Il y a quatre ans, en 2013, paraissait le N° 00 de du journal Le Pays, qui s’est voulu être dès sa naissance, un cadre de libre expression, un journal indépendant. Ainsi donc, depuis quatre ans, nous avons créé un espace d'expression à notre lectorat où des opinions parfois des plus contradictoires trouvent un écho favorable. De jour comme de nuit, nous avons tenté cette dure épreuve de collecte et de traitement de l'information qu'est le travail du journaliste. Avons-nous réussi ?
Question. Ce qui est indubitable, c'est que nous nous y sommes consacrés pleinement et quatre ans après, nous poursuivons l'aventure, animés par la même foi qu'un certain 1er juillet 2013. Nous réaffirmons aujourd'hui comme hier notre engagement de lutter pour un peu d'eau, de paille et de mil pour la majorité des Maliens.
Dans notre nouvelle vision rédactionnelle, nous avons fait le choix de pratiquer un journalisme d'investigation et de constituer une presse dans laquelle nos populations verront leur propre graphique, leur reflet. Une espèce de miroir, mais un miroir qui révèle, au grand public.
Notre engagement s'inscrit dans un cadre libérateur des consciences. Nous souhaitons devenir des libérateurs de consciences, des ''générateurs de luttes et de lutteurs'' selon une expression consacrée.
Mais libérer les consciences reste une tâche difficile, puisque nous portons nous aussi, comme vous, des chaînes dans notre esprit. Néanmoins à travers ‘’Le Pays’’, nous voulons donner une chance à tous ceux qui sont réduits au silence, les exclus de la société, de s'exprimer enfin librement.
Quelles que soient les insuffisances qu'on connaît à la presse malienne dans son ensemble, que serait notre processus démocratique sans cette presse ? Le journaliste doit être le gardien de la démocratie. Il convient donc de dessiner la frontière entre le journalisme et la politique, de séparer ces deux pouvoirs. Le journaliste informe, dénonce, critique. Le politique décide.
Cependant, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire doivent cohabiter avec la presse. Ils se complètent. C'est pourquoi nous resterons le porte-parole des Maliens pour dire au su de tous ce qu'ils pensent tout bas. Nous avons fait nôtre le choix d’être la voix des sans voix, des laissés pour compte, les marginalisés qui cherchent dans quel médias au Mali ils pourront simplement se faire entendre, partager leurs souffrances.
Certains nous interpelleront comme ils l'ont fait de par le passé : ''Vous vous prenez pour qui ?'' Quoi que l'on dise, nous avons fait un choix et nous mesurons les risques que nous encourons en voulant seulement bien faire notre travail, c’est-à-dire informer.
En quatre ans, nous sommes restés fidèles à nous-mêmes, c'est-à-dire à notre devise interne de ''ne jamais échanger notre plume contre des arachides.'' Nous allons continuer dans ce sens, soyez-en rassurés.
Car le Mali demeure, l’Afrique reste éternelle. Y croire est une raison suffisante de se battre, d’écrire… de mourir, pour plus de justice et de liberté. C’est à ce prix que de grandes et riches nations ont été construites.
Nous y croyons au journal Le Pays. C’est pourquoi nous n’avons pas peur d’écrire pour dénoncer. Et nous ne serons pas complaisants dans notre traitement de l’information.
C’est pour cette raison également que nous n’avons pas peur de choquer les sensibilités même au plus haut sommet de l’Etat, aujourd’hui, demain et toujours. Le Pays sera indépendant ou ne sera pas, pour reprendre la formule d’un confrère assassiné, précurseur de la liberté d’expression dans un pays voisin.
Le Mali est un grand pays, dit-on. Nous voulons être de petits hommes au côté de notre grand peuple. Mais de petits hommes dont les analyses serviront à la postérité.
De petits hommes qui aiment leur pays et souhaitent le voir prospérer, être une terre où il fera bon vivre pour la majorité des filles et fils de ce pays. De petits hommes aujourd'hui pour une grande nation demain. Répétons-le : un peu d'eau, de paille et de mil pour chaque Malien, tel est le sens de notre engagement.
Henri Levent