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Nomination des autorités intérimaires : 4 groupes de la CMA disent non et menacent de reprendre les armes
Publié le lundi 17 octobre 2016  |  Le Procès Verbal
Réunion
© aBamako.com par A.S
Réunion du comité de suivi sur l’accord de paix
Bamako, le 21 juillet 2015 le comité de suivi sur l’accord de paix a tenu sa 3e réunion au CICB.
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La liste des autorités intérimaires du nord avalisée par le Conseil des ministres extraordinaire du 14 octobre, suscite la colère de 4 groupes, membres de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA): la CPA, le CMFR2, le MSA et une partie du MNLA représentée par Bilali Bil Aziz. Ils ont fait des mises en garde.

Le décret de nomination des autorités intérimaires dans les régions du nord du Mali suscite la forte colère de trois groupes armés membres de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA): la CPA, le CMFR2, le MSA. S’ajoute à ces trois groupes mécontents une partie du MNLA représentée par Bilali Bil Aziz. Ces groupes refusent de reconnaître les autorités intérimaires nommées. Ils l’ont fait savoir lors d’une conférence de presse tenue le samedi 15 octobre 2016, au Grand Hôtel de Bamako. La conférence était animée par Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, Secrétaire Général de la CPA, Mohamed Zeïni, patron du MSA et Younoussa Touré, chef du CMFR2.

Nominations unilatérales

Selon le conférencier principal, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, Secrétaire Général de la CPA, lui ses camarades présents dans la salle ont été invités par la médiation, vendredi 14 octobre, pour examiner le processus pré-DDR, la situation sécuritaire au nord, la question des patrouilles mixtes et les propositions de d’autorités intérimaires à nommer à la tête des différentes localités. Lors de la rencontre, ils ont réitéré leur opposition aux personnes proposées pour siéger, au nom de la CMA, au sein des autorités intérimaires. La raison: ces personnes n’ont pas été désignées de manière consensuelle par les groupes membres de la CMA. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun rappelle: « Déjà, par lettre du 10 octobre adressée au chef de file de la Médiation internationale, à la MINUSMA et au Haut représentant du chef de l’Etat, nous avions marqué notre opposition aux propositions de personnes devant siéger au nom de la CMA au sein des autorités intérimaires, des patrouilles mixtes, de la Commission nationale de réforme du secteur de la Sécurité, de la Commission d’intégration et de DDR. En effet, ces noms n’avaient pas été consensuellement convenus par les membres de la CMA. Dans la lettre, nous soulignions que les propositions avaient été faites par les seuls responsables du MNLA et du HCUA, à l’exclusion des autres mouvements membres de la CMA et signataires des accords de paix ».

En réponse aux griefs des conférenciers, la MINUSMA a déclaré qu’elle n’avait pas à interférer dans l’établissement des noms et a invité les membres de la CMA à aller s’entendre là-dessus. La réunion a donc été repoussée au lundi 17 octobre, date à laquelle la CMA devait revenir soumettre à la médiation une liste de noms consensuelle. Or, s’étonne le conférencier, dans la nuit même du vendredi 14 octobre, un conseil extraordinaire des ministres a été convoqué et a nommé les autorités intérimaires. « Nous l’avons appris seulement à la télé », s’étrangle le conférencier qui se demande comment le ministre de l’Administration Territoriale a pu soumettre des propositions non consensuelles au gouvernement.

Charge sévère contre Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration Territoriale

Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun entame un réquisitoire en règle contre le ministre Ag Erlaf: « Nous avons été surpris parce que ce ministre n’est pas n’importe lequel: il connait très bien la réalité, il a toutes les informations qui lui permettent de prendre des décisions idoines, quelle que soit l’urgence. C’est la cohésion et l’unité nationale du pays qui doivent primer ! Il a fait décréter des listes qui n’engagent personne, ni à Tombouctou, ni à Taoudéni, ni Gao, ni à Ménaka, ni peut-être à Kidal d’où elles sont venues. Il faut savoir que le ministre est de Kidal…Nous ne pouvons pas sacrifier le bonheur du pays et des populations pour un ministre; ce n’est pas la première affaire où il nous embarque ! Il doit se souvenir que le Mali n’est pas une région; qu’une région ne gère pas d’autres régions et qu’un mouvement seul ne gère pas la CMA. L’actuel ministre de l’Administration Territoriale est trop personnellement impliqué et concerné par les affaires de la CMA pour faire avancer le processus de paix, sauf s’il se ressaisit et garde sa neutralité et son impartialité vis-à-vis de certains mouvements de la CMA originaires de Kidal. Il doit savoir que la CMA n’est pas seulement à Kidal dont provient sa liste fictive et nous n’avons pas à Kidal un gouvernement qui décide pour nous. Nous n’avons un non plus à Kidal un mouvement qui décide au nom de tous les mouvements de la CMA. Le ministre Mohamed Ag Erlaf est membre d’un mouvement se trouvant à Kidal. Son attitude est dangereuse et empêchera la mise en œuvre de l’accord de paix. ».

Refus catégorique du décret et menace sur l’accord de paix

Le conférencier martèle clairement que le décret qui nomme les autorités intérimaires n’engage pas la majorité écrasante de la CMA, à commencer par les responsables présents à la conférence. Il rejette toute liste et toute décision imposées et non consensuelles, d’où qu’elles viennent. « Nous ne nous laisserons pas cantonner ni désarmer et nous participerons à aucune patrouille mixte tant que le décret n’aura pas été revu et corrigé de manière consensuelle », annonce l’orateur, visiblement très remonté. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun avertit, en outre, que les 200 combattants annoncés pour former des patrouilles mixtes dans la région de Gao ne seront plus au complet puisque lui et ses camarades refuseront désormais d’y participer. Il lance cette mise en garde: « Un accord de paix ne peut être mis en œuvre par des autorités intérimaires imposées à la majorité écrasante de la CMA. En effet,la CMA est composée de 6 mouvements: le MNLA, le HCUA, le MAA, la CPA, la CMFR2 et le MSA. Deux de ces mouvements ne peuvent pas dicter aux autres leur volonté. Si la CMA a signé l’accord de paix, c’est grâce à nous. Eh bien! Nous ne laisserons pas travailler des autorités intérimaires que nous ne reconnaissons pas car désignées de façon unilatérale à partir de Kidal. Personne ne nous mettra sous la tutelle d’un mouvement ayant des agendas que nous ne maîtrisons pas; personne ne nous mettra non plus sous la tutelle d’une région dont dont nous ne sommes pas issus. Il faut que le ministre sache que trop c’est trop. Nous nous demandons si ce ministre sert un Etat ou s’il est Secrétaire Général d’une portion de la CMA. Il doit arrêter ses provocations: sinon, nous nous défendrons avec nos moyens de bord ».

Abdoulaye Koné

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