La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation reste toujours suspendue à la situation qui prévaut autour de Kidal, une ville contrôlée par les combattants de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), assiégée par les éléments de la Plateforme et verrouillée par les forces internationales notamment la Minusma et l’opération française Barkhane. Jusque là, aucune initiative nationale, sous-régionale ou même internationale n’a permis aux différents protagonistes de résoudre leurs différends à l’allure tribale ou communautaire.
Selon le rapport trimestriel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) sur la situation au Mali, présenté ce jeudi 06 octobre devant le conseil de sécurité, « ni la CMA ni la Plateforme n’ont communiqué les listes des combattants par lesquels débuteraient les processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration».
Il est impossible d’imaginer des patrouilles mixtes dans ces conditions de vives tensions autour de Kidal opposant les groupes signataires de l’accord. Et la date de ce 20 octobre retenue pour la première patrouille mixte à Gao est encore hypothétique. De même que l’installation des autorités intérimaires pour défaut de consensus. Le gouvernement est pris dans le piège des règlements de compte entre les tribus Ifoghas et Imghads. A l’état actuel des choses, le verrou de Kidal paraît difficile à sauter à cause des interférences étrangères qui s’affichent au grand jour.
Il y a juste quelques jours, le Président de la Convention Sociale Démocrate (CDS-Mogotuiya), Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, résumait la situation au nord du Mali à « un fantasmagorique jeu des ombres dont les ficelles sont tirées par l’étranger et dont la résolution du puzzle réclame surtout plus d’intelligence politique et de doigté diplomatique, que d’armes et de munitions».
« Ce sont la Minusma, la France et les USA qui ont offert Kidal à ces gens là », a déclaré un haut cadre du Gatia, le 30 juin dernier, au Centre International de Conférences de Bamako lors d’une journée de réflexion dénommée «Regards croisés sur les contraintes liées à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali », organisée par la fondation Balazan pour la bonne gouvernance et la stabilité.
Pour des raisons inavouées, la Minusma et la France s’opposeraient à toute velléité de sauter le verrou autour de cette ville, devenue un enjeu pour lequel le gouvernement de la République du Mali se voit dans l’obligation d’avaler toute sorte de couleuvres.
Le Président IBK, qui multiplie les voyages privés à Paris au cours desquels il s’entretient régulièrement avec son homologue français, fait face à un dilemme cornélien. Ecartelé entre « ses sentiments » pour la famille Intalla et sa volonté de ne pas frustrer les grandes puissances, Il doit sauvegarder les intérêts stratégiques de la nation. De plus en plus, l’opinion publique dans sa majorité, ne croit plus en la sincérité de beaucoup de nos partenaires engagés dans la résolution de cette crise. Des hésitations au sommet de l’Etat découlant de l’absence de stratégie claire, prolongent une situation douloureuse qui aurait dû trouver sa solution depuis l’offensive des éléments de la Plateforme sur Anefis, en 2015.
Il faut travailler à déverrouiller la ville de Kidal. Il revient au gouvernement de la République du Mali de faire prévaloir les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies, lesquelles militent en faveur du rétablissement de l’autorité sur l’ensemble du territoire.