Paris - La destruction des mausolées de Tombouctou, au coeur du jugement rendu mardi par la Cour pénale internationale (CPI), s’inscrit dans une série de saccages de biens culturels commis par des groupes islamistes, du Mali à l’Afghanistan, en passant par la Syrie et l’Irak.
- Mali -
En 2012 à Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali, 14 mausolées de saints musulmans ont été détruits ou saccagés par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Ceux-ci ont dicté leur loi dans le Nord de mars-avril 2012 jusqu’au déclenchement, début 2013, d’une opération militaire internationale à l’initiative de la France.
"La Cité des 333 saints", inscrite par l’Unesco en 1988 au Patrimoine mondial de l’humanité, a été reclassée en 2012 comme Patrimoine mondial en péril.
De mars 2014 à juillet 2015, des travaux de reconstruction ont été réalisés dans le cadre d’un programme mis en oeuvre par l’Unesco et financé par plusieurs pays et institutions. En février 2016, la cité a repris possession de ses sanctuaires reconstruits à l’identique. Et le 19 septembre, une porte d’une mosquée de la ville, restaurée, a été réinstallée.
- Syrie -
Plus de 900 monuments ou sites archéologiques ont été abîmés ou détruits par le régime, les rebelles et les jihadistes en Syrie, depuis le début de la guerre en 2011, selon l’Association pour la protection de l’archéologie syrienne (APSA).
Depuis sa montée en puissance en 2014, le groupe Etat islamique (EI) a ravagé plusieurs sites, dont certains classés au Patrimoine mondial de l’Unesco.
L’EI s’en est notamment pris à la cité antique de Palmyre, pulvérisant à l’aide d’explosifs les deux temples de Bêl et Baalshamin, avant de détruire des tours funéraires et l’Arc de triomphe de la cité.
Il a aussi vandalisé le site archéologique assyrien de Tell Ajaja (est), mais également détruit et pillé les sites de Mari, Doura Europos, Apamée et autres.
Mais l’EI n’est pas le seul responsable des ravages subis par le patrimoine syrien, une grande partie des destructions ayant été provoquées par les combats à l’artillerie lourde. "Deux tiers de la vieille ville d’Alep ont été bombardés et incendiés", selon l’Unesco.
De leur côté, les forces du régime ont été accusées de commettre des pillages à Palmyre après sa reprise des mains de l’EI en mars.
- Irak -
En Irak, l’EI s’est livré à "un nettoyage culturel" en rasant une partie des vestiges de la Mésopotamie antique, selon l’ONU, ou en revendant des pièces au marché noir.
Des vidéos diffusées en 2015 ont montré des combattants de l’EI saccager des trésors pré-islamiques dans le musée de Mossoul, dans le Nord, ou détruire au bulldozer, à la pioche ou à l’explosif le site archéologique de Nimroud (près de Mossoul), joyau de l’empire assyrien fondé au XIIIe siècle.
Ils s’en sont aussi pris à Hatra, cité de la période romaine vieille de
plus de 2.000 ans (province de Ninive, nord).
- Libye -
Plusieurs mausolées ont été détruits à travers la Libye depuis le renversement de Kadhafi en 2011.
En 2012, des dizaines d’islamistes ont fait exploser un mausolée à Zliten, à l’est de Tripoli, le plus important en Libye, ainsi qu’un autre à Misrata.
En 2013, une attaque à l’explosif a visé un mausolée du 16e siècle à Tajoura, dans la banlieue de Tripoli, qui constituait un des plus anciens de la capitale.
- Afghanistan -
En mars 2001, le chef des taliban, le mollah Omar (décédé en 2013) a jugé "anti-islamiques" les deux bouddhas géants de Bamiyan (centre-est), trésors archéologiques vieux de plus de 1.500 ans, et ordonné leur destruction.
Usant d’obus et de roquettes, puis face à leur résistance, de dynamite, les islamistes ont mis 25 jours à les réduire en miettes.
En 2003, le site a été inscrit au Patrimoine de l’Unesco, ce qui a permis de consolider les niches où étaient installés les bouddhas et d’inventorier les vestiges.
- Algérie -
En Algérie, des groupes armés islamistes ont détruit dans les années 1990 de nombreux sanctuaires maraboutiques.