Le dépôt des listes de candidature pour les élections communales du 20 novembre 2016 a pris fin le 06 octobre dernier. En attendant la validation des listes par les tribunaux de grande instance, les tribunaux d’instance ou de justice de paix à compétence étendue, les échos qui viennent des préfectures et des gouvernorats font état d’une multiplication de jeux d’alliance entre les partis politiques. En effet, les listes communales, contrairement aux précédents scrutins où les partis politiques préféraient voler de leurs propres ailes, dominent la tendance. Les alliances ne sont plus l’apanage des micro- formations politiques. Dans de nombreuses circonscriptions électorales, les grands partis se sont coalisés pour aller à la conquête de l’électorat. Cela n’est guère surprenant.
Déjà, lors des élections communales avortées d’octobre 2015, la même pratique avait pris une proportion jamais égalée depuis l’avènement de la démocratie. Pis, les couleurs de ces alliances contre-nature non interdites par la loi mais, probité par la morale politique, nous avaient été annoncées par les responsables politiques lors des élections législatives de 2013. Ainsi, à Bankass, on notait la liste ASMA-CFP-URD-CODEM. À Bla, c’était RPM-FARE Anka Wuli. Le RPM, l’ADEMA, l’URD, les FARE Anka Wuli se sont coalisés à Dioïla pour rafler les cinq sièges. A Koutiala, on s’est retrouvé avec une alliance SADI-ADEMA-URD-MPR. A Ténenkou, le RPM et l’URD étaient sur la même liste.
Le phénomène d’alliances incestueuses gagne du terrain d’une élection à l’autre. La constitution des listes pour ces élections communales confirme cette propension de nos leaders politiques à persister dans ce jeu d’alliance indigne d’une démocratie qui se veut au service du peuple et non d’une élite minoritaire corrompue. En l’absence de visions ou de projets de société, l’alliance se fait et se défait au gré des intérêts des leaders dont une frange importante gère les partis comme des entreprises personnelles.
Ce qui se passe sous nos cieux, viole les principes démocratiques et constitue un jeu machiavélique des acteurs politiques pour masquer leur échec qui manifeste de plus en plus le rejet de la chose politique par les populations.
Les partis politiques, incapables de s’offrir un électorat et de le fidéliser, ne trouvent mieux que de s’allier pour aller à la conquête des collectivités locales. Contrairement aux précédentes élections, les alliances se sont multipliées lors de la constitution des listes de candidature pour les communales du 20 novembre prochain.
S’il existait une morale en politique au Mali, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) et le Rassemblement pour le Mali (RPM) ne devraient pas se retrouver sur une même liste lors de ces communales. S’il existait une morale en politique au Mali, des partis de la majorité et ceux de l’opposition ne devraient pas se retrouver sur une même liste.
Ces alliances honteuses faussent le jeu démocratique. Et les résultats obtenus ne peuvent pas constituer de baromètre pour mesurer l’ancrage de tel ou tel parti. On ne peut pas faire de la politique sans une vraie conviction. Sinon, le jeu politique risque d’être réduit à une course à la facilité. C’est ce manque de conviction politique, tirant sa source de l’absence notoire d’idéologie, qui fait que des formations politiques, défendant la ligne libérale soutiennent des socialistes et vice versa. L’essentiel, c’est de se faire des sous pour arroser les quelques militants à la recherche de strapontins.
A défaut des textes qui interdissent ces honteuses alliances, le peuple doit sanctionner les responsables politiques qui se complaisent dans le marigot politique nauséabond du Mali.