Décédée le 18 septembre 2016 à Cotonou (Bénin), la cantatrice dogon et chevalier de l’ordre national repose désormais et pour l’éternité au cimetière de Sénou-village.
Une foule de parents, d’amis, de camarades, d’artistes, de connaissances, de fans…l’a accompagné, le vendredi 23 septembre dernier, dans sa dernière demeure, au cimetière de Sénou-village, où elle reposera pour l’éternité.
Comme on pouvait s’y attendre, en plus des responsables de Ginna dogon (association pour la protection et la promotion de la culture dogon), plusieurs cadres dogons, les acteurs du monde de la culture malienne (artistes notamment), les représentants du département de la culture, les notabilités de Sénou-village… étaient tous présents à la cérémonie funéraire de Kadia Goro dite Kadia Lélé chez le doyen des Domouno (une sous-ethnie dogon dont est issue Kadia) à Bamako Djibril Goro.
Née vers 1973 à Dinangourou (cercle de Koro), Kadia lélé a été révélée au grand public dans les années 1986 lors d’une semaine locale à travers son chant de solo intitulé «Nommo ». Cette chanson remporte non seulement le 1er prix solo de l’arrondissement de Dinangourou, mais aussi celui du cercle de Koro et même de la région de Mopti.
Kadia Goro communément appelée Kadia Lélé est présente dans toutes les cérémonies dogons au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire… La défunte Kadia Lélé laisse dernière elle deux garçons et deux filles, de petits enfants et de nombreux fans inconsolables.
Témoignage de l’animateur dogon de la radio Hamidou Djimé, un grand ami de la défunte.
«Elle était en partance sur le Cameroun. Quelques jours avant Tabaski, je l'avais appelé pour avoir de ces nouvelles et dans l'optique d'organiser une soirée comme on le faisait d'habitude. Elle m'a dit qu'elle doit aller au Cameroun répondre à l'appelle des Dogon qui y sont. Elle a quitté Bamako après la fête avec son groupe de six musiciens en car. Ils devraient prendre le vol à Abidjan.
N'ayant pas eu de vol, ils ont continué sur Cotonou pour prendre le vol sur Yaoundé. Ils sont arrivés hier à Cotonou vers 14 heures. Aussitôt arrivée dans la capitale Beninoise, elle a pris contact avec une agence de voyage dirigée par un cousin Maïga pour la billetterie. Elle a pris les billets d'avion pour l'ensemble du groupe. Le vol était prévu pour ce matin à 5 heures du matin.
En début de soirée, elle a eu des malaises. Ses compagnons ont appelé Maïga. Ce dernier est arrivé aussitôt, elle a été admise dans une clinique de la place. Sa mort a été confirmée par les médecins de la dite clinique. J'ai eu l’information vers 23heures. Ainsi je suis rentré en contact avec un élément de son groupe Boucari Dramé qui m'a confirmé l'info. Présentement des dispositions sont prises afin que le corps soit rapatrié et que son groupe regagne le bercail. Toute âme goûtera à la mort. Comme elle le disait dans une de ses chansons toute feuille verte séchera un jour, tout ce qui est debout se couchera un jour.
Celle qui a défendu notre culture avec force et abnégation. Juste à la veille de la fête de tabaski, elle m’informait de son départ sur Cameroun. Elle était convalescente. Elle tenait à y aller pour honorer son engagement. Elle avait été invitée par nos frères dogons du Cameroun. Elle partait avec tout son ensemble.
Ma sœur, mon amie, ma cantatrice préférée s'en est allée pour jamais. Le bon Dieu a voulu qu'elle rende l'âme à Cotonou au Benin. Nous ne cesserons de pleurer.
KADIA tu n'as pas vécu inutile.
Dors éternellement en paix ».
Comme d’autres chanteurs dogons de renom: Moussa Poudiougou alias Sana Moussa, Sidi Togo connu sous le nom de Gourouson Sidi, Sama Togo dite Sama Gandourou, Ousmane Togo alias Ous Guérou ; Kadia Lélé range définitivement le micro. Ils ont dit dans leurs chansons que le chanteur n’a pas longue vie.
Dors en paix Kadia
Que Dieu t’accueille dans son paradis
Amen
Le Hogon