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Départ de ADP-Maliba et ADEPM-démission de quatre députés RPM-départ annoncé de SADI et YELEMA- Des clash en vue
Publié le lundi 10 octobre 2016  |  L’aube
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© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo:Honorable Amadou THIAM.
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Que restera-t-il de la Majorité présidentielle à l’horizon 2018 ?

La Majorité présidentielle fond comme neige. La Convention des partis politiques de la majorité se disloque lentement, mais sûrement au fur et à mesure que tire à sa fin le mandat de son mentor, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Le rythme des départs et des intentions de départ des partis membres et élus de ce regroupement est tel que l’opinion s’interroge légitimement sur ce qu’il restera à l’horizon 2018. En effet, après que l’Adp-Maliba et l’Adepm aient claqué la porte, quatre députés du parti majoritaire, le Rpm, viennent de rendre le tablier. Tous évoquent des questions de mauvaise gouvernance, d’absence de concertation, de corruption, de détournements des deniers publics, du manque de vision politique du président de la République, de la mainmise du clan et de la famille sur l’appareil d’Etat et de la perte de tout espoir pour le retour de la paix dans le pays.

En plus, les positions tranchées des leaders des partis Sadi et Yelema « Le changement » sur la nouvelle loi électorale laissent à penser que Dr Oumar Mariko et Moussa Mara pourraient quitter le bateau CMP. De même que d’autres députés Rpm.

Rien ne va plus au sein de la Majorité présidentielle où la Convention des partis politiques qui composent ce regroupement se désagrège comme château de cartes.

Majorité présidentielle : une coquille vide

Les partis et députés qui quittent le navire accuse la convention d’être devenue une coquille vide, incapable d’empêcher le président de la République de plonger le Mali dans le précipice. Au contraire, elle se rend complice et même comptable de tous les malheurs qui frappent aujourd’hui le peuple et la nation maliens. Ces partis de la majorité ne peuvent d’autant plus être utiles à leur mentor que leurs leaders et responsables se sont engagés dans la course effrénée aux strapontins, à l’argent facile, oubliant et faisant oublier le président les grands défis de l’heure que sont la situation sécuritaire, la relance économique, le recouvrement de l’intégrité territoriale et le développement.

Las d’être de simples spectateurs au sein d’un regroupement où le débat n’est pas permis, des partis et élus nationaux claquent de plus en plus la porte pour ne pas être complices d’un naufrage artificiel.

Ainsi, le 4 août 2016, l’Alliance Démocratique pour la paix (Adp-Maliba) annonce son retrait définitif de la Majorité présidentielle après avoir suspendu ses activités au sein du regroupement le 12 juillet. C’est à la suite de la signature par certaines structures du parti d’une «Motion pour le retour aux fondamentaux de notre engagement politique » que le comité exécutif parti a pris la décision de suspension.

Parmi les motifs, le président du parti, Amadou Thiam, avance que « le peuple malien qui affichait tous les signes d’espoir en de lendemains meilleurs suite à l’élection présidentielle de 2013 est aujourd’hui, plus que jamais, plongé dans le doute sur l’avenir et la pérennité même de la nation malienne ».

Selon lui, la Majorité présidentielle a montré ses limites dans la mesure où elle a échoué à faire de son cadre de concertation un espace démocratique de débat sur les questions d’intérêt national. Aussi, l’élu fustige la méthode de gouvernance actuelle qui constitue de réelles menaces pour l’avenir du Mali.

A l’Adp, on estime que la situation générale du pays est inquiétante à bien des égards. Et pour cause : le processus de paix est à la traîne, l’économie nationale ne profite pas aux populations, l’image du pays est fortement écornée par des scandales à répétition restés impunis, le terrorisme s’installe progressivement comme la norme, le communautarisme armé divise les populations tandis que le fait politique est complément ignoré.

« Face à cette situation, et par respect pour le peuple malien auquel des promesses de changement ont été faites, l’Adp-Maliba ne peut et ne doit rester passive », justifie le président.

Dans les arguments, la motion va plus loin, en démontrant que le changement promis par IBK a échoué sur toute la ligne, notamment dans la résolution de la crise au nord du Mali ; une gouvernance inclusive et un Etat fort ; la restauration de l’Etat de droit et la lutte contre la corruption.

Une semaine après l’Adp, c’est l’Alliance démocratique du peuple malien (Adepm) qui claque la porte de la Majorité présidentielle. Les motifs évoqués sont similaires : la mauvaise gouvernance, la gestion calamiteuse des affaires de l’Etat, la corruption et la délinquance financière, la famille, le clan, les amis et les affidés etc.

Un Etat impuissant

Et depuis le 26 septembre dernier, ce sont quatre députés qui ont démissionné « pour mauvaise gouvernance », entre autres griefs, du parti majoritaire pour rejoindre l’Adp-Maliba. Du coup, il quitte également la Majorité présidentielle. Il s’agit du professeur Kalilou Ouattara (élu de la commune III du district et colistier de Karim Keïta), Soïba Coulibaly (élu à Kati), Mamadou Doumbia (élu en communie II du district) et de Bakary Diarra (élu à Sikasso). Dans leur lettre de démission, adressée au président par intérim du Rpm, ils égrènent tout :

« Nous avions rejoint le Rassemblement Pour le Mali (Rpm) dans l’espoir de changer le quotidien de nos compatriotes et de leur proposer un projet clair et cohérent qui permettrait d’assurer un développement socio-économique durable à notre pays, le Mali. Certains d’entre nous sont même des membres fondateurs du Parti. A ce titre, de tout temps, nous nous sommes investis à porter le projet du Rpm et à le défendre dans tous les actes de notre quotidien.

