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Présidentielle de 2018 au Mali : La France et ses alliés préparent-ils un changement de régime ?
Publié le lundi 10 octobre 2016  |  Le Pouce
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© AFP par STEPHANE DE SAKUTIN
La Visite du Président Ibrahim Boubacar Keita à Paris
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Il y a des signes qui ne trompent pas : affaire Tomi ; les supposés « scandales » liés à l’achat de l’avion présidentiel et de l’équipement militaire ; la sortie médiatique de l’Ambassadeur des USA contre le gouvernement du Mali ; l’ambigüité entretenue autour de Kidal… Quand la France veut changer de régime en Afrique, elle procède d’abord à le décrédibiliser.

« IBK » aurait tort de croire en l’amitié « socialiste ». Les pays, dit-on, en l’occurrence les pays puissants, n’ont pas d’ « amis », mais des intérêts à défendre. Gbagbo en paye le prix fort pour avoir sous-estimé cette vérité crue. Il avait cru en son nationalisme outrancier et provocateur, pour libérer son pays, la Côte d’Ivoire, des liens impérialistes. Au lendemain de sa victoire face au Général Robert Guei, le président Laurent Gbagbo a dû faire face à une véritable campagne de dénigrement visant à décrédibiliser son pouvoir. Le tout alimenté par une presse impérialiste. On l’accuse d’avoir tué des opposants, après la découverte d’un charnier à la lisière de la forêt du banco ; ensuite, on l’accuse dans un rapport de l’ONU, d’employer des enfants dans les plantations de cacao. L’audace qui la pousser à s’attaquer aux intérêts français en Côte d’Ivoire, lui a valu une condamnation avant procès. La suite est connue : Alassane Ouattara et ses « rebelles », ont été positionnés puis pistonnés jusqu’à la victoire finale auréolée de sang. Quand la France veut, aucun sacrifice n’est exagéré.

Ali Bongo, le fils de son père, a une attitude incomparable avec celle de son géniteur. Un jour, de retour d’une visite officielle au Rwanda, il a osé comparer la langue française avec la langue anglaise avec un brin de sympathie pour la seconde. En plus, le fiston a fermé les vannes du pétrole aux tout-puissants « gaulois ». Un crime de lèse majesté qui lui vaut une campagne de dénigrement : D’abord l’ouverture d’un procès pour biens mal acquis de feu son père, Oumar Bongo, ouvert en France. Dans ce scénario qui frôle l’hypocrisie et l’ingratitude française, le fils s’en sort plutôt bien et finit par céder sa part d’héritage à une fondation. Mais, ses ennuis ne sont pour autant pas terminés. On remet en doute sa filiation. Ali ne serait pas le fils d’Oumar Bongo. Eh oui, celui que la France, à travers son Président Nicolas Sarkozy, à aider à s’installer comme président au Gabon après la mort de Oumar Bongo, ne serait finalement pas le fils de ce dernier et, pire, pas Gabonais donc par conséquence, n’est pas digne du fauteuil présidentiel au Gabon. Une arme bien fournie à l’opposition gabonaise, pour déstabiliser le clan Ali. Comme si cela ne suffit pas, ont sort sous le chapeau, l’affaire Tomi, de l’homme d’affaire corse. Finalement, Ali serait un homme corrompu. Comme Alassane a été positionné en Côte d’Ivoire pour remplacer l’imprévisible Laurent Gbagbo, Jean Ping, reconnu plus Gabonais que son rival, est positionné pour remplacer Ali Bongo. Ironie du sort, c’est Jean Ping qui avait refusé le droit au recomptage des voix à Laurent Gbagbo, qui avait contesté la victoire d’Alassane Ouattara, l’homme de la France et de ses alliés. Le fiston s’en sort plutôt bien. Il a certainement étudié, à fond, le scénario ivoirien qui lui a permis de comprendre et de contrecarrer les plans français.



