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Elimination de Cheik Ag Haoussa : le retour d’ascenseur de la France à IBK ?
Publié le jeudi 13 octobre 2016  |  Le Procès Verbal
Cheikh
© Autre presse par DR
Cheikh Ag Aoussa
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Samedi 8 octobre, Cheickh Ag Haoussa, l’homme le plus puissant de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), est mort de manière très violente. Il sortait d’une réunion au camp de la MINUSMA à Kidal quand son véhicule a explosé, l’emportant dans l’au-delà, lui et son fils.

Explosion de mine ?

Selon les premières constatations, la mort a pu découler de l’explosion d’une mine posée sur le passage du véhicule. Cette thèse ne peut être exclue quand on sait que tout le nord pullule de mines qui continuent de faire des ravages dans les rangs tant de la MINUSMA que de l’armée malienne. Toutefois, il y a lieu de signaler que Kidal est le fief du défunt et que les mines posées sur le territoire de cette ville l’ont été par ses hommes. Faut-il raisonnablement croire qu’un homme qui connaissait par coeur la carte des mines de la zone ait pu se laisser tuer par un de ces engins ?

Elimination planifiée ?

Une version moins simple du décès est alléguée par un membre influent de la CMA. En effet, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, Attaye Ag Mohamed, Secrétaire chargé des Droits de l’Homme de la CMA, déclare : « Le véhicule du défunt Acheick Ag Awssa n’a pas sauté sur une mine. Il a été piégé pendant qu’il était stationné au parking de Barkhane et de la MINUSMA. La bombe de type industriel placée sous le véhicule a été identifiée à travers ses « accroches » restées intactes après l’explosion télécommandée. En conclusion, feu Acheick Ag Awssa a été victime d’un assassinat ciblé. Par qui? A travers qui ? Pour qui ? Les suspects sont nombreux parmi lesquels des membres des forces internationales à Kidal. Jusqu’à preuve du contraire, aucune piste n’exclut un complot, vu que le véhicule ne saurait été piégé avant son entrée dans le domaine des forces internationales à Kidal encore moins pendant la petite pause de prière du Maghreb effectuée à quelques dizaines de mètres de la sortie dudit domaine. ».

Emboîtant le pas à Attaye Ag Mohamed, la CMA publié, dimanche, sous la signature d’Illad Ag Mohamed, le communiqué suivant: « La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a le regret de porter à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale, le décès le 8 octobre 2016 à Kidal, de monsieur Acheick AG AWISSA, membre de l’Etat-major général de la CMA. C’est à ce titre que le défunt revenait d’une réunion de sécurité organisée par la MINUSMA et regroupant les représentants de la MINUSMA, de Barkhane et de la CMA.

Comme d’habitude, les véhicules des représentants de la CMA étaient stationnés à l’intérieur du camp de la MINUSMA pendant toute la durée de la réunion. Sur le chemin de retour, au crépuscule, la voiture de l’intéressé a explosé à environ cinq cent mètres à la sortie du camp de la MINUSMA causant la mort subite du regretté Acheick AG AWISSA qui était seul à bord.

Tous les constats ont écarté le passage sur une mine: la voiture était donc piégée et il s’agit d’un assassinat ciblé. Tout porte à croire que l’engin explosif a été placé sur le véhicule du défunt pendant la réunion et dans l’enceinte du camp de la MINUSMA.

La CMA condamne avec la dernière rigueur cet acte criminel qui est loin de contribuer à la paix dans le contexte tendu où évolue le pays en ce moment et demande instamment à la MINUSMA et à Barkhane de collaborer avec elle pour l’ouverture d’une enquête diligente sur les circonstances de cet assassinat odieux incontestablement prémédité, afin que les auteurs soient identifiés, arrêtés et punis »

Malgré les mises en garde de la MINUSMA contre toute conclusion hâtive, la thèse de l’élimination planifiée nous paraît plus plausible que celle d’un accident. Mais qui a ordonné et exécuté l’opération ? Attaher Ag Mohamed se contente d’incriminer les « forces internationales », ce qui ne veut rien dire dans le contexte malien où opèrent une vingtaine d’armées. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Pour notre part, nous privilégions l’hypothèse d’une opération française. Non que nous disposions de preuves matérielles, mais parce que la disparition d’Ag Haoussa concorde avec la nouvelle stratégie française au Mali.

