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Cablegates ou les murmures de L’oncle Sam de Amadou Wane Les révélations Américaines sur les causes profondes de l’abandon du Franc malien en 1975 Plus de 40 ans après, le Mali fait encore face aux mêmes problèmes économiques
Publié le lundi 3 octobre 2016  |  Infosept
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En 1975, la situation économique du pays était précaire. Le Mali venait de sortir de 3 ans de sècheresse. Les maliens étaient désespérés et pensaient que les difficultés économiques allaient engendrer une crise politique. L’opposition n’avait pas de moyens de s’exprimer et le gouvernement avait interdit toute activité politique. La corruption était rampante parmi la classe dirigeante et le peuple les abhorrait. L’ancien ministre des finances, Tiéoulé Konaté, était connu pour avoir fait une fortune en détournant les revenus de l’usine d’huile d'arachide, avant d'être renvoyé.

Les entreprises étatiques perdaient beaucoup d’argent à cause du népotisme, des détournements et des problèmes de sureffectif. Les hommes d’affaires libanais de Bamako étaient réticents de s’investir dans les entreprises d’Etat. L’inflation était le facteur le plus déstabilisant. Le régime militaire fut blâmé pour être responsable des problèmes économiques du pays.
L’inflation eut un impact négatif sur le salaire des plus pauvres. Avec peu de choix, beaucoup trouvèrent des moyens illégaux pour subvenir à leurs besoins. Les intellectuels et les plus aisés commencèrent à demander plus de pouvoir politique. Mais le régime était bien en place. Ni l’armée, ni la police ne montra aucun signe de désaffection et il n’y avait aucune autre force dans le pays qui pouvait s’opposer à elles. Avec une économie en difficulté, le nombre de crimes violents augmenta et il était devenu imprudent de se déplacer à Bamako après minuit.
Le problème était si profond que le Mali ne pouvait espérer avoir une autonomie économique pendant très longtemps. Pourtant, le gouvernement continuait à dépenser plus que ses revenus. Cette irresponsabilité fiscale causa un grand déficit de la balance des paiements. Seule l’aide étrangère, particulièrement celle de la France, la Communauté Européenne, le Canada, la Chine et l’URSS sauva le Mali d’un effondrement économique. La majorité de l’aide américaine était de nature humanitaire sous forme d’aide alimentaire et de projets d’amélioration de la production agricole. Cette aide avait peu d’effet sur les finances de l’Etat.
Un plan de redressement économique fut envisagé. Le Plan de Développement 1974-1978 était très important pour le gouvernement, mais sa mise en œuvre était impossible. A part les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, il y avait peu de planification. La majorité du plan était plutôt une liste de projets que le gouvernement voulait voir financer. Il n’y avait pas de cohérence entre les projets, donc une stratégie nationale était absente. En outre, les pays donateurs n’étaient pas convaincus que le plan allait aider le Mali à sortir de sa crise économique. Le gouvernement voulait que les donateurs financent 85% des projets, les plaçant ainsi en position de force. Mais, chaque donateur choisit les projets qui lui intéressaient et qui étaient en harmonie avec ses propres priorités. En fin de compte, le plan de développement fut un échec.
Le malaise économique devint si sérieux que le 10 juin 1976 le ministre des finances, Amadou Baba Diarra s’envola à Paris pour rencontrer le président français, Valérie Giscard d’Estaing. Selon des sources provenant de l’ambassade française à Bamako, le franc malien s’effondrait petit à petit. En 1975, les réserves d’échange du franc malien étaient en déficit de près de 445 milliards de FCFA, corrigé de l’inflation, à la Banque de France. Pour arrêter l’hémorragie monétaire, la France commença à renforcer les dispositifs bloquants. Pour recevoir l’aide française, le Mali fut obligé d’entamer une restructuration des entreprises d’Etat et abandonner le franc malien pour le franc CFA comme devise nationale.
Un autre point de discussion entre le ministre en charge des Finances du Mali et Valérie Giscard d’Estaing fut l’énorme déficit budgétaire de 79 milliards de FCFA, corrigé de l’inflation, pour l’année fiscale 1976. Depuis bien longtemps, le Mali n’était plus capable de financer ses projets de développement et le fonctionnement de l’Etat. Le gouvernement français était la source d’aide la plus importante avec la Communauté Européenne à la seconde place. Avec tant de pouvoir entre les mains de la France, le régime critiquait peu la politique française au Mali et en Afrique. Après tout, seuls les ingrats mordent la main qui les nourrit.
Plus de 40 ans après, le Mali fait encore face aux mêmes problèmes économiques qu’en 1975. L’Etat continue d’opérer au-dessus de ses moyens. Les nouveaux emprunts contractés chaque année érodent la souveraineté et l’indépendance du pays. Le seul remède pour le Mali est une prescription de discipline budgétaire. Mais, ce remède semble trop amer pour l’actuelle classe dirigeante. Par conséquence, les prochaines générations continueront à payer les folies budgétaires du passé et du présent.

Amadou O. Wane
Collaborateur externe
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com
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