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Chronique satirique: les accords de paix d’Alger ou l’art de perdre son temps
Publié le mardi 27 septembre 2016  |  Le Procès Verbal
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Ceux qui fondent des espoirs sur les fameux « accords d’Alger » auront un réveil très brutal. J’appuie ma conviction sur des constats irréfutables.

* En premier lieu, nul ne sait le nombre d’accords passés jusqu’à ce jour. Les uns sont secrets, les autres publics et personne ne peut vous dire quelles clauses sont véritablement exécutoires ou facultatives. Tenez ! Il y a l’accord du 15 mpai 2015 signé par Ladji Bourama tout seul et paraphé, bien plus tard, par les groupes rebelles qui, aussitôt après le paraphe, ont exigé un amendement. Cet amendement, qui modifie de fond en comble le premier texte, a été passé le 20 juin 2015: il prévoit de « prendre en compte les doléances des groupes armés lors de la mise en oeuvre ». En clair, ledites « doléances » sont si exorbitantes que l’amendement renonce à les mentionner textuellement et les renvoie à la « mise en oeuvre ». C’est donc sur le terrain que les populations verront (ou subiront) les effets des « doléances ».

* On croyait qu’avec ces deux documents, Ladji Bourama pourrait reposer sa belle plume et écrire un peu de poésie gréco-latine. Oh, que non ! Il a fallu encore signer une loi instituant des autorités intérimaires au nord. Histoire de donner à manger à tout ce qui porte armes dans cette partie azawadienne du territoire national. Les bandits armés se moquant de la loi comme de leur premier turban, ils ont fini par estimer que la loi ne garantit pas assez leurs droits alimentaires. Ils ont réclamé et obtenu la signature d’un nouvel accord tripartite directement passé entre l’Etat malien, la CMA (rébellion) et la Plateforme (milices d’autodéfense). Que contient ce nouveau papier ? Même les ministres maliens les plus gradés ne peuvent répondre à la question, le document n’ayant pas été vu par plus de 20 Maliens adultes.

* A côté de cette tonne de conventions signées et paraphées, les rebelles et le GATIA (bras armé de la Plateforme) ont publié, en février 2016, une déclaration qui proclame les « Accords d’Anéfis » comme le seul vrai cadre de règlement de la crise. Adieu les accords d’Alger ! Or, ces « Accords d’Anéfis », nul n’en a jamais vu la couleur pour la bonne raison qu’ils ne sont pas écrits.

* En somme, la crise du nord est régie, non par des lois ou des accords, mais par des fétiches, des textes secrets que chacun interprète à sa manière et à son seul avantage. Résultat: pas de cantonnement, pas de désarmement, pas de retour de l’administration au nord, pas de cessez-le-feu. Bref, pas de paix. Rien que des bruits de marmite, des festins dans les hôtels et des va-et-vient parfaitement inutiles à l’ONU, à l’Union africaine ou en Algérie.

* Le pire, c’est que les rebelles de la CMA qui ont signé des papiers bidon avec le Mali prennent leurs ordres chez Iyad Ag Ghaly, lequel est officiellement écarté de toute discussion. Or, on voit bien que la CMA n’arrive guère à empêcher la recrudescence de la violence sur le terrain. Du nord, le sang est en train de couler vers les régions de Mopti et de Ségou comme en témoigne le massacre de soldats maliens à Nampala, San et Teninkou. Conclusion: notre pays a signé avec les mauvaises personnes et ne semble pas s’en rendre compte.

* Les groupes armés vivent du trafic de drogue, soit en vendant eux-mêmes la précieuse « marchandise », soit en sécurisant les convois de trafiquants soudanais, libyens, bissau-guinéens ou colombiens qui traversent le territoire malien. Chacun de nous a un petit bout de cerveau pour comprendre qu’on ne sécurise pas un convoi avec des lance-pierres. Du coup, demander aux bandits armés de désarmer, c’est leur demander d’abandonner leur gagne-pain.Ils n’ont aucun intérêt à ce que la paix, la loi, l’armée et les douanes reviennent sur leur terrain de chasse. Ils ont d’ailleurs des complices haut placés qui vivent grassement du narco-trafic et leur filent renseignements et armes pour perpétuer l’insécurité.

* Compter sur la MINUSMA, c’est assurément rêver débout: les Casques bleus ne sont pas en fer forgé; ils n’ont nulle envie de mourir pour les Maliens qu’ils ne connaissent ni d’Eve ni d’Adam. Ils ne l’ont d’ailleurs pas caché. Leur principale préoccupation, c’est de gagner un salaire dix fois plus élevé que chez eux et de prendre une retraite dorée.

Avis à l’intéressé: si Ladji Bourama veut royalement perdre son temps d’ici à 2018, il peut continuer à croire à ces accords dits de paix qui ressemblent comme deux jumeaux à de la poudre de perlimpinpin.

Tiékorobani
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