Les autorités ont pris certaines mesures permettant de contrôler la gestion des batteries usées et d’autres sources contenant du plomb
Le secteur des transports détient le triste record du pourcentage de dégradation de l’environnement. Cela s’explique par le nombre important de facteurs qu’il recèle. Les milliards d’engins roulants ou volants qui transportent les hommes et les marchandises dans le monde produisent des gaz polluants. Ils possèdent tous un dispositif d’alimentation électrique. C’est la batterie. Cette dernière contient du plomb, un métal lourd et très toxique pour l’environnement et la santé humaine.
Aujourd’hui, l’exploitation de ces batteries usagées pour en extraire le cuivre est une activité économique très lucrative. Le marché malien regorge d’une multitude d’acteurs qui exercent dans l’informel. Cette situation représente un danger pour les populations, car il n’existe aucune précaution pour gérer de façon écologiquement rationnelle ces déchets chimiques, explique Balla Sissoko, point focal de la convention sur les polluants organiques persistants (POps) à la Direction nationale de l’assainissement, du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN).
Conformément à la Convention de Bâle (Suisse) sur le mouvement transfrontalier des déchets dangereux et leur élimination, à laquelle notre pays est partie prenante et, la Convention de Bamako sur la gestion des déchets chimiques dans la zone UEMOA, le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable a pris une mesure règlementaire pour organiser le secteur. Il s’agit de l’arrêté n°2016-2637/MEDD-SG du 22 juillet 2016, portant réglementation de la gestion des batteries usagées et d’autres sources contenant du plomb, ainsi que de la récupération du cuivre en République du Mali.
Selon cette mesure, il est interdit à toute personne, physique ou morale de stocker, de transporter, de collecter, de manipuler, de traiter ou de recycler des batteries usagers et d’autres sources contenant du plomb. Il est aussi prohibé de récupérer du cuivre contenu dans différentes sources, sans l’autorisation de la DNACPN. Cette autorisation est assujettie au respect, par le demandeur, des dispositions de la réglementation en vigueur en matière de gestion des produits chimiques et des déchets dangereux.
Ainsi, tout demandeur d’autorisation doit respecter certaines conditions, selon le spécialiste. Il doit en effet, disposer de moyens de transport et de stockage jugés acceptables par la DNCPN et, d’équipements de protection individuelle répondant aux normes en la matière. Pour le recyclage et la valorisation, l’exploitant doit disposer d’installations conformes aux normes d’hygiène et de sécurité en vigueur, compte tenu de la spécificité des produits à manipuler.
En outre, le demandeur d’autorisation doit faire une évaluation environnementale et sociale ou une Notice d’impact environnemental et social (NIES). Il doit assurer la protection de son personnel en leur dotant d’équipements individuels de protection et assurer le suivi médical de son personnel tous les 6 mois. L’autorisation est aussi liée à la justification d’une maîtrise des processus de recyclage et la gestion des substances à recycler, conformément aux dispositions de la loi du 30 mai 2001 relative aux pollutions et aux nuisances et les conventions de Bamako et Bâle.
Une concurrence déloyale. L’arrêté indique que les installations de traitement des batteries usagées et d’autres sources contenant du plomb, de récupération du cuivre en République du Mali, doivent être approuvées après inspection par la DNACPN. Tout mouvement transfrontalier de ces batteries et d’autres sources contenant du plomb et les déchets contenant du cuivre est interdit en République du Mali. Par cette mesure, nos pouvoirs publics se donnent les moyens de contrôler la gestion des déchets chimiques provenant de ces sources, qui font l’objet d’une concurrence déloyale d’opérateurs informels, au détriment d’entreprises spécialisées dans ce domaine et installées dans notre pays, souligne Moussa Sissoko.
Au delà de la protection de l’environnement et de la santé publique, l’arrêté présente d’autres avantages en ce sens qu’il organise le secteur de l’exploitation des batteries usagées et la récupération du plomb qui est un gros pourvoyeur d’emplois dans notre pays. Si nous parvenons à organiser le secteur en ne laissant opérer que les entreprises agréées, nous pouvons à l’avenir, créer de milliers d’emplois viables pour nos jeunes et aider ainsi à concrétiser la promesse du président de la République, d’assurer des emplois pérennes pour la jeunesse malienne, estime le spécialiste de la DNACPN.
C. A. DIA
Assainissement dans les villages : LES BONS POINTS DE L’ATPC
La mise en œuvre du programme de coopération Mali-UNICEF au profit des femmes et des enfants connaît un nouvel essor dans le cercle de Koutiala. Cette nouvelle impulsion est le résultat de l’approche « Assainissement total piloté par les communautés » (ATPC). Le manque d’hygiène et d’assainissement constitue un facteur de risque important pour la santé des populations. Il affecte en priorité les populations pauvres et vulnérables, dont plus de la moitié vivent en milieu rural. Elles souffrent en permanence de maladies liées au déficit d’accès à un assainissement adéquat. Pour lutter contre ce fléau, l’ONG Alphalog avec l’appui financier de l’UNICEF a lancé, depuis octobre 2015, un processus de promotion de l’ATPC et de l’hygiène en milieu scolaire, dans 30 villages du cercle de Koutiala en 3è région.
La certification, le 26 mai dernier, du village de Nianabougou, dans la commune rurale de NGolonianasso, comme 1er dans l’éradication de la défécation à l’air libre, a mis fin à ce processus. En effet 30 villages des communes de N’golonianasso, N’goutjina, Zangasso et Kolonigué se sont engagés à mettre fin la défécation à l’air libre. Les délégués des trente villages étaient tous présents à la cérémonie de certification, une fête grandiose agrémentée de danse folklorique, sketchs et chansons liés à l’importance de l’assainissement et de l’hygiène. Lors des visites guidées dans les concessions les bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement ont été constatées dans tout le village.
Le coordinateur du projet au niveau de l’ONG Alphalog, M. Dogodiougo Dolo, s’est félicité de l’approche ATPC. Cette méthode avère qu’aucune subvention ne peut résoudre les problèmes d’hygiène et d’assainissement de nos communautés sans leur engagement libre et volontaire, pour que le développement local soit une réussite. Ce progrès repose sur des ouvrages d’assainissement réalisés par les populations des 30 villages. Les familles du village de Nianabougou se sont dotées de latrines équipées de puisards et de dispositifs de lave mains. Elles ont adopté les pratiques appropriées d’hygiène et une meilleure gestion du cadre de vie. Le nouvel environnement sain contribuera à la réduction de la morbidité, de la mortalité, des pertes de temps de productivité, et à l’augmentation du taux de scolarisation des enfants au niveau du primaire.
Source : ONG Alphalog