Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle en France tombent à peine que déjà, l’on se demande si quelque chose pouvait changer après le 6 mai prochain. Oui, si l’on prend garde à ne pas confondre, pour le quinquennat passé, le bilan médiatique qui est différent du bilan politique.
La coopération entre Paris et ses capitales africaines devient une sorte de directoire et non plus cette lumière qu’elle aurait du être dans nos relations. Ils sont nombreux les Africains à penser que Paris ne se sert de nous que parce qu’il le juge comme un instrument utile dans ses propres performances. Mais (car il y a un mais) nous devons avoir ne serai-ce qu’une petite place tout de même à la dimension de nos choix ou de nos préférences. Nos relations avec l’Elysée (siège du pouvoir républicain en France), si elles ne sont plus incestueuses, elles sont incessantes. Souvenons-nous seulement que c’est notre Afrique nourricière que fera passer la VIè République dans les réalités politiques et institutionnelles des années 1960. La « franchouardise » des uns nous doit tout de même le suffrage universel (pour le Président de la République française) et ce qui a été dit de la Communauté française dans le temps. Nous avons du comprendre que l’interventionnisme occidental dans le Maghreb voisin a bousculé des connivences. L’altérité est devenue ainsi le problème dans notre bande sahélo-saharienne. Qui verrait désormais une unité mystique entre les capitales occidentales si ce n’est une politique à travers l’OTAN même.
Le Mali, victime du peu d’attention des 0ccidentaux et de l’Elysée. Bamako entre l’espoir, le MNLA et la menace…
Le 20 avril 2011 signe une date avec la mort brutale de M. Kadhafi. Aujourd’hui, on ne se souvient pas trop bien comment les forces touarègues jusqu’à alors en Libye ont pu se matérialiser et reprendre de la virulence. Paris et, à la suite, l’interventionnisme de l’OTAN n’ont pu alors nous envoyer un message clair. C’est le timing qui est troublant car des émissaires du MNLA avaient pris le temps de brûler des encens dans les couloirs élyséens et du Quai d’Orsay. Après coup, ce sera un retour de flamme de cette démarche qui va brûler tout le Nord Mali, Paris ayant décidé bien avant de donner la priorité à la chute de Khadafi. Mais alors, à la suite de Christian Caryl, collaborateur au « Forgien Policy », comment « les éventuels effets secondaires négatifs des actions de Paris » en Libye ont pu passer comme inaudibles et inodores ? Ce n’est pas une excuse pour la classe dirigeante d’alors. Mais enfin comment interprète-t-on le « redimensionnement des forces militaires françaises » de par le monde ? La réduction du budget militaire va réduire d’elle-même la présence militaire sur le continent. La période glorieuse passée, le redéploiement du dispositif militaire devenait nécessaire avec un renforcement de la France. Les accords bilatéraux ? Le locataire actuel de l’Elysée liait l’aide au retour contre l’immigration liée à l’emploi, l’aide publique se trouvant de fait conditionnée. L’émigration subsaharienne actuelle est la plus visible, mais aussi la plus fragile en France. C’est une obnubilation car il est difficile d’avoir des chiffres précis avec l’immigration, si ce n’est ceux de l’aide médicalisée autour de 250 000 émigrés pour une évaluation du chiffre total avoisinant les 400 000 sans papiers. Il faut savoir que sur près de 15 millions de Subsahariens vivant à l’extérieur, près de 1/30 vit en France avec de petits boulots au « lance-pierres » ou se retrouvant souvent, malgré des diplômes acquis, comme des « maîtres chiens ». Il est difficile d’homogénéiser leurs conditions d’existence car la réalité est que nombre d’Africains vivent en Métropole dans un dénuement total, dans les urgences d’hôpital et la précarité de la rue, quand bien même qu’ils travailleraient. La Cimade avait soumis aux candidats à la présidentielle 40 propositions allant de la délivrance de plein droit de la carte de séjour aux 6 autres questions majeures comme les camps de rétention, etc. Seul le Front de gauche avait donné des arguments recherches précis chez les Verts de Eva Joly. Au résultat, on a vu le Front national atteindre des chiffres jusqu’ici inégalés dans une élection présidentielle avec, à la clé, la troublante (?) question du Figaro du jour : le score du Front national, maître du jeu au second tour de la présidentielle du 6 mai prochain ? La loi de 1970 ne faisait plus du racisme une opinion, mais un délit. Le racisme d’Etat a des conséquences avec la raideur des populations dans des postures discriminatoires. Un racisme ordinaire qui explose de plus de trois pour cent et où il faudrait de la vigilance au discours sur l’identité, etc. Sarkozy a échoué à contenir le FN. Il explose pour avoir essayé de contourner leurs avoirs. La laïcité devient même un mouton noir de l’Islam. La droite a toujours vu, dans l’immigré d’abord, une force de travail. Point barre. Avec Sarkozy, il y a un minima de 5 lois pour le contrôle de l’immigration. Cette droite décomplexée est en passe de faire du FN la principale force de l’opposition en France. Hollande. Son arrivée à l’Elysée y changera- t-il quelque chose ? Il tient, pour l’heure, un discours de raison, sans radicalité sur les problèmes de visas, demandes d’asile, centres de rétention…Son discours relève du flou, même s’il a promis qu’il changera de cap. Il est entouré d’une équipe qui cherche des repères et qui doit éviter l’impair car elle manque de dynamisme, de désir d’Afrique clairement exprimé. Avec son manque d’expérience de l’Afrique, Hollande est à niveau d’équilibriste. Il dit qu’il va s’appuyer sur l’Union Africaine, ce qui ne veut pas dire grand-chose. Ce qu’il peut faire, après le temps du paternalisme qui est derrière nous, c’est le troc de l’action contre la confiance, avec le franc CFA qui n’aura plus son avenir dans les mains des Africains, la crise de l’euro étant en question. Que nous arrivera-t-il avec un deuxième François à l’Élysée ? Le premier du nom, Mitterrand, avait su se montrer florentin et forcer un peu les portes de nos démocraties. Le second ne se découvrira pas capitaine pédalo. A moins que l’Afrique ne s’asseye à sa gauche…