L'Association des jeunes Anka-Wuli pour le développement du Mali (AJDM-Anka Wuli) a décerné une médaille du mérite et un trophée Ciwara à l’agriculture-puisatier Soumaïla Traoré. C’est un jeune courageux qui s’est distingué parmi les meilleurs agriculteurs du cercle de Kadiolo (sud du Mali. La cérémonie de remise a eu lieu dimanche 2 octobre à Lofigué, village situé à environ 12 km de Kadiolo (480 Km au Sud de Bamako).
«Mieux vaut voir une fois que d’entendre cent fois». Ce proverbe sied bien aux populations de Lofigué et environnantes qui ont massivement répondu présent à la cérémonie de remise de médaille et de trophée Ciwara à l’agriculteur-puisatier, Soumaïla Traoré.
Présidée par le préfet du cercle de Kadiolo, Lassana Sékou Camara, la cérémonie était riche en couleurs, grandiose, belle et agrémentée par de très belles sonorités du tam-tam ainsi que des différentes danses du terroir.
Selon le président de l’AJDM-Anka Wuli, Mohamed Ballo, cette distinction intervient après une enquête approfondie de 45 jours dans le cercle de Kadiolo. A l’en croire, Soumaïla est un jeune paysan modèle qui s’est battu corps et âme pour réussir dans l’agriculture. «D’où notre décision de le primer aujourd’hui dans son village natal, Lofigué, afin qu’il soit un modèle à suivre pour les jeunes générations», a précisé M. Ballo.
Pour lui, «cette décoration du jeune paysan est une manière aussi d’inciter et requinquer les jeunes déscolarisés ou diplômé sans emploi et sans espoir à envisager des alternatives de proximité et possible comme l’agriculture. Un métier qui a permis à Soumaïla Traoré de réussir dans sa vie et à être un jeune très riche».
Même son de cloche pour le maire de Kadiolo et parrain de la cérémonie, Ténan Dembélé. Il a indiqué que le récipiendaire est un jeune qui s’est battu corps et âme pour l’agriculture bio. «Soumaïla Traoré mérite humblement cette distinction puisque c’est vraiment un modèle de jeune paysan qui a réussi dans l’agriculture.
Il participe humblement et activement au développement du cercle de Kadiolo à travers des appuis et aide de toute sorte», a témoigné l’édile.
La reconnaissance d’un mérite obtenu grâce à une conjugaison d’efforts
Selon le Préfet du cercle de Kadiolo, Lassana Sékou Camara, la distinction de Soumaïla Traoré pourrait être considérée comme la reconnaissance d’un mérite obtenu grâce à la conjugaison d’efforts durant une vingtaine d’années.
C’est en effet en 1991 à Lofigué que le jeune homme a fait ses premiers pas de puisatier aux côtés d’un volontaire de l’organisme américain, «Corps de la paix» avec qui il a creusé le puits à grand diamètre familial jusqu’ici utilisé dans la famille Traoré.
Et l’administrateur civil poursuit, «cet essai lui a permis au fil des ans d’être encadreur dans le projet d’hydraulique villageois avec Helvetas. Son courage, sa discipline et surtout son ambition d’aller de l’avant l’ont conduit à approfondir ses relations avec ses amis américains qui l’ont invité à effectuer en 2004 une visite d’échanges aux Etats-Unis autour de la culture Bio».
Toujours selon les dires du préfet, après sa réussite dans l’agriculture bio, où il emploie plus d’une centaine de jeunes, Soumaïla se bat pour partager les techniques de cette agriculture bio à d’autres jeunes maliens de la région de Sikasso. Après avoir réussi à amener certains d’entres eux aux Etats-Unis pour des études dans ce cadre, il a construit au milieu de son camp un grand centre de formation.
Au-delà d’une centaine de puits à grand diamètre réalisés sous sa direction, le désormais promoteur de la culture bio évolue dans un espace de 13 hectares grillagé au village de Lofigué où il exploite à ce jour 3 hectares d’ananas, 2 hectares de bananeraie, 1400 orangers, 1400 manguiers, 8 colatiers, 5 avocatiers, 4 pieds de palmier à huile, 1,5 hectares de riz cultivé sans engrais chimique, 4 étangs piscicoles bio…
Une exploitation entièrement irriguée par un système de goutte à goutte dont le montage a été effectué par lui-même et à base d’énergie solaire. C’est fort de ce constat que le préfet Camara a indiqué que «la présente cérémonie revêt pour les autorités administratives une importance toute particulière car les activités qui sont louées ici s’inscrivent dans la politique nationale de lutte contre la pauvreté à travers le développement de l’agriculture, notamment la promotion de l’auto suffisance alimentaire, l’entreprise individuelle ou familiale, la formation et l’emploi des jeunes».
Au cours de la cérémonie, Soumaïla Traoré a reçu sa médaille du mérite, son trophée et ses tableaux de reconnaissance et de mérite et d’or des mains du préfet Lassana Sékou Camara.
Pour le récipiendaire, très ému, l’AJDM-Anka Wuli «est le travail de Dieu. Ce prix de reconnaissance qui m’a été décerné, aujourd’hui, a été une surprise pour moi.
Je travaille avec conscience, mais je ne préoccupe par du jugement de l’entourage. Cette distinction n’est pas à moi seul, mais à toute la population du village de Lofigué».
Des attestations de reconnaissance ont été également décernées aux personnes qui ont aidé ou appuyer Soumaïla Traoré dans sa réussite. Il s’agit, entre autres, de Ténan Dembélé (maire de Kadiolo), de l’agriculteur Harouna Berthé, du puisatier Sina Traoré, du mâcon Zoumana Traoré et de l’animateur-producteur radio Mamoudou Ousseini Barry.
Aliou Agmour
Envoyé spécial