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Guerre à Kidal : le secrétaire général du GATIA fait des révélations
Publié le lundi 26 septembre 2016  |  Le Procès Verbal
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse des élus de Ménaka.
Bamako, le 30 avril 2015 les élus de Ménaka ont tenu une conférence de presse sur la situation de Ménaka au CICB.
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Dans un entretien à bâtons rompus qu’il nous a accordé, Fahad Almahmoud donne quelques éclaircissements sur le drame du nord.

Parlant de la situation qui prévaut à Kidal, Fhad fait un bref rappel des faits. Il dira qu’à partir du 11 août dernier, le Haut Représentant du président de la République pour la mise en œuvre des accords issus du processus d’Alger, a fait appel aux deux parties (CMA et GATIA) pour trouver une solution au conflit qui les oppose. Une rencontre a donc lieu en présence de la communauté internationale et de la MINUSMA.

Sur la situation militaire à Kidal

Fahad fait remarquer que le conflit qui oppose le GATIA et la CMA à Kidal a un lien avec leur statut sociologique: le GATIA est formé de Touaregs Imghads et la CMA de Touaregs Ifoghas et leurs relations n’ont pas été prises en compte par les accords d’Alger. Selon Fahad, le GATIA a tout fait pour que problème soit discuté dans le cadre des accords mais que la CMA, toute-puissante à l’époque des négociations, s’y est opposée. La récente médiation entreprise à l’initiative du Haut Représentant du président de la République a été interrompue à cause de la Tabaski. En attendant, il a été demandé au GATIA et à la CMA un cessez-le-feu. « Mais dans la nuit du 15 au 16 septembre 2016, deux membres du GATIA ont été kidnappés par des combattants de la CMA à Intassedaït. Une patrouille du GATIA a été envoyée pour savoir ce qui se passe. Elle a essuyé des tirs de la CMA, ce qui a entraîné une reprise des hostilités », explique notre interlocuteur.

Fahad souligne la supériorité militaire du GATIA. Il affirme que la CMA a été contrainte d’abandonner, sans combat, de multiples positions. Le Comité des suivi des accords s’est alors réuni le mercredi 21 septembre à l’ex-CRESS de Badalabougou, Bamako. A l’issue de cette rencontre, la communauté internationale a demandé que le problème communautaire de Kidal soit résolu entre Maliens, qu’elle n’a pas mandat de s’en mêler et qu’elle se contentera de protéger les populations civiles contre d’éventuelles exactions.

Sur le détournement de l’aide humanitaire par la CMA et la partialité de la MINUSMA

Que pense Fahad du communiqué en date du 20 septembre où la MINUSMA l’accuse d’avoir violé les droits de l’homme en empêchant l’acheminement d’aides humanitaires à Kidal ? Notre interlocuteur s’inscrit ren faux contre ces allégations. Il soutient que la MINUSMA cherche des poux dans la tête du GATIA car elle s’est rendu compte que la CMA a perdu toute capacité de combattre militairement le mouvement armé des Imghads. Selon Fahad, l’aide humanitaire est gérée à Kidal par une commission mise en place en 2012 par le groupe islamiste « Ansar Dine ».

« Lorsque la force française Serval a ramené le MNLA sur place, la commission a été élargie à deux ou trois représentants de ce groupe, mais la gestion reste la même. Nous avons découvert qu’au lieu de distribuer l’aide aux populations, celle-ci, une fois à Kidal, est divisée en trois parties: un tiers pour les membres de la commission, un tiers pour les groupes armés présents à Kidal, et l’autre tiers pour les populations civiles qui, d’ailleurs, se limitaient aux familles des responsables de la CMA, à l’exclusion des Imghads, pourtant majoritaires dans la ville. Ainsi, à Kidal, les Imghads n’ont jamais bénéficié de cette aide. Toutes les pharmacies locales sont la propriété des dirigeants de la CMA: elles sont ravitaillées avec des produits issus de l’aide dite humanitaire et les médicaments sont ensuite vendus aux populations qui étaient censées les acquérir gratuitement.

De plus, les recrutements du personnel des ONG et de la MUNISMA se font sur recommandations des leaders d’Ançar Dine et de la CMA. Tout dernièrement un employé de la Croix Rouge a été arrêté par la force française Barkhane en pleine préparation d’un attentat à Abeïbara ! Des employés de la MUNISMA donnent les coordonnés de notre groupe pour que la CMA puissent nous bombarder de roquettes. Nos parents Imghads ne sont pas recrutés ni par la MUNISMA, ni par les ONG à Kidal…

A partir du 22 juillet 2016, l’écrasante majorité des populations civiles ont commencé à quitter Kidal. La Plateforme à laquelle nous appartenons a distribué 500.000 tonnes de vivres à ces déplacés, sans distinction d’ethnie. Je suis allé voir le PAM (Programme Alimentaire Mondial) afin d’obtenir l’allocation d’une aide humanitaire régulière aux déplacés. J’ai offert de sécuriser les convois d’aide depuis Gao car si l’aide était remise au Comité de gestion de Kidal, elle n’arriverait jamais aux populations bénéficiaires. Le PAM a accepté ma proposition. Il s’est engagé à appeler le GATIA chaque fois qu’un convoi devait acheminer de l’aide aux déplacés et réfugiés. Il était aussi convenu que la distribution de l’aide allait commencer par Anefis et Tessit avant de se poursuivre à Kidal.

A notre grande surprise, un convoie dit humanitaire du PAM a voulu directement se rendre à Kidal sans que le GATIA en soit informé. Nos combattants l’ont alors intercepté. J’ai été vraiment été déçu que cette interception soit interprétée par la communauté internationale comme une violation des droits de l’homme ! Elle fait semblant d’ignorer que les populations originaires de Kidal vivent aujourd’hui hors Kidal et que l’aide qui leur est destinée est détournée par la CMA et ses alliés ».

Sur les exactions contre les civils

« On nous accuse aussi d’avoir tué des populations civiles: à ma connaissance, toutes les personnes tuées de part et d’autre l’ont été lors des affrontements sur le terrain », explique Fahad. Il rappelle que dans le cercle de Bourem que le GATIA contrôle depuis 2014, vivent des Ifoghas qui ne se sont jamais plaints et qui cohabitent bien avec les Imghads. « Là, une seule fois on a poursuivi deux motocyclistes à partir d’un champ de bataille. Quand nos gens les ont atteints, ils ont brûlé les deux motos et laiçssé es deux Ifoghas sains et saufs. Ce fait a été constaté par la MUNISMA et à part cela, aucun incident ne s’est produit, contrairement à ce qui se raconte ».

Fahad Almahmoud croit savoir que le GATIA est aujourd’hui accusé comme l’était, dans un passé lointain, l’armée malienne. C’est-à-dire sur la base de faits inventés et tendancieux. Il invite la MINUSMA et la CMA à éviter toute diffamation contre son mouvement. Le secrétaire général du GATIA assène: « La communauté internationale sait que le GATIA a été le dernier à prendre les armes; elle sait qu’auparavant, les Imghads ont parcouru toute la planète afin de sensibiliser les décideurs aux exactions qu’ils subissaient. L’objectif du GATIA aujourd’hui, c’est justement d’empêcher ces exactions de se poursuivre. Malheureusement, la communauté internationale ne se préoccupe que des seules plaintes de la CMA. Or, les civils de Kidal sont majoritairement des Imghads que nous voulons protéger contre la CMA ».

Abdoulaye Koné
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