La semaine dernière, Laji Burama était en visite privée à Paris. Il n’y a rien d’extraordinaire en cela si l’on sait que le locataire de Koulouba voyage plus que son ministre des affaires étrangères. Mais Paris n’est pas n’importe quelle capitale, elle est celle de son « frère » François qui l’adoube si bien à chacune de leurs rencontres.
A la veille de son envol pour Panam, son pétillant communicateur Monsieur Racine Thiam, au cours de sa rencontre mensuelle avec les communicateurs, avait fait une « confidence » : Kidal se retrouvera dans le giron malien très prochainement. La nouvelle a si bien enthousiasmé certains confrères, qu’ils ont vu là un coup de poker argumentaire de plus de Laji Burama dans sa quête du 2ème mandat présidentiel – il n’est jamais trop tôt pour entamer une course de fonds –.
En effet, qui mieux que Laji Burama, qui a fait ses humanités a connaissance de la fameuse fable « Le lièvre et la tortue » ? Pourquoi vouloir faire du retour de Kidal dans le giron national un scoop ? Cela n’est-il pas prévu dans les accords ? Et pourquoi au moment où le président doit aller en visite privée en France ?
Ces questions méritent réponses.
Par ailleurs, le voyage de Laji Burama à Paris a coïncidé avec l’interrogatoire de son « frère et ami Tomi » le Corse, le lundi 03 octobre, par le juge chargé d’élucider la scabreuse affaire dont il est présumé être l’auteur. Affaire dans laquelle sont cités son nom et celui de son ancien ministre de la défense, actuellement secrétaire général à la présidence. Par coïncidence, celui-ci, Soumeylou Boubèye Maïga, était du voyage de Paris. Etait-ce pour répondre de nouveau à certaines questions du juge ? On sait qu’il est hors de question que Laji Burama soit interpellé.
Sous les tropiques, il ne viendrait jamais à l’idée qu’un magistrat convoque un ministre. Mais dans ces pays de vieilles démocraties, on sait que la justice est relativement indépendante. Nous disons relativement car, à regarder de près, le magistrat fonctionne comme un animal en laisse. Son degré de liberté est proportionnel à la longueur de la corde d’attache. Voilà pourquoi quelle que soit la velléité de clarification du juge parisien, il sera bloqué par la fameuse « raison d’état » qui sera brandie par le ministre de la justice du « frère et ami » François.
Pour le citoyen malien lambda, l’annonce du retour de Kidal dans le giron malien, la présence à Paris du président et de son secrétaire général à la présidence, et l’interrogatoire du « frère et ami » Tomi sont des coïncidences bizarres voire énigmatiques.
Par ailleurs, la diplomatie étant « l’art de régler les rapports mutuels, les intérêts respectifs des Etats », ce voyage privé à Paris ne ressemble-t-il pas plutôt à un voyage diplomatique ? Les deux termes n’étant pas antinomiques, nous pourrons assurément dire que c’est un voyage à la fois privé et diplomatique.