Autant le ridicule a cessé de tuer au Mali, autant le sens de l’honneur et de la dignité s’est évaporé dans le firmament, loin des comportements humains et de la décence qui caractérisait jadis l’œuvre des hommes et des femmes. Dans notre pays, il y a des hommes dont le nez n’a coutume de transpirer devant rien, pas même devant l’insalubrité caractérielle des actes qu’ils posent à cause de la conscience malheureuse qui ne cesse de les miner chaque jour davantage. De tels hommes, il y en a beaucoup au Mali. Ils savent et sont conscients qu’aucun Malien sérieux ne les croit plus un seul instant.
Ces hommes qui réclament avec force les concertations dites de «l’entente», comme on le sait, ne sont plus solvables. Lorsque le capitaine Amadou Haya Sanogo a débarrassé le Mali du régime d’ATT, nos masses laborieuses avaient vivement recommandé la tenue des concertations nationales en vue d’exposer tous les problèmes pour que plus jamais rien ne soit comme avant dans notre pays. Ces concertations seraient l’ultime occasion de passer au tamis de la raison la situation chaotique dans laquelle les démocrates ont plongé le Mali. Ces concertations, si elles avaient été organisées, permettraient à notre pays un nouveau départ.
Par cette occasion, les délégués venus des quatre coins du Mali auront à répondre en toute responsabilité à la fatidique question de savoir : qui a dit quoi et qui a fait quoi au nom du Mali pour entrainer le pays dans ce gouffre profond ? Par ces concertations ce serait l’occasion pour les Maliens de situer toutes les responsabilités dans la descente du pays dans le creux de la vague. Elles permettront aux Maliens de demander des comptes à ceux qui ont participé à la souillure nationale.
Comme pour dire que les déprédateurs du tissu économique national doivent rendre compte au peuple et se rassurer que leurs biens mal acquis reviendront à ce peuple car, comme le dirait l’autre, nul n’a reçu de Dieu le droit de spolier son peuple. Dès lors, il faut se rassurer que la honteuse politique de spoliation de notre peuple et les tribulations politiciennes combinées dans cet appel pour le moins peu crédible aux concertations pour l’entente ne sauraient servir de base fiable au dialogue constructif dont les Maliens ont aujourd’hui besoin.
Le préalable à ces concertations doit être d’établir la nature et les types de Maliens qui doivent s’asseoir pour discuter et sur quoi s’entendre. Cela exige de répondre à la question suivante : qui doivent s’entendre et sur quoi ?
En tout cas, tout sauf chercher à camoufler la vérité et à soigner la plaie sur du pus. Ceux qui ont participé au pillage de nos ressources économiques, financières et humaines doivent rendre compte. Mais tel que nous voyons les têtes qui annoncent les concertations de l’entente, ces hommes et ces femmes n’ont qu’un seul dessein : se remettre en selle pour continuer à spolier le peuple.
Le peuple malien n’est pas dupe. Il sait son devoir de soutenir tout ce que ces ennemis combattent et de combattre avec énergie ce que ceux-ci soutiennent. C’est dire que les intérêts du peuple malien sont inconciliables avec ceux des politiciens qui s’agitent en son nom à coûts de phraséologies politiciennes et de démocratisme béat.
Concertations de l’entente ?
Quelle beuverie gracieuse à l’adresse de notre peuple travailleur ! C’est comme si l’épervier demandait des concertations avec les poussins de la basse-cour. Et quelles orgies pourraient rendre les souris heureuses en concertation avec les chats ? Nul doute que notre peuple bout d’indignation quand on affiche honteusement que ça ne va pas aujourd’hui par la faute du seul IBK. Plus indigné il le devient lorsque les déprédateurs de notre tissu socio-économique se font passer pour des hommes acquis à la cause de la démocratie.
C’est donc une grosse aberration de vouloir s’asseoir à table pour camoufler les actes de ceux qui ont mis le pays à genoux. Comme pour dire que notre peuple a déjà compris cette comédie déconcertante de ceux qui avaient refusé hier les concertations nationales pour les demander aujourd’hui de vive voix. Même en politique il y a de la décence. Ils doivent chercher à s’expliquer sur leur part de responsabilité dans la débâcle du Mali au lieu de chercher à jeter la poudre aux yeux de ce peuple dont les souffrances n’ont fait que trop durer.
Abraham Lincoln disait : «on peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps.»
En lieu et place des fameuses concertations dites de l’entente qui visent à jeter encore de la poudre aux yeux des Maliens, jeter l’enfant avec l’eau de bain, il faut une conférence nationale pour un nouveau départ pour le Mali.