Depuis la crise de 2012, les Maliens, légitimement se posent la question de savoir si nous sommes vraiment indépendants. Portés que nous sommes à bout de bras, financièrement et militairement, par la communauté internationale, il y a lieu de se poser la question.
Sommes-nous vraiment indépendants ? Pour se convaincre de la légitimité de cette question, il n’y a qu’à considérer le cas Kidal. Aujourd’hui la région de Kidal, même après la signature des accords de paix issus du processus d’Alger, est devenue une zone de non droit. Des groupes armés, des narco trafiquants, des terroristes et des bandits de tous bords y font la loi. L’Etat lui est interdit d’y mettre les pieds.
Moussa Mara, la dernière autorité à vouloir passer outre les « consignes » n’a récolté que morts ( des commis de l’Etat qui étaient à son accueil et des soldats maliens assurant sa défense) et humiliation. Quand cette volonté de Moussa Mara de fouler une partie du territoire malien est qualifiée de « fanfaronnade » par le premier des Maliens, il ya lieu de se poser la question sur la nécessité de l’unité du Mali qui est chantée sur tous les toits.
Au delà des injonctions de ces bandits interdisant à l’Etat de fouler le sol kidalois, il y a le veto français qui lui aussi interdit à l’armée d’entrer dans la ville avant son feu vert. C’est là ou le bât blesse. Comment peut-on interdire à une armée de se rendre sur une partie du territoire national pour sécuriser les populations ? Et comment comprendre que cette interdiction vienne d’un autre pays, la France pour ne pas la citer ?
D’aucuns parleront de paternalisme ou de néocolonialisme. En tout cas, cette situation met sérieusement en cause l’indépendance même de notre pays. S’il est vrai que l’opération Serval a aidé l’armée malienne à libérer le Nord, rien ne donne cependant le droit à la France d’imposer sa volonté aux Maliens sur leur propre sol.
Financièrement, nous ne sommes pas plus indépendants que des pays frères de la sous-région. Or, on a coutume de dire que celui qui donne est celui qui décide.
Si tel est le cas, l’on dira que le Mali ne décide plus de son sort depuis belle lurette. De la Chine à la France ? en passant par les institutions de Bretton Woods, chacun y va de sa contribution pour maintenir l’économie malienne à flots. Cette dépendance financière de notre pays n’est pas sans incidence sur la conduite des affaires publiques.
Les injonctions de ceux-ci, plus particulièrement le FMI et la Banque mondiale, ne permettent pas très souvent à l’Etat de répondre favorablement aux doléances posées par les syndicats de travailleurs. Ces doléances ne reçoivent de suite favorables qu’avec l’aval des ces institutions financières. Au même moment, l’Etat ne fait rien pour sortir de cette situation d’asservissement. Les services d’assiettes censés jouer pleinement leur rôle pour renflouer les caisses de l’Etat font face à des opérateurs économiques et des cadres véreux, hélas !
Les impôts, les taxes douanières, par des mécanismes huilés mis en place sont perçus parfois pour tomber directement dans des comptes bancaires de certains agents de l’Etat haut placés. L’Etat, lui, ne perçoit que la portion congrue. Quand on compare les chiffres réalisés par nos services de Douanes avec ceux de certains pays côtiers, on a de la peine à se dire que le Mali est un pays continental, donc qui importe presque tout.
Aujourd’hui 22 Septembre, le Mali célèbre son 56ème anniversaire …d’indépendance. Mais au su et au vu de tout ce qui est cité plus haut, il y a lieu de faire une introspection, de faire de cette occasion non une simple cérémonie de réjouissance, mais plutôt de questionnement. En se demandant comment faire pour se sortir de la dépendance militaire et économique du colonisateur, pour être enfin, 56 ans après, être VRAIMENT indépendant.
Maï Diallo