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Une chancelière à Bamako : Les non-dits d’une visite «Sie kommen ! » (Ils arrivent)
Publié le mercredi 12 octobre 2016  |  La Sentinelle
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© aBamako.com par A S
Visite de travail de la chancelière Allemande Angela Merkel à Bamako
Visite de travail de la chancelière Allemande Angela Merkel à Bamako, les 9 et 10 Octobre 2016
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Le saviez-vous ? Berlin a décidé d’augmenter le budget de la Bundeswehr (Armée Allemande) de 34,3 milliards à 39,2 milliards d’euros ; de grossir les rangs de 7.000 soldats; d’augmenter l’effectif des 3.430 de ses soldats à travers le monde et dont le tiers (un peu plus de 650) se trouve au Mali dans le cadre de la Minusma… Bref, elle a décidé de signer son retour sur la scène militaire internationale ce, depuis sa défaite de 1945 (2ème Guerre mondiale) qui lui avait imposé des restrictions. C’est bien dans cet esprit que s’inscrit la visite de la Chancelière à Bamako et au Niger. Et selon toute évidence, une nouvelle page de l’histoire de l’humanité est en train de s’écrire.



«Sie kommen !». C’est le cri d’alerte lancé par la sentinelle du camp allemand dans la nuit du 05 au 06 juin 1944 suite au débarquement de Normandie, étape décisive de la 2ème guerre mondiale.



«Ils arrivent !», («Sie Kommen» en Allemand) est donc le récit du fameux débarquement (Normandie) vu du côté Allemand et relaté par plusieurs auteurs.

Quelle lecture font donc les Maliens de la visite de la Chancelière à Bamako, une première du genre ?

Au-delà des aspects officiels et protocolaires, cette tournée africaine du Premier Ministre Allemand (Chancelière) revêt plusieurs autres allures. Il s’est récemment passé beaucoup choses à Berlin à propos de la place et du rôle que doit désormais jouer et occuper l’Allemagne dans le monde aujourd’hui et dans un futur plus moins lointain.

Un Livre Blanc pour la Bundeswehr

C’est au mois juillet dernier que le Conseil des Ministres Allemand a adopté le Nouveau «Livre Blanc de la Défense». Un document portant sur la stratégie de la défense nationale, inspirée du passée et se projetant dans le futur. Elle annonce surtout un engagement presque total de la Bundeswehr dans les opérations militaires internationales. Une évolution certaine des mentalités pour qui sait que le pays s’est abstenu depuis 1945, de toute intervention militaire. Le «Livre Blancs pour la Bundeswehr» annonce justement la fin de cette restriction. Ainsi, s’ouvre une nouvelle page !

Le document de 83 pages analyse les nouveaux conflits dits «asymétriques» que connaît aujourd’hui le monde et auxquelles sont confrontées les grandes puissances. «Des guerres hybrides» menées par des techno-guerriers» et dont l’issue n’est pas toujours favorables aux puissances techniques. Il y est également question de « cyberdéfense, d’équipement, de la création d’une «Légion européenne» (Europe de la Défense).



Pour la petite histoire, le pays travaille en ce moment sur la création du soldat du futur appelé «future infantryman», un soldat numérisé et muni de capteurs le reliant à tous les autres réseaux de défense terrestre, maritime et aérien. C’est dire jusqu’où va l’engagement.

Il est également question, dans le «Libre Blanc», des nouvelles menaces directes et indirectes pour l’Europe, à l’image de DAECH, d’AQMI, entre autres groupes jihadistes. Des menaces qu’il faudra circonscrire dans l’œuf. Les derniers attentats à Paris et Nice (France) et Berlin (Allemagne) sont certainement passés par là.

C’est bien pour ce motif (contenir le phénomène) que l’Allemagne, à l’image de la France et des Etats-Unis d’Amérique, a elle aussi décidé de construire une base militaire au Niger et de renforcer son effectif au Mali. Son ambassadeur au Niger, Bernd von Münchow-Pohl n’a pas caché les velléités de son pays à l’issue d’une conférence de presse le 05 Octobre dernier, en prélude à la visite de la Chancelière: «l’Allemagne est prête à s’engager davantage dans la région du Sahel et à assumer encore plus de responsabilité». Sans commentaire !

Encore pour la petite histoire : la décision du gouvernement néerlandais de prolonger sa participation à la MINUSMA en 2017 (son départ avait était annoncée pour fin 2016 – Lire «la Sentinelle» du 18 Juillet 2016 : «Les Hollandais-volants quittent dans des conditions troubles») ; cette décision, disions-nous, n’est pas étrangère à la nouvelle politique allemande de la Défense. Et pour cause. Une partie de l’armée hollandaise est sous l’autorité de la Bundeswehr. Ceci expliquerait donc cela.

Faut-il se réjouir ?

Faut-il le rappeler ? La France et les États-Unis disposent déjà de bases militaires au Niger, un pays à cheval entre les deux points chauds de cette partie du continent, à savoir, le Mali et la Libye. Il s’agit pour les initiateurs de ces bases de surveiller et de combattre respectivement le flux migratoire et les narco-jihadistes. D’où la présence d’un aéro-drone à Agadez.

Aux américains et Français viennent désormais s’ajouter les Allemands. Faut-il se réjouir de cette présence remarquée des grandes puissances occidentales dans le Sahel ?

Au Niger, la question divise. De nombreux responsables de la société civile du pays critiquent ce qu’ils qualifient de «forte présence militaire étrangère» et accusent les autorités «d’aliéner» la souveraineté du pays. Aussi, ils (les membres de la société civile) craignent que cette présence attire justement les terroristes et soit éventuellement à l’origine d’attentats aveugles en guise de représailles.

B.S. Diarra
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