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Mme Fatoumata OUATTARA : Directrice générale de l’APTM
Publié le lundi 17 octobre 2016  |  Le Malien
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Depuis l’éclatement de la crise en 2012, le secteur du tourisme qui occupait une place de choix dans l’économie malienne est confronté à de réelles difficultés. Aujourd’hui, grâce aux efforts du département de tutelle, à sa tête, la Ministre Nina Walett Intalou, le secteur est en train de renaitre. Les initiatives se multiplient pour diversifier l’offre touristique afin de découvrir de nombreuses potentialités un peu partout au Mali. En marge de la Journée Mondiale du Tourisme, célébrée à Woroni dans la région de Sikasso, nous avons rencontré la Directrice générale de l’APTM, Mme Fatoumata Ouattara. Elle a bien voulu nous parler du secteur en pleine redynamisation.
Le Tourisme, un secteur en pleine redynamisation au Mali

Le Malien : Qu’est-ce-que l’APTM ?

F.O : L’Agence de Promotion Touristique du Mali est un Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) créé par la loi Nº 2014-048 du 18 septembre 2014. Elle est née de la restructuration de l’Office Malien du Tourisme et de l’Hôtellerie (OMATHO) qui a été scindé en deux structures : l’APTM et la Direction Nationale du Tourisme et de l’Hôtellerie (DNTH).

Le Malien : Quelles sont ses missions ?

F.O : Sa mission essentielle est de promouvoir la destination Mali dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie.

A cet effet, elle est chargée :

-d’assurer la promotion touristique de la destination Mali aux niveaux national, sous-régional et international;

– de promouvoir la diversification de l’offre touristique;

– de promouvoir l’investissement touristique et hôtelier sur toute l’étendue du territoire national;

– d’élaborer et de mettre en œuvre les plans et programmes de formation et/ou de perfectionnement des opérateurs du secteur;

– de participer à la collecte et à la diffusion des données et informations relatives au tourisme et à l’hôtellerie;

– d’archiver et de rendre disponible le matériel de promotion sur le secteur du tourisme et de l’hôtellerie.

Ainsi, l’APTM entreprend des activités de promotion et de communication telles que l’organisation d’événements touristiques, la participation aux festivals, salons et foires du tourisme et la conception et l`édition de matériel promotionnel. Elle assure également la formation des opérateurs du secteur, la promotion des infrastructures touristiques et hôtelières, la collecte d’information sur le secteur et elle contribue à l’amélioration de la qualité de l’offre touristique.

Le Malien : Vous venez de célébrer la Journée Mondiale du Tourisme à Sikasso, plus précisément à Woroni, pourquoi le choix de Sikasso ?

F.O : Ce choix rentre dans le cadre de la diversification de l’offre touristique malienne et de la promotion du tourisme intérieur et sous-régional.

Avant la crise sécuritaire qui a débuté en 2009, Tombouctou, le pays Dogon et Djenné étaient les principales destinations touristiques du pays. Elles offraient l’opportunité aux visiteurs de découvrir le riche patrimoine culturel du Mali. Aujourd’hui, ces sites sont moins fréquentés par les touristes internationaux.

Cependant, notre pays recèle d’autres ressources touristiques méconnues telle que sa faune et sa flore et ses grands espaces naturels qui peuvent attirer une autre catégorie de touristes. Je pense à l’écotourisme qui connait un engouement mondial et qui peut être développé dans notre pays plus précisément dans les régions de Sikasso, Kayes et Koulikoro.L’année dernière, l’OMATHO a choisi Siby dans la région de Koulikoro. Cette année, nous avons choisi Woroni. Ce village et ses environs regorgent de ressources naturelles favorables à la pratique de l’écotourisme.

A travers la célébration de la JMT dans cette localité, nous avons souhaité faire découvrir ses ressources, les faire apprécier par le public et inciter surtout les résidents de notre pays à séjourner dans la région de Sikasso. Nous devons d’abord nous approprier l’activité touristique de notre pays pour convaincre le monde entier de venir le visiter et redonner confiance aux opérateurs du secteur.

Le choix de Sikasso s’explique également par le fait de sa proximité avec le Burkina-Faso et la Côte d’Ivoire, deux pays avec lesquels nous avons des accords de coopération en matière de tourisme qui prévoient le développement de circuits inter- états entre nos trois pays. Les événements qui sedéroulent à Sikassoattirent les populations burkinabés et ivoiriennes.

Le Malien : Pouvez-vous faire le bilan de cette journée ?

F.O : Elle est positive, à plusieurs niveaux :

Tout d’abord, elle a répondu aux préoccupations de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) à travers le thème retenu : ” Promouvoir l’accessibilité universelle d’un tourisme pour tous “.

