Malgré la mauvaise réputation du secteur foncier, l’expansion géographique de la capitale malienne ne connait plus de mesure, à longueurs de journées des buildings, immeubles, et maisons d’habitations sortent de terre. Ces différentes réalisations nécessitent considérablement du sable et du gravier. Clein d’œil sur le site de ravitaillement de Kalaban Coro (Dougou Coro) dans la périphérie de Bamako.
Située dans le cercle de Kati, la commune rurale de Kalaban coro, constitue l’un des greniers essentiels d’approvisionnement en sable et gravier de la capitale et sa périphérie à travers ses sites : Kabala, Banco, Dougou Coro…, employant des milliers de jeunes, ruraux pour la plupart, qui travaillent dans des conditions largement en-dessous du seuil moyen tolérable, pour des salaires insignifiants et sans garantie.
Ces sites contribuent aussi à l’économie locale, même si du côté du bureau de l’Association des exploitants du sable et gravier de la commune, l’on est prudent sur cette la manne, selon des sources proches du trafric, les taxes et impôts se chiffreraient en millions, sans compter les « soudoyeries» quotidiennes des gendarmes et policiers.
« Le Fleuve est pour Kalaban coro ce que le Nil est pour l’Egypte »ironise un habitant du site.
Le site regroupe un petit monde de commerçants, bricoleurs, et ouvriers de tout poil.
Sorry COULIBALY, président des jeunes de l’Association des exploitants du sable et gravier de Kalaban coro, nous a détaillé l’architecture : « notre association à pour but d’organiser un cadre propice au bon fonctionnement du travail, elle regroupe les promoteurs de pirogues, des transporteurs …c’est l’instance régulatrice du secteur ».
Le trafic est compartimenté en plusieurs bataillons ,dans la chaîne d’extraction et d’acheminement ,nous avons des conducteurs de pirogues à moteurs, des plongeurs qui parcourent des kilomètres à bord d’une dizaine de pirogue reliées à un seul moteur, les plongeurs munis de leurs viatiques , un sceau, une corde, quelques couvertures pour être à l’ abri du froid risquent leur vie pour extraire le sable ou le gravier. Après des nuits de travail, ils rejoignent les berges, pour un désintéressement compris entre 6 000 et 9 000fcfa (sable), 15 000 et 25 000f (gravier) selon les dimensions des pirogues.
Une fois sur les berges, un autre groupe de déchargeurs, chargeurs et chauffeurs de benne s’occupent à vider les pirogues et remplir les bennes béants qui attendent de rallier les chantiers. A côté du second groupe, on trouve celui des «golfes», les artisans chargés de la fabrication et de la réparation des pirogues. Les ouvriers qui n’ont pas de qualification sont appelés des «laptons» .C’est le plus important bataillon. Il y a également une forte présence féminine : actrices et ouvrières.
Mama, un conducteur de pirogue nous apprend que le paiement peut être hebdomadaire comme mensuel, c’est un accord entre l’ouvrier et son patron, il peut atteindre 150 000f cfa par mois.
Pour KODIO que nous avons approché en train de vider en équipe une pirogue : « le prix varie selon la dimension de la pirogue de 5 000 à 10 000fcf » pour les femmes chargées de «raser» complètement ces pirogues, le prix dépend du patron.
Selon le président de l’association, le prix d’un chargement est fixé selon sa bombance et sa dimension (sable entre 35 000 à 60 000fcfa, gravier 100 000 à 150 000f).
Pour le transport, le prix de base est 15 000f (kalaban coro), variable en fonction de la distances.
Les retombés liés à l’exploitation du sable et du gravier permettent de bouillir beaucoup de marmites malgré les dangers qui y sévissent : risques de maladies, noyades, violences, ect.
Aly BOCOUM et Bacai YALCOUYE