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Culture et société : Nouvelle génération malienne, enterrons plus dignement nos défunts !
Publié le mercredi 12 octobre 2016  |  Le Canard de la Venise
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Le monde a été créé avec des éléments doubles en son sein dans presque la plupart des cas. C’est ainsi que nous avons l’homme et la femme ; le jour et la nuit ; la vie et la mort ; etc. L’individu, quelque soit son âge est appelé à quitter un jour ce monde ici-bas et retourner chez Dieu, le créateur ou ‘’Mangala’’. Ce retour au créateur est un passage obligé pour chaque individu. C’est ainsi que dans la région de Ségou, cette expression est une célébrité : « Ma bi ma kon segu la, ma ci segu ta bali tè ». Autrement dit, la mort n’épargne personne, c’est la seule voie que chaque individu empruntera.
En effet, en milieu bambara, dès que la mauvaise nouvelle (celle de la mort) est annoncée, les parents, amis, etc. se sentent immédiatement concernés. Et dans la foulée, chacun apporte une contribution à la famille du défunt. La mort est amère. Et pour aider la famille à supporter le coup, toute la communauté compatie à la douleur. Les aides sont composées généralement de sacs de mil et de riz, de moutons, de chèvres de sacs de d’arachide ou même de l’argent liquide, etc. Cette solidarité agissante chez les bambara est appelée le ‘’Maya’’ ou l’humanisme.
En ces moments difficiles, chaque famille apporte aussi des plats dans la famille endeuillée, sans contrepartie. Ce caractère social malien est une denrée rare à travers ce monde plus que jamais difficile et il constitue l’identité culturelle malienne qu’il faut conserver à tout prix. Si ailleurs, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous, ici au Mali, c’est chacun pour tous et Dieu pour tous. L’enterrement est fait de façon rapide et dans le respect total du défunt. Il n’est nullement dérangé ni pendant le parcours, ni au cimetière.
Aujourd’hui, comment la mort est-elle perçue dans nos communautés ?
Aujourd’hui, à l’annonce d’un décès dans une famille, les familles agissent très rapidement en apportant des aides en nature et en espèce et même sur le plan humain. Très souvent, la famille endeuillée dévient un ‘’grin’’ pour certains, c'est-à-dire, un endroit où il faut passer toute la journée à causer, à prendre du thé et à manger. Certains aussi s’éternisent pendant une semaine, pour profiter des affaires de sacrifice et avoir toujours à manger. D’autres également quittent des villages ou des villes lointaines pour venir assister aux funérailles. Au retour, ils réclament le transport aux membres de la famille endeuillée. Toutes ces pratiques, malheureusement, annoncent la perte du caractère social au profit de l’argent. De même, dans une même rue, il peut y avoir un décès dans une famille et un ‘’balani-show’’ dans une autre. Ce qui est encore plus grave.
Ces comportements doivent être bannis à jamais. Que les éléments de la nouvelle génération se réveillent ! Dès que l’on annonce un décès dans une famille, toutes les autres activités doivent s’arrêter et tout le monde doit faire face à la situation douloureuse de la famille endeuillée. Car, être pour le progrès, ne veut pas dire que l’on doit renoncer à nos traditions et us ancestraux.
Pis, le cimetière est devenu un autre opérateur téléphonique dans notre pays. Ainsi, ceux qui vont à l’enterrement, s’occupent de tout sauf du défunt. Les téléphones portables n’arrêtent pas de sonner et les affaires continuent de se régler même étant au cimetière. Et très souvent, certains ricanent au téléphone. Ensuite, d’autres causent même étant dans la tombe en accompagnant le défunt.
De grâce, laissez nos morts se reposer tranquillement. Et désormais, sachons où utiliser nos téléphones portables. Et comme disait l’autre : « Les morts ne sont pas morts, ils sont dans les buissons, ils sont dans le bois qui frémit et ils nous observent ». Bon repos éternel à tous les disparus ! Que la grâce de Dieu nous accompagne ! Amen !


Bourama Coulibaly
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