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Mali: l’ex-rébellion privilégie la piste de l’assassinat dans la mort de son chef militaire
Publié le lundi 10 octobre 2016  |  AFP
Cheikh
© Autre presse par DR
Cheikh Ag Aoussa
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Bamako - L’ex-rébellion à dominante touareg du nord du
Mali privilégiait dimanche la thèse d’un assassinat dans la mort de son chef
militaire, la veille dans une explosion à Kidal, théâtre de récents combats
entre groupes signataires de l’accord de paix.

Les conséquences sur le processus de paix de la mort de Cheikh Ag Aoussa,
considéré comme "un faucon" de la Coordination des mouvements de l’Azawad
(CMA, ex-rébellion), au sortir d’une réunion au camp de la Mission de l’ONU au
Mali (Minusma), apparaissaient incertaines dans l’immédiat.

La CMA a demandé "instamment à la Minusma et à (la force française)
Barkhane de collaborer avec elle pour l’ouverture d’une enquête diligente sur
les circonstances de cet assassinat odieux incontestablement prémédité", selon
un communiqué publié dimanche.

Un élu de Kidal (nord-est) et une source militaire africaine au sein de la
Minusma ont affirmé à l’AFP qu’il avait été tué par l’explosion d’une mine au
passage de sa voiture, mais selon l’ex-rébellion l’explosif a été placé sur le
véhicule, accréditant plutôt la thèse d’un assassinat.

Il est sorti de la réunion samedi avec quatre autres dirigeants de la CMA,
en compagnie desquels il a accompli la prière du crépuscule devant le camp,
puis tous sont repartis, l’explosion s’étant produite peu après, à quelques
centaines de mètres, selon un document interne de la CMA consulté par l’AFP.
La réunion à laquelle Ag Aoussa assistait, parmi d’autres responsables
militaires de la CMA, se tenait au camp de l’ONU "tous les 15 jours, avec la
force de la Minusma et Barkhane" sur la sécurité à Kidal, a précisé à l’AFP la
porte-parole en chef de la Minusma, Radhia Achouri.

L’explosion s’est produite vers 18H00 (locales et GMT) à environ 300 mètres
du camp, a-t-elle indiqué, soulignant la difficulté d’établir dans l’immédiat
la nature de l’engin à l’origine de la déflagration sans l’avis d’experts.
L’ex-rébellion a souligné dimanche que "comme d’habitude, les véhicules des
représentants de la CMA étaient stationnés à l’intérieur du camp de la Minusma
pendant toute la durée de la réunion".

"Tous les constats ont écarté le passage sur une mine: la voiture était
donc piégée et il s’agit d’un assassinat ciblé. Tout porte à croire que
l’engin explosif a été placé sur le véhicule du défunt pendant la réunion et
dans l’enceinte du camp", selon la CMA.

- Ancien jihadiste -

Des combats meurtriers pour le contrôle de Kidal ont opposé en juillet,
août et septembre la CMA au Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés
(Gatia, pro-gouvernemental).
Ces hostilités entre groupes pourtant tous signataires de l’accord de paix
de mai-juin 2015 inquiètent la communauté internationale, qui a menacé à
plusieurs reprises ces dernières semaines de "sanctions ciblées contre ceux
qui entraveraient la mise en oeuvre de l’accord".

Touareg de la tribu des Ifoghas, Cheikh Ag Aoussa était le numéro deux du
Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), formé en grande partie d’anciens
membres du groupe jihadiste Ansar Dine, dirigé par une personnalité très
influente parmi les Ifoghas, Iyad Ag Ghaly.

Dans un enregistrement sonore il y a un an, Iyad Ag Ghaly avait menacé les
groupes signataires de l’accord de paix, les accusant de trahison.
Au déclenchement de la rébellion de 2012, Cheikh Ag Aoussa était le bras
droit du chef d’Ansar Dine.

Mais juste après l’intervention française de janvier 2013, les routes des
deux hommes s’étaient écartées et il avait rejoint le Mouvement islamique de
l’Azawad, qui deviendra en mai 2013 le HCUA.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la
rébellion, un temps alliée à ces groupes, qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés après le lancement en
2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire
internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes
et étrangères, malgré la signature, sous pression de la communauté
internationale, de l’accord de paix censé isoler définitivement les
jihadistes, dont l’application accumule les retards.

Deux Casques bleus tchadiens, au moins trois militaires et un civil maliens
ont été tués cette semaine dans des attaques imputées aux jihadistes dans le
nord du pays.

sd-sst/de/jh
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