Lorsque s’est présenté le scrutin présidentiel de juillet 2013, nous avons porté haut la candidature du camarade Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Et avec des centaines de milliers de Maliens, après une victoire à plus de 77% de voix, nous avions enfin nourrit l’espoir de mettre en œuvre notre projet collectif pour le Mali. Les enjeux étaient de taille en raison de la violente crise qui secouait le pays. Il y avait entre autres priorités le rétablissement de la paix, la réconciliation des Maliens, la lutte contre la corruption, la restauration de l’autorité de l’Etat et bien évidemment, la reconstruction d’une économie à même d’assurer aux populations maliennes un travail respectable et une subsistance digne.

Malheureusement, trois ans après l’élection du Président IBK à la Magistrature suprême, le constat est amère. La crise au Nord du Mali est enlisée, sans espoir de résolution par les gouvernements successifs. Les Maliens s’entredéchirent en recourant aux armes et à la violence pour régler leurs différends intercommunautaires et pour exprimer leur ressentiment face à l’impuissance de l’Etat à rétablir son autorité. Les scandales de mauvaise gestion restés sans suite ont fini de désespérer les Maliens quant à la possibilité de voir un jour la justice rétablir le Droit. Vous conviendrez dans ces circonstances que l’autorité de l’Etat soit totalement sapée et que les Maliens, silencieux pour le moment, soient animés d’un sentiment sans pareil de défiance à l’égard de l’autorité.

Mais le plus alarmant est l’absence de vision de la part du Gouvernement concernant la question essentielle du chômage des jeunes et de la création équilibrée de richesses. Les Maliens souffrent et nous le disent constamment. Ils ne sentent pas l’effet attendu par les nombreuses annonces de milliards faites par l’exécutif. Nous avons un temps tenté d’alerter nos camarades. Nous avons manifesté notre solidarité franche à l’endroit de la Majorité présidentielle, mais nous avons constaté que contrairement aux idéaux fondateurs du Rpm, le débat était devenu interdit dans nos rangs. Il fallait aveuglement soutenir sans jamais oser proposer une autre manière de faire. Plus encore, des querelles intestines ont progressivement miné l’action du Parti.

Le Rpm a donc, malgré sa majorité parlementaire confortable, échoué à s’imposer sur l’échiquier politique national de sorte à corriger les tares de la gouvernance actuelle. Tout cela est contraire à notre vision de la politique et à nos convictions profondes.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous vous informons de notre démission de toutes les instances du RPM à compter du lundi 26 septembre 2016. C’est une lourde décision que nous n’aurions jamais prise n’eut été les errements dans lequel le Rpm originel se trouve aujourd’hui ».

Mara et Mariko sur les traces de l’Adp ?

Ces démissions en cascade au sein de la Majorité présidentielle pourraient bien reconfigurer le paysage politique malien, comme le titre un confrère : « Bientôt un groupe parlementaire Sadi-ADP-Maliba ». En effet, avec l’adhésion des 4 députés démissionnaires du Rpm à l’Adp, ce parti a désormais 8 députés.

Selon Oumar Mariko, approché par le confrère, son parti le Sadi et l’ADP-Mali sont dans une logique de se rapprocher en vue de la création d’un groupe parlementaire. A ses dires, le futur groupe parlementaire devrait être fort de 16 députés à savoir, les 8 députés de l’ADP-Maliba, les 5 députés du Sadi et 3 nouveaux qui devront bientôt venir de la majorité présidentielle.

« Ce futur groupe va certainement jouer le rôle de trouble-fête en faisant la contrebalance lors des séances plénières. Aussi, ce groupe pourrait jouer un rôle très décisif lors de la présidentielle de 2018 », analyse notre confrère.

Un autre confrère s’interroge : le parti YELEMA de Moussa Mara et SADI de l’honorable Oumar Mariko claqueront-ils la porte de la CMP comme l’ADP Maliba pour l’Opposition ?

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la crise latente entre les partis politiques de la majorité semble être, selon lui, la nouvelle loi électorale dont le projet avait été envoyé à l’Assemblée nationale sans concertation de la classe politique.

Le journaliste révèle que la position de l’ancien Premier ministre Moussa Mara sur la question est sans ambages : « Cette loi est mauvaise dans sa forme et dans son fond ». Quant à l’honorable Mariko, poursuit-il, il avait promis de s’y opposera par tous les moyens légaux, appelant même toutes les forces vives de la nation à faire barrage à cette loi « démocraticide ».

Par leurs sorties respectives sur la loi électorale, le confrère en déduit que Mara et Mariko semblent choisir désormais leur camp et seraient décidés à mener le combat à visage découvert contre le régime d’IBK.

« De plus d’une soixantaine de partis politiques à sa création, la CMP n’en compte aujourd’hui qu’une quarantaine, tant beaucoup de partis se sont retirés de la coalition dénonçant la mal gouvernance et le mépris dont ils font l’objet de la part des grands partis de la CMP et du Président de la République lui-même. Ils se plaignent de n’être ni consultés, ni associés aux prises de décisions intéressant la vie de la Nation. Le premier parti qui a dénoncé la gestion clanique et calamiteuse du pouvoir est le parti SADI de l’honorable Mariko, avant d’être rejoint sur la question par l’ADP-Maliba de l’honorable Amadou Thiam qui a fini par claquer la porte. Le départ de l’ADP-Maliba de la CMP a été un véritable coup de tonnerre qui a effrayé le régime IBK, même s’il a donné l’impression que cette sortie était un non-événement », développe le confrère. Qui conclut sur cette interrogation : IBK arrêtera-t-il à temps la saignée au sein de sa Majorité…?

Sékou Tamboura
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