Le 19 septembre 2016, la porte dite « secrète » de la mosquée Sidi Yahia de Tombouctou a été réinstallée et inaugurée par les communautés locales en présence de la Représentante Spéciale Adjointe de la MINUSMA et Coordinatrice Résidente des actions humanitaires au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe.
La porte datant du XVème siècle avait été détruite le 2 juillet 2012 par des membres d’un groupe extrémiste armé. Elle a été restaurée par les artisans locaux dans le cadre du programme de réhabilitation des patrimoines endommagés du nord du Mali coordonné par le Ministère de la Culture et l’UNESCO, et auquel la MINUSMA apporte son soutien depuis trois ans.
La délégation venue assister à cette cérémonie devant la mosquée Sidi Yahia, grâce à l’appui logistique et sécuritaire de la MINUSMA, était notamment composée du Secrétaire Général du Ministère de la Culture, M. Andogoly Guindo, du Représentant de l’UNESCO au Mali, M. Lazare Eloundou, et de l’ambassadeur de l’Union Européenne, M. Alain Holleville.
Soulignant le mandat de la Mission de maintien de la paix au Mali, la toute première à laquelle a été confiée la tâche d’appuyer les autorités à la sauvegarde du patrimoine culturel en collaboration avec l’UNESCO, en vertu de la résolution 2295, la Représentante Spéciale Adjointe de la MINUSMA, Mme Gasarabwe, a ainsi salué l’immense travail entrepris par la communauté tombouctienne: « Je tiens à féliciter la communauté elle-même, qui a œuvré pour la réparation des dommages qui lui ont été causés et pour retisser la grande cohésion qui a de tous temps caractérisée la ville carrefour de Tombouctou ».
Elle a également attiré l’attention sur les efforts du système onusien en faveur de la réconciliation, de la cohésion sociale et du vivre ensemble, afin d’aider le peuple du Mali à poursuivre son chemin sur la voie de la paix et de la tolérance, dans l’esprit des « Accords pour la paix et la réconciliation » signés les 15 Mai et 20 juin 2015.
Tout comme les autres monuments détruits et vandalisés pendant la période d’occupation de la ville en 2012, cette porte représente un précieux témoignage des savoirs faire et traditions orales de la ville. Les travaux de réhabilitation de la mosquée, démarrés en juillet 2016, ont permis de confirmer que la présence de sépultures était à l’origine de la tradition orale portant sur l’interdiction faite à quiconque d’ouvrir cette porte. Sa destruction a fait partie de la stratégie des occupants qui ont tenté d’annihiler l’identité et la culture des habitants de Tombouctou. C’est précisément pour le respect de la connaissance des valeurs ancestrales, de la paix, de la tolérance et des diversités que “L’ONU poursuivra son appui aux autorités et à la société civile pour sauvegarder l’identité de la ville des 333 saints”, a expliqué Mme Gasarabwe, avant d’ajouter : “Nous souhaitons que la réinstallation de cette porte et sa fermeture permettent aux habitants de retrouver la paix dans leurs cœurs”.
Un souhait qui semble avoir été exaucé, d’après l’imam de la Mosquée Sidi Yahia. Ce dernier n’a pas caché sa satisfaction et a exprimé sa profonde gratitude envers les partenaires qui ont soutenu la réhabilitation et la réinstallation de la porte secrète. “Si la destruction de la porte secrète a été un traumatisme profond pour nous, aujourd’hui sa réhabilitation devient un soulagement pour tous. Nous remercions la MINUSMA et l’UNESCO pour les efforts consentis en faveur de la protection et de la promotion du patrimoine culturel”, a déclaré M. Alphadi Bagnon Wangara.
“Promouvoir la culture comme facteur de réconciliation et de paix durable”
Depuis trois ans, la Mission onusienne a démontré un fort engagement à la protection et la réhabilitation des sites culturels maliens. Aussi, durant cette tournée à Tombouctou, la délégation a visité les mausolées du cimetière des trois saints et la bibliothèque familiale privée de manuscrits anciens Al-Wangari, dont la famille propriétaire est affiliée au saint Sidi Yahia. Cette dernière a été rénovée en 2015 avec deux autres bibliothèques dans le cadre d’un Projet à Impact Rapide (QIP) financé par la MINUSMA à hauteur de plus de 20 millions de francs CFA. Elle a ensuite été équipée avec huit autres bibliothèques par l’organisation non-gouvernementale SAVAMA-DCI qui réunit les détenteurs de manuscrits anciens. La MINUSMA a facilité l’équipement de ces neuf bibliothèques grâce au transport du matériel de Bamako à Tombouctou.
L'ambassadeur de l’Union Européenne, M. Alain Holleville, a également mentionné que la reconstruction des principaux sites culturels détruits lors de la crise de 2012 au Mali, fait partie des priorités de son institution. “Contribuer à la sauvegarde de l’inestimable patrimoine culturel malien est une manière de promouvoir la culture comme facteur de réconciliation et de paix durable”, a-t-il précisé. Le Représentant de l’UNESCO au Mali, M. Lazare Eloundou, a souligné la synergie d’actions des différents partenaires qui ont d’une part, permis la réhabilitation, depuis 2013, de 19 mausolées, et de bibliothèques ; d’autre part, le travail en cours de conservation, de catalogage et de numérisation d’au moins 400 000 mille manuscrits délocalisés à Bamako. “Nous continuerons de demeurer à vos côtés jusqu’à ce que tous les éléments de votre riche patrimoine culturel matériel et immatériel soient sauvegardés et utilisés comme cela a toujours été, depuis plus de 900 ans”, a-t-il assuré. En outre, il a annoncé que des études techniques sont en cours en vue du lancement des travaux de reconstruction du monument Al-Farouk, emblème du génie protecteur de la ville de Tombouctou, qui avait également fait partie de la vague de destruction sur le patrimoine culturel pendant la crise.
Clôturant la cérémonie d’inauguration, le Secrétaire général du Ministère de la Culture, M. Andogoly Guindo a remercié et salué l’accompagnement de la MINUSMA, de l’UNESCO, de la Coopération Suisse, et de l’Union Européenne dans le processus de reconstruction du patrimoine endommagé au Mali.