En effet, les travaux d’aménagement effectués à Woroni pour faciliter l’accès aux chutes d’eaux permettent à tout le monde de les découvrir eu égard à son âge et sa catégorie socioprofessionnelle : les officiels, les agents de l’APTM et d’autres participants ont pu atteindre les chutes.

Ensuite, la JMT a été initiée par l’OMT afin de sensibiliser la communauté internationale sur la valeur économique, culturelle, sociale et politique du tourisme. A ce niveau, les objectifs ont été également atteints :

– Woroni a eu l’honneur de recevoir Madame la Première Dame et plusieurs ministres et autorités locales ;

– Les festivités se sont déroulées autour des danses et chants du terroir ;

– Le sketch a mis l’accent sur les retombées économiques du tourisme en termes d’augmentation des revenus des populations locales. Par ailleurs, pendant ces quelques jours les hôtels et les restaurants retenus pour l’événement ont vu leurs chiffres d’affaires s’accroitre : tous les invités et les agents de l’APTM étaient logés dans ces hôtels et la majorité y prenaient leurs repas.

– La population de Woroni a été fortement engagée dans les préparatifs et pendant tout le déroulement des festivités. Sans cet engouement, nous n’aurions pas réussi ;

– L’événement a été fortement médiatisé avec la présence de 15 journalistes et Woroni a acquis une certaine notoriété.

Finalement, la conférence-débats et la journée passée à Woroni ont permis aux participants d’en savoir plus sur l’écotourisme.

Nous avons également reçu beaucoup de félicitations et les invités ont apprécié ce petit séjour touristique en dehors de leur environnement habituel.

Le Malien : Le secteur du tourisme occupait une place importante dans l’économie, comment faire pour le redynamiser ?

F.O : Des ressources humaines qualifiées sont nécessaires pour élaborer des politiques et stratégies de développement touristique et les mettre en œuvre. Elles doivent être accompagnées par une veille constante des tendances des marchés et par des moyens matériels et financiers adéquats. Les actions de promotion doivent être accompagnées par une amélioration de la qualité de l`offre touristique, d`où l’importance des travaux d’aménagement dans sites touristiques et de la formation en tourisme et hôtellerie. Sensibiliser les populations locales au développement de l’activité touristique contribuera à consolider les efforts de l’administration du tourisme et des opérateurs du secteur pour relancer le secteur. Woroni est un bel exemple. Sans l’implication des communautés, il sera difficile de redynamiser le secteur.

Le Malien : Y’a-t-il un plan de promotion de la destination Mali ?

F.O : Au niveau de l’APTM, nous élaborons des stratégies de promotion en fonction de chaque marché (l’Europe, l’Asie, l’Afrique, le Mali) en tenant compte de nos propres objectifs et des tendances de ces marchés.

En Europe, nous tâchons de maintenir notre présence sur les grands marchés émetteurs de touristes auxquels nous avons l’habitude de participer depuis plusieurs années et de communiquer avec le public et les professionnels du tourisme de ces pays sur la situation réelle de notre pays victime d’une mauvaise médiatisation. Il s’agit surtout des salons du tourisme de Berlin (ITB), de Madrid (FITUR) et de Vakantiebeurs (Hollande).

En Asie, nous visons les marchés émergents que sont la Chine et la Russie dont les ressortissants sont disposés à visiter les pays en dépit des mises en garde des chancelleries occidentales.

En Afrique, nous nous intéressons à l’espace UEMOA : nous souhaitons exploiter les accords de coopération qui nous lient à certains de ces pays et collaborer pour la mise en œuvre du programme régional du développement du tourisme (PDR-TOUR) adopté par les pays membres. Dans ce programme, il est prévu un volet promotionnel. Nous menons aussi des actions de promotion vers la Tunisie dont les professionnels du tourisme manifestent de plus en plus d’intérêts pour notre destination.

Finalement, au niveau national, nous faisons la promotion du tourisme intérieur avec un volet concernant le tourisme scolaire et universitaire. Nous appuyons également le secteur privé dans ses initiatives de valorisation de nos ressources touristiques.

Le Malien : Quelles sont les perspectives ?

F.O : A long-terme, nous souhaitons faire du Mali l’une des premières destinations touristiques de l’Afrique de l’Ouest.

A moyen-terme, l`APTM envisage, les actions suivantes :

– signer des accords de partenariat dans le cadre de la promotion touristique et du renforcement des capacités avec des organismes privés et publics ;

– adopter des techniques de promotion tournées vers les NTC ;

– organiser des éductours pour les professionnels du tourisme ivoiriens, burkinabés et tunisiens ;

– promouvoir le partenariat avec les collectivités décentralisées dans le cadre des missions de promotion touristique de la destination.



Propos recueillis par Kissima Diarra
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