La piste française

Ces derniers temps, l’accord de paix signé entre le Mali et les groupes armés s’enlise. Les attaques sanglantes, les blessés et les morts s’enchaînent comme dans un mauvais rêve. Cette triste évolution, qui tranche avec l’enthousiasme née de l’intervention de la Force Serval en 2013, vaut à la France les critiques des Maliens, mais aussi des citoyens français et des puissances internationales. Dans « L’Emission politique » de la chaîne France 2, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, s’est demandé avec ironie « ce que font encore les troupes françaises au Mali« . De plus, il y a une semaine, des centaines de Maliens ont manifesté et lancé une pétition pour demander l’implication de la Russie, vieille rivale de la France, dans la résolution de la crise malienne. Enfin, à la veille l’élection présidentielle française, François Hollande, candidat à sa propre succession, a le plus grand intérêt à inscrire dans son bilan un retour, même momentané, de la sécurité au Mali. Un pays qui, de surcroît, abritera le sommet France-Afrique en janvier 2017.

Pour toutes ces raisons, la France a besoin d’imposer une semi-retraite aux forces islamistes d’Iyad Ag Ghaly qui endeuillent régulièrement le nord-Mali. Elle a peut-être voulu le faire en liquidant Cheickh Ag Haoussa, personnage incontournable dans la crise malienne: il était à la fois numéro 2 du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA, principale composante de la CMA) et chef militaire de la CMA. Ce que l’on sait moins, c’est que Cheickh Ag Haoussa était aussi le cousin et la tête de pont de Iyad Ag Ghaly au sein de la CMA.

L’hypothèse d’une opération décidée et exécutée par la France se renforce lorsqu’on tient compte des paramètres suivants:

* la Force française Barkhane est omniprésente à Kidal: il serait pour le moins qu’au sortir d’une rencontre avec Barkhane et la MINUSMA, Cheickh Ag Haoussa puisse si aisément succomber à un attentat ignoré des forces françaises;

* l’élimination d’Ag Haoussa desserre quelque peu l’emprise d’Iyad Ag Ghaly sur la CMA et le processus de paix au Mali; elle redonne à ce processus une possibilité de rebondir;

* la presse internationale a récemment fait état d’un changement de stratégie des Français après qu’ils eurent déploré 3 morts dans une attaque islamiste vers Kidal. Ainsi, le 26 septembre, le site jeuneafrique.com a publié un article intitulé « Mali: les troupes de l’opération Barkhane prennent leurs distances avec les ex-rebelles touaregs » (voir ci-contre l’intégralité de l’article). Sur le fondement de confidences de hauts responsables français et de constats effectués sur le terrain, le journal écrit: « …Les relations sont glaciales entre l’armée française et les groupes armés signataires de l’accord d’Alger… Jadis accusée, à Bamako, dans la presse comme au sein du gouvernement, de partialité en faveur des ex-rebelles, voilà que l’armée française est désormais perçue par les groupes armés et leurs soutiens comme un acteur trop engagé en faveur des autorités maliennes. À Paris, si l’on assure n’avoir jamais varié de position, on reconnaît avoir durci le ton vis-à-vis de ces groupes. »;

* Longtemps handicapé par des problèmes de santé, le président IBK reprend visiblement la main: la visite à Bamako d’une personnalité de la trempe de la chancelière allemande Angela Merkel n’est pas fortuite, d’autant qu’elle fut précédée de celle de son ministre de la Défense et du déploiement au Mali d’un fort contingent militaire allemand. En outre, il faut lier à une entente opérationnelle entre IBK et Paris le fait, pour le GATIA, de mener la vie si dure à la CMA à Kidal. Le président malien tire enfin les bénéfices de ses amitiés socialistes avec François Hollande et de sa décision, risquée et souvent critiquée, de s’aligner derrière le président français depuis son avènement à Koulouba.A présent, le président IBK devrait profiter des bonnes dispositions françaises pour lever les obstacles liés à l’obtention d’avions de combat sans lesquels l’armée malienne ne pourra jamais dicter sa loi au nord.

Tiékorobani
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