Revenons au président IBK du Mali, un autre qui doit figurer sur l’agenda français comme « président à changer ». L’homme, le jour de son investiture, ose dire que l’ex Président Moussa Traoré, est un « républicain » bon teint. Oui, le Général président que la France a contribué à renverser, au nom de la démocratie naissante. Un crime de lèse majesté que la France ne peut pardonner. Aussitôt qu’il s’est assis dans son fauteuil de président de la République, qu’IBK doit faire face à une campagne de dénigrement. L’affaire Tomi est mise au devant de la scène et devrait servir à entamer la crédibilité du président « IBK » qui aime tant « vanter » son intégrité morale. Sonné, IBK se reprend vite. Mais doit, de nouveau, affronter d’autres « révélations fracassantes » : l’affaire de l’avion présidentiel et de l’achat d’équipement militaire. Pour l’équipement militaire, le gouvernement malien avait voulu contourné l’embargo imposé au Mali. En réalité, la France qui est derrière toutes ces affaires, jouait à discréditer le pouvoir IBK. Tous les moyens sont bons. Même se servir de l’opposition au Mali. Déstabilisé, malmené, offensé, IBK voit son élan freiné net ce d’autant plus que c’est la France, qui impose le tempo de la résolution de la crise du nord du Mali. Consciente que le maintien du statut quo, contribuera davantage à décrédibiliser le président « IBK » aux yeux des électeurs, la France joue à fond sa carte.

La récente sortie médiatique de l’Ambassadeur américain, n’est pas fortuite et complète en réalité, le scénario que tente d’écrire la France pour le Mali: décrédibiliser davantage IBK avant les prochaines élections présidentielles. A quelles fins utiles ? Installer un plus docile au fauteuil de président de la République.

« IBK » est présenté comme un « dur » difficile à manier. En témoigne sa réponse cinglante à Hervé Ladsou, représentant français à l’ONU qui avait osé traiter tout un peuple de « gueux » au moment de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation. La pression française ne s’est pas fait attendre : regain de tension au nord, au point que le Président IBK a été obligé de mettre de l’eau dans son vin et à présenter Ladsou et leur machin de MINUSMA comme des bienfaiteurs pour le Mali.

Aussi, IBK avait violé les coutumes pour aller se faire soigner en… Turquie au lieu de la France où, généralement les chefs d’Etat africains sont soignés afin de permettre à la puissance coloniale d’avoir un œil sur l’état de santé sur tel ou tel président africain. On connait toute la campagne médiatique autour de cette affaire et qui a valu au peuple malien tout entier de vivre la « mort » de leur président. Désormais, c’est en France que le président IBK s’en va se faire soigner.

On apprend également que le gouvernement malien cherche à acheter des avions de combat avec la Russie. Humm ! Cette information, si elle était vérifiée, risquerait de ne pas plaire à la puissance coloniale.

Un homme qui pourrait, cependant, perturber les plans français : Gamou. Récemment, une presse impérialiste, bien conditionnée, transcrit une supposée déclaration de l’homme de guerre faisant état de son appartenance au groupe d’auto défense Gatia. Bien que cela ait été démenti par le journal Jeune Afrique, ladite presse française, a continué ses insinuations. Cela n’était pas anodin. C’était à quelques jours de la rencontre de New York et il fallait orienter le rapport de l’ONU sur la situation au Mali. Les Maliens ne devraient pas être surpris, si un jour, des sanctions visaient ce chef de guerre de l’armée malienne dont les victoires sur la CMA, perturbent un peu les plans de la France. L’Ambassadeur américain n’a dit que ce que la France lui a dicté. Amener le gouvernement malien à dire officiellement qu’il ne soutient pas le Gatia afin de faciliter la prise de sanctions ciblées contre les responsables de ce groupe d’auto défense, afin de limiter ses actions et de protéger beaucoup plus les membres de la CMA qui ne cessent, depuis qu’ils sont en situation défavorable sur le terrain, de demander à la communauté internationale d’intervenir dans son bras de fer avec le GATIA ; Si la France arrive à limiter les moyens d’action du Gatia et décrédibiliser le pouvoir d’IBK, elle aura réussi sa mission.

A moins que les Maliens se réveillent enfin et combattent les vrais ennemis de la nation, le Mali n’est pas à l’abri d’un scénario à l’ivoirienne et à la gabonaise avec son lot de morts.

Tièmoko Traoré
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