Concernant l’épineuse question de prise en charge de nos vaillants soldats blessés sur les théâtres des opérations, le médecin colonel-major Charles Fau s’est prêté aux questions de notre équipe de reportage. À l’entame des échanges, le Médecin colonel-major Charles Fau a fait une brève présentation de sa direction qui, à ses débuts, était rattachée au Bataillon des Unités Spéciales (BUS) et a connu différentes appellations suivant différents décrets jusqu’à son appellation actuelle de Direction Centrale des Services de Santé des Armées (DCSSA).
Elle est chargée du soutien sanitaire aux forces armées en temps de guerre et de paix, ce qui se traduit par la prise en charge sanitaire des militaires et de leurs familles. Aussi, dans le cadre de sa participation à l’effort de développement sanitaire, de nombreux médecins spécialistes et infirmiers militaires du service sont employés dans les hôpitaux à travers le pays, notamment le CHU Gabriel Touré, l’hôpital du Point G et l’hôpital du Mali.
Le Médecin colonel-major Charles a ajouté que son service dispose de nos jours de 120 médecins spécialistes, 210 généralistes un peu dispersés entre les structures sanitaires du pays d’où, selon lui, la nécessité de voir la création très prochaine d’un hôpital militaire. Parlant des blessés de guerre, le Directeur DCSSA a souligné que son service enregistre actuellement 29 blessés hospitalisés, 135 en traitement ambulatoire et plus d’une dizaine en évacuation sanitaire sur l’Algérie et la Tunisie.
Il a indiqué que les blessés sont classés par catégorie : les blessures légères comme les foulures de cheville aux égratignures, sont directement pris en charge au niveau des garnisons du théâtre ; les blessés assez graves qui nécessitent une hospitalisation ou quelquefois des interventions chirurgicales sont pris en compte au niveau des hôpitaux régionaux et sont suivis par les médecins militaires y travaillant ou les médecins civils, et la dernière catégorie est constituée des grands blessés qui ne peuvent pas être pris en charge dans les hôpitaux régionaux, ceux-ci sont généralement acheminés à Bamako par voie aérienne par le truchement de la MINUSMA ou par nos propres moyens aériens.
Expliquant l’acheminement des militaires blessés aux combats, le Médecin colonel-major Fau dira que ce processus est une chaîne qui va du théâtre des opérations jusqu’à la polyclinique de Kati. Ainsi, selon la zone, le médecin militaire directeur zonal prend soin d’informer la portion centrale, Bamako et Kati, de l’évacuation du ou des blessés tout en indiquant les pathologies. Il a précisé que toutes les blessures ne sont pas évacuées et le plus souvent les cas d’évacuations surviennent uniquement quand les moyens techniques manquent. Il a enfin ajouté que les évacuations coûtent des millions à l’Etat, surtout les blessés à destination de l’extérieur.
Le Directeur des services de santé des Armées a évoqué comme exemple le cas du le soldat de 2°cl, Alher Ag Wanesner de l’Armée de terre, blessé lors de l’entrée des FAMa à Anefis, comme l’un des cas parmi tant d’autres de prise en charge. Il a expliqué que le traitement de la fracture du fémur par balle avec perte de substance osseuse de ce soldat lui a valu 4 évacuations sur la Tunisie. Quant à ce dernier, il dit être reconnaissant vis-à-vis des autorités militaires pour sa prise en charge intégrale tant sur le plan médical qu’en alimentation. Le 2°classe Wanesner estime que cette prise en charge ne fait pas de distinguo entre les ethnies.
La visite de 2 salles de la polyclinique a permis de constater de visu la prise en charge des blessés de guerre. Les malades qui y sont hospitalisés présentent différentes blessures à savoir de la fracture des pieds, au bras, à des amputations ainsi que des problèmes ophtalmologiques.
En conclusion, le Directeur central du Service de Santé a noté qu’à la suite des constats des facteurs de contamination des blessures due à l’insalubrité du terrain, la DCSSA en collaboration avec l’EUTM projette un programme de dotation de trousse individuelle du combattant pour les premiers gestes de secours ; une formation des formateurs à l’utilisation de ces trousses a déjà été effectuée. Ce projet prévoit également des rôles de prises en charge. Ces rôles passeront du 1 au 2, c’est-à-dire selon le niveau de gravité de la pathologie. Il a indiqué que la DCSSA espère sur la Loi d’orientation et de Programmation Militaire pour qu’un hôpital militaire voie le jour.
MDL/C Geneviève S. Diallo