Nous avons désormais l’impression au Mali que l’histoire est une répétition désormais. De 1962 à 2015, les rebellions successives dans le Nord-Mali, ressemblent bien à l’épisode des films brésiliens. En effet, ils commencent différemment, mais se terminent de la même façon selon le rappeur «Mylmo».
Excepté celle de 1963, circonscrite immédiatement par la jeune armée malienne, toutes les autres ont fait l’objet de négociations qui se sont terminées par des Accords (celui de Tamanrasset le 06 janvier 1991, le pacte national le 11 Avril 1992, l’Accord d’Alger du 04 juillet 2006, un second Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation du 15 mai 2015).
Toute guerre se termine par un Accord, mais pas un Accord inapplicable. Celui signé le 15 mai 2015 se trouve dans ce cas, bien que des consignes strictes à savoir l’intégrité du territoire, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’Etat avaient été données à la délégation des Autorités de Bamako par le Président I.B.K.
L’Algérie déçue du comportement de nos représentants a fustigé le mutisme des membres de la délégation malienne. Le résultat a été l’élaboration d’un Accord qui parle de tout mais incapable d’être appliqué. Il donne aux groupes armés l’envie de revendiquer plus de pouvoir hors de tout contrôle démocratique tant au Nord qu’à Bamako.
La cour constitutionnelle du Mali a été évitée carrément aussi bien sur l’Accord que sur la loi du 30 mars 2016 qui organise les autorités intérimaires. Il comporte en son sein des dispositions contraires à certains articles de la constitution selon les partis d’opposition. Mais la cour constitutionnelle n’est pas de cet avis. Faut-il croire que le peuple intellectuel malien a tort de distinguer entre une nomination par une institution sans existence légale et une élection.
La démocratisation a pris un coup d’arrêt. Elle est remplacée sous nos yeux par la dévolution du pouvoir local et régional aux groupes armés avant tout cantonnement et tout désarmement. Autrement dit se sont les hommes en armes et leurs sbires qui seront installés aux postes de la gouvernance locale avec l’appui de la communauté internationale. Ce qui entrainera certainement une partition du fait de l’Etat. Donc les collectivités seront gérées de façons différentes au Nord et au Sud.
Quant à l’Accord muet, il est l’un des plus scandaleux. Ni le Président I.B.K n’en parle, ni BARKHANE, ni la MINUSMA, ni les autorités françaises n’en parlent.
A la veille du premier anniversaire de la signature de l’Accord dit d’Alger pour la Paix et la Réconciliation, les Autorités françaises sont venues nous mettre de la poudre aux yeux afin de renouveler pour une troisième fois le mandat d’une MINUSMA dont les trois années de présence au Mali ont été un cuisant échec.
En effet, la France a été l’instigateur de la énième rébellion du nord du Mali en 2012, la preuve l’ancien Ministre des Affaires Etrangères de Paris sous le turbulent Nicolas Sarkozy, Alain Juppé avait déclaré de façon à peine voilée que la rébellion Touareg a remporté d’importants succès sur les berges du fleuve Niger pour que Bamako entame enfin des négociations.
Le Président Sarkozy avait même promis l’indépendance de Kidal aux Touaregs et a doté le MNLA en matériels de guerre pour combattre le pouvoir Central. Le 14 octobre 2013, le quotidien Français le Monde a rapporté que « les services français ont fourni un avion contenant 70 000 litres de carburant et ont fait parachuter des armes pour soutenir les troupes du MNLA après leur défaite face aux djihadistes d’AQMI à l’été 2012. Pendant la contre-offensive de janvier 2013, les services secrets français avaient même préparé des livraisons de missiles antichars MILAN au MNLA.
Pour la France, l’Etat malien ne peut pas continuer à exister dans la forme actuelle. C’est pourquoi elle n’est pas gênée par le fait que l’Etat est interdit d’être au nord. Donc il faut dépecer le Mali pour avoir accès aux ressources du nord. C’est la raison fondamentale pour laquelle, on nous a imposé un accord élaboré par la France au nom de la communauté internationale.
Egalement à travers un Accord de coopération de défense signé le 14 juillet 2014 entre la France et le Mali, la France s’est installée sur le sol malien pour un long séjour.
Cet Accord a failli, être signé en secret, un certain 20 janvier 2014 date anniversaire de l’armée malienne ; n’eut été la protestation de la société civile. Vu son caractère exceptionnel, cet Accord est muet dans ses parties sensibles.
Conscient du caractère plutôt bancal du statut de l’opération Serval, la France a exigé cet Accord au Président I.B.K afin de renforcer le poids juridique de son intervention et donner un cadre fort à son implantation durable au Mali. C’est pourquoi, le nouvel Accord est allé au-delà de la simple coopération classique.
On note que dans cet Accord, la tutelle exercée par les militaires français sur les troupes maliennes a été pérennisée, puisque des détachements français encadrent les FAMAS. En vertu de cet Accord, la France est de fait toute puissante sur le territoire malien reléguant le Mali au rang de simple département comme au temps de la colonisation.
Egalement, cet accord a amené une mainmise de la France sur le Mali, avec la complicité de nos dirigeants actuels qui ont passé tout le temps à faire l’éloge de cet Accord militaire, alors qu’il en était rien, sauf une recolonisation du pays par la France.
Donc un grave retour en arrière sur le plan indépendance et de la souveraineté malienne. Dans cet Accord, comment peut-on accepter que les forces françaises agissent selon les besoins de la France et non ceux de l’Etat malien ?
Aussi, il s’agit officiellement de mieux échanger le renseignement, mais cela n’ira pas jusqu’à informer au préalable les autorités maliennes des actions entreprises.
Pour masquer ses intentions, la France a cherché à draper son action d’un voile Onusien. Dans ces conditions, les Nations Unies à travers la MINUSMA n’a pas d’emprise sur les troupes françaises. Si la France voulant réellement se mettre au service de la MINUSMA, pourquoi ne pouvait-il pas créer une brigade d’intervention sur le modèle constituée au sein de la MINUSCO en République Démocratique du Congo. Au lieu de cela, la France a préféré garder les mains libres, afin d’imposer sa ligne politique et son agenda au Mali.
Actuellement, le peuple malin ne sait pas ce qui se passe à Tessalit, à Taoudéni. Les soldats de l’opération Barkhane interdisent ces zones aux FAMAS et aux autorités maliennes.
Le témoignage d’un soldat français de Barkhane est édifiant sur les autorités françaises à Tessalit et à Taoudéni. Il a dit notamment ceci : « nous avons amené beaucoup de matériels militaires, et non militaires, des engins de forage, d’excavation, de carottage, des dizaines de géologues habillés en militaires. Toute la zone est fouillée, les échantillons sont envoyés par avion tous les jours ».
Il s’étonne pourquoi les autorités maliennes ne sont pas au courant des activités françaises ou alors s‘ils sont au courant, comment peuvent-elles rester muettes face à cette situation » ? Malgré la présence des forces françaises, les terroristes et les djihadistes pullulent dans la zone sans réaction française.
Voici donc l’Accord muet qui rend coupable aussi bien le Président I.B.K que François Hollande et la communauté internationale.
Pour divertir le peuple malien, choqué par la passivité de ses dirigeants face au complot français, François Hollande profite d’une visite privée d’I.B.K en France la semaine dernière pour annoncer que l’armée française va aider les FAMAS et l’administration à occuper tout le Nord. Certains prennent cette annonce comme de l’argent comptant. Attention, les Français ont plus d’un tour dans leur bagage. Restons donc vigilants ?
Karamoko D