation des premiers qui ont été touchés, cette liste a été détruite le même jour.

Les résultats des contacts d’Allaye ont été ceci : ni Nouhoum Garango, ni Adama Diallo, ni Nouhoum Diallo dit Thiambal à Djenné, ni Ahmad Cissé à Mopti, ni Idrissa Sidibé de Koutiala, n’ont été favorables à la création du nouveau parti.

Il est aisé de comprendre ici que malgré les directives reçues du Ministre de l’Intérieur, Mamadou Faïnké n’a non seulement pas respecté les textes, mais a continué son œuvre de déstabilisation et de trouble à l’ordre publique.



3) -L’affaire de Ouélessébougou

(Voir le livre Devoir de mémoire Devoir de vérité d’Amadou S. Traoré page 395 et suivantes)

Les fonctionnaires ressortissants de Ouélessébougou, résidents à Bamako, ont poussé la population à la désobéissance civile dans le but de contester le Secrétaire Général de la Sous-Section et Député à l’Assemblée Nationale qu’ils qualifient d’étranger. Pour ce faire, des réunions préparatoires clandestines sont tenues respectivement au Badialan II au domicile de Siaka Bagayogo et celui de Baga Samaké qui souvent supervisait les opérations.

Les tractations ont duré du 04 Janvier 1968 au 21 Juin 1968 pour aboutir aux évènements suivants :

« 21 Juin 1968 : depuis 4h du matin, les gens ont commencé à s’attrouper devant les bureaux de l’Arrondissement .Vers 11h, la troupe comptait près de 300 personnes. Ces agitateurs ont exigé que le Chef d’Arrondissement leur rende Daman (un agitateur arrêté par le Chef d’Arrondissement). Vu la gravité de l’heure, le Chef du Centre d’Animation Rurale (CAR) a eu recours à un contingent de 25 jeunes du Service civique. Dès que ces jeunes ont fait leur apparition, l’émeute commença. Les rafales de pierres obligèrent le service d’ordre à se replier, dans le bureau du Chef d’Arrondissement et à tirer en l’air pour faire déguerpir les manifestants. Ces derniers coupèrent les fils téléphoniques entre l’Arrondissement et la poste, puis entre l’Arrondissement et Bamako. Ils oublièrent de faire la même chose entre la poste et Bougouni. C’est par là que le Gérant entra en contact avec la gendarmerie de Bougouni, qui avisera Bamako. Les mêmes manifestants avaient bloqué la circulation routière du coté de Bamako et de Bougouni, isolant Ouélessébougou et sûrs de vaincre grâce à leur nombre. Comme les tirs en l’air ne les effraient pas, ils croyaient que c’étaient des tirs à blanc ; ils criblèrent l’arrondissement de coups de cailloux et d’armes blanches. Certains commencèrent à tailler les battants et le mur pour les défoncer et pénétrer, hurlant qu’il faut en finir avec Idrissa et le Chef d’Arrondissement. Les éléments du service civique, vu le danger qui les menaçait, ont commencé à tirer sur le sol. Les balles ricochèrent au sol : un manifestant touché au cou tomba net et mourut sur-le-champ ; un autre fut atteint à la cuisse et cria ; un troisième fut de même blessé à la jambe ; le quatrième eut également la cuisse broyée (il perdit tout son sang et mourut environ 2 h après).

Ayant appris qu’il avait des balles, la panique s’empara des émeutiers, et ce fut la débandade, chacun fuyant de son côté, abandonnant chaussures et bonnets sur le pavé. La bataille était finie au moins une demi-heure avant l’arrivée du convoi armé envoyé par Bamako. Ces éléments n’ont donc tiré aucun coup de feu ; ils se sont contentés d’arrêter tous les hommes qu’ils ont vus errer dans le village, pour les besoins de l’enquête».

Les fonctionnaires reconnus coupables sont Baga Samaké, Kariba Bagayogo, professeur, Sibiry Camara, médecin, Saka Bagayogo, François Samaké, Gaoussou Samaké, Morimoussa Samaké.

Le procès était prévu pour le Vendredi 22 Novembre 1968 à Ouélessébougou en session foraine. Le Président du Tribunal avait reçu la consigne de les libérer tous après des mises en garde sévères.

Le coup d’Etat du 19 Novembre 1968 est survenu et la bonne foi de les mettre en liberté ne pouvait plus être évidente.

Gloser longuement sur le tribunal populaire concernant le jugement de Fily Dabo Sissoko, Kassoum Touré et Hamadoun Dicko ; taire volontairement toute allusion à cet autre tribunal appelé Cour spéciale de sureté de l’Etat, qui a jugé et condamné le groupe de Diby Sylas Diarra, est pour le moins une aberration.

Peut-on parler de conditions dégradantes et taire volontairement celles inhumaines, amorales et déshumanisantes, avec leur cortège de souffrances et de privations de toutes sortes ( visites et assistance médicale ) pendant 09 ans de détention sans jugement, que le régime militaro-fasciste CMNL/UDPM sous la responsabilité de Moussa Traoré a fait subir à Madame Modibo, Mariam Travélé ?

Le dernier acte, cynique, inhumain et amoral et contraire à toutes nos valeurs sociétales, posé par le régime UDPM, a consisté non seulement à interdire à Madame Modibo KEITA le port de la tenue de veuvage, comme il est de coutume chez nous. Mieux, à l’interner dans la cellule où son mari a rendu l’âme…

I. G. MAIGA

ASSOCIATION REPERES

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