Largage de légionnaires de nuit, de sapeurs et de leur matériel à l'aube, "posers d'assaut" : l'armée française montre au Mali toute sa palette d'opérations aéroportées (OAP), un savoir-faire qu'elle est l'un des rares pays au monde à maîtriser, estiment des experts.
A quatre reprises, entre le 28 janvier et le 9 février, quatre OAP ont été menées dans le nord du Mali, selon les informations diffusées sur le site du ministère de la Défense.
Dans la nuit du 28 janvier, 250 légionnaires du 2ème régiment étranger de parachutistes (REP), venant d'Abidjan, sont largués au nord de Tombouctou, la première opération d'ampleur de ce type depuis le saut de 360 hommes du 8ème régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) sur le Kosovo en octobre 2004.
La nuit suivante, des sapeurs du 17ème régiment du génie parachutiste (RGP) sont parachutés au-dessus de l'aéroport de Tombouctou pour évaluer l'état de la piste en vue de sa réhabilitation.
Dans la nuit du 7 au 8 février, des commandos des forces spéciales sont parachutés sur l'aéroport de Tessalit afin de sécuriser la piste pour permettre un poser d'assaut d'une cinquantaine de soldats du 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP), venus de Kidal. Un poser d'assaut permet de décharger d'un Transall en quelques minutes des soldats et/ou du matériel sur la piste suivi d'un redécollage immédiat.
Le samedi 9 février à l'aube, 10 sapeurs parachutistes et près de 14 tonnes de matériel (engin de terrassement, groupe électrogène, ...) sont largués au-dessus de l'aéroport de Tessalit. Quelques minutes plus tard, les sapeurs commencent à effacer les buttes de terre qui entravaient la piste en plusieurs endroits.
Pour le général Vincent Desportes, ex-chef de l'Ecole de guerre, l'armée française est "l'une des seules armées à savoir pratiquer des opérations aéroportées". La prise de l'aéroport de Tombouctou par les forces spéciales et le largage dans le même temps de 250 légionnaires à quelques km de là a permis de "boucler la zone très rapidement", dit-il à l'AFP.
Les OAP, savoir-faire maîtrisé "seulement par les Américains (82ème Airborne), les Russes et les Français" assurent "l'effet de surprise", confirme le général Henri Poncet, ancien commandant de la Brigade parachutiste (BP) et du Commandement des opérations spéciales (COS).
Les hommes et le matériel sont largués, explique le général Poncet, soit sur une zone déjà balisée, soit sur une zone qui va l'être. Des chuteurs opérationnels s'infiltrent sur la zone prévue (aéroport) en dérivant sous voile jusqu'à 50 km ou en étant largués à 150 mètres d'altitude.
Une fois au sol, ils guident les pilotes de Transall C-160 ou d'Hercules C-130 par radio et avec une "lampe-mitraillette" qui émet des signaux de reconnaissance invisibles depuis le sol. Les avions de transport peuvent ensuite, soit larguer parachutistes et matériels, soit les débarquer au sol lors d'un poser d'assaut.
"On peut maintenant larguer avec une très grande précision et une très grande sécurité des matériels lourds de plusieurs tonnes grâce aux progrès qui ont été faits sur les voilures", ajoute le général Desportes, relevant que le largage d'un tracto-chargeur (engin de levage), comme à Tessalit, "n'avait pas été fait depuis longtemps".
Les matériels lourds sont conditionnés actuellement sur une base d'OAP installée à Abidjan, dit au blog Secret Défense le général Patrice Paulet, commandant les huit régiments et les 7.500 hommes de la Brigade parachutiste.