Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, a procédé jeudi dernier au lancement du projet «Construire une paix durable au Mali : contributions de la société civile aux politiques de sécurité des populations». La rencontre s’est déroulée au Grand hôtel en présence de l’ambassadeur de Suède au Mali, Mme Eva Emanéus, des organisations de la société civile, des partenaires techniques et financiers et des représentants de la chefferie traditionnelle et coutumière de Bamako.
«Nous sommes réunis pour procéder au lancement officiel du nouveau projet initié dans le cadre du partenariat Coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre la prolifération des armes légères (Conascipal/Stockholm international Peace Research Institut (Sipri) et qui sera mis en oeuvre pendant 3 ans dans 35 communes des régions du Mali», a expliqué le président de la coalition Moussa Touré qui a ajouté que partout dans le monde, les acteurs de la société civile jouent de plus en plus un rôle essentiel dans les discussions, les initiatives et les programmes visant à promouvoir la paix et la sécurité. Par ailleurs, la société civile a influencé la nouvelle conceptualisation de la sécurité, axée non plus sur l’Etat mais sur les personnes. L’accent ainsi mis sur la sécurité des personnes s’explique par la conviction que, seule la sécurité des peuples peut garantir la sécurité durable des Etats.
Le nouveau projet permettra de renforcer les capacités des acteurs communaux pour la prise en charge des questions de sûreté et de sécurité des personnes au Mali.
L’institut international de Stockholm est actif sur les questions de paix et de sécurité depuis 1966. Depuis cinquante ans donc il travaille sur les questions de contrôle des armes et de désarmement et, plus récemment, sur les questions de renforcement des capacités des organisations de la société civile. «L’objectif de notre travail est chaque fois de contribuer le plus efficacement possible à la promotion de la paix, de la sécurité et du développement», a expliqué Jacob Hallgren, directeur adjoint de Sipri. Le premier projet piloté par Sipri s’est achevé en janvier dernier par la publication d’un document fondateur appelé Vision stratégique, fruit de plusieurs années de travail et de collaboration avec la Conascipal et les acteurs locaux du Mali.
A Bamako comme à l’intérieur du pays, ce travail a été salué tant par les organisations de la société civile que par les ministères concernés. «Vous nous faites aujourd’hui l’honneur d’assister au début officiel d’un deuxième projet. Et je profite de cette heureuse opportunité pour remercier notre partenaire au Mali, la Conascipal et le gouvernement de Suède qui nous fait une fois encore l’honneur de son soutien fort généreux», s’est réjoui le directeur adjoint de Sipri.
En janvier 2012, une rébellion a éclaté au nord du Mali. C’était la quatrième rébellion depuis l’indépendance du pays en septembre 1960. A la différence des précédentes insurrections, celle de 2012 a pris une tournure beaucoup plus dramatique avec des groupes de terroristes qui ont occupé les grandes villes du nord et qui ont soumis les populations à leur folie. Ces événements se ressentent encore aujourd’hui. «Ils ont été une tragédie pour le Mali, pour ses populations, pour son économie, pour son développement, pour son histoire», déplorera Jacob Hallgren. L’accord de paix signé en mai et juin 2015 a ouvert la voie à un processus de réconciliation inter-malien. Hélas, la poursuite des affrontements et même l’ouverture de nouveaux foyers de tension dans le centre du pays sont là pour rappeler combien la paix n’est pas encore acquise. A Sipri, on sait que la paix se construit et qu’elle exige les efforts de tous. Qu’elle se construit au prix souvent des renoncements, des déceptions ou des retours en arrière.
Dans le cadre du premier projet, Sipri avait assisté la Conascipal à réaliser et partager une vision stratégique qui identifiait des besoins spécifiques pour une paix durable au Mali. Parmi ces besoins, il apparaissait essentiel d’appuyer en premier lieu les efforts de la société civile afin d’encourager ces organisations à davantage contribuer au processus de paix. Avec la Conascipal, Sipri va ainsi initier au Mali ce nouveau projet de plusieurs années dont l’objectif principal sera justement d’accompagner les organisations de la société civile à prendre une part active à la construction de la paix. Pendant tout le projet, des groupes de suivi pour la paix et la sécurité vont travailler dans 35 communes du Mali. Ils seront au total 105 personnes dans ces groupes qui vont être constitués des représentants des femmes, des jeunes et des notables et ils vont être présents dans 9 régions sur 10 du pays et le district de Bamako. Ces groupes vont partir à la rencontre des communautés, des leaders traditionnels, des chefs religieux, des associations de villageois, des élus locaux.
Pendant plusieurs mois, ils vont discuter et échanger sur les questions et les défis de sécurité pour les populations. Les conclusions de ces groupes de suivi seront ensuite discutées avec les experts du Mali et d’autres pays de la région.
L’ambassadeur de Suède au Mali Eva Emanéus estime que ce projet offre à la société civile l’opportunité de contribuer à la consolidation de l’unité nationale. Il vise à soutenir les efforts de la société civile pour analyser les défis de sécurité au niveau communal et pour renseigner les autorités locales et nationales sur les besoins des populations.