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Assemblée nationale : Face au phénomène ADP, la majorité se fissure
Publié le mardi 18 octobre 2016  |  Le Temoin
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La, psychose installée à l’hémicycle par l’Alliance Démocratique pour la Paix prend chaque jour une nouvelle ampleur. Après la démission avec fracas d’une première vague de quatre députés des rangs du parti présidentiel, le RPM, le phénomène a retenti, en fin de semaine dernière, dans la famille parlementaire du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé. En effet, à peine a- t-il eu le temps de jubiler la saignée massive chez les rivaux que l’Urd a fait le deuil à son tour du député Damango, un maillon politique d’autant plus essentiel qu’il constitue l’ossature de son parti d’origine dans le cercle de Bankass. Cette nouvelle défection est venue accentuer un vent de terreur à semer la trouille dans un hémicycle où chaque groupe parlementaire vit désormais avec l’angoisse d’une déstabilisation, d’une menace de remise en cause des équilibres politiques.

Devant l’irrésistible puissance financière d’une ADP qui débauche à coups de dizaines de millions, les groupes parlementaires ne savent plus à quels saints se vouer et rares sont-ils qui ne soient affectés en leur sein par des présomptions de défection et de procès d’intention parfois artificiellement entretenus.

Face à l’atmosphère d’incertitude créée par une hémorragie effective chez les uns et latente chez d’autres, la majorité parlementaire tente du mieux qu’elle le peut de sortir de sa torpeur et d’une posture de simple observateur. Les vaines obstructions solitaires du RPM à l’émergence d’une nouvelle entité parlementaire – en relevant notamment la taille des groupes dans le règlement intérieur – ont laissé la place à des concertations plus larges entre différentes composantes de la majorité sur la question. Ainsi, sous la houlette de Moussa Timbiné, président de l’intergroupe de la CMP, le phénomène ADP a été au centre d’échanges sur les voies et moyens de limiter les dégâts à défaut de pouvoir le circonscrire. Jeudi dernier, en clair, une réunion dans cette dynamique a regroupé tous les caciques de l’intergroupe qui ne sont autres que les différents présidents de groupe. Et ce ne sont pas les suggestions qui ont manqué. De sources bien introduites, en effet, certaines composantes parlementaires de la majorité présidentielle, très indignées par la hideur des moyens et méthodes de débauchages déployés par l’ADP, ont jugé opportun d’interpeler l’Exécutif et de prendre le président de la République lui-même à témoin sur des pratiques que tous jugent avilissantes pour la démocratie malienne. Et de proposer par la même occasion que des enquêtes soient diligentées pour déterminer l’origine de l’effroyable manne qui secoue les équilibres politiques de l’hémicycle depuis la rentrée parlementaire.



L’approche, de même source, est d’autant moins partagée par l’ensemble des composantes que certaines d’entre elles ont à peine digéré leur affectation par un phénomène similaire de transhumance au sein de la même majorité. La dernière en date s’est faite aux dépens de u groupe Adéma/Asma avec le départ de Mody Diawara, député élu à Diéma, pour l’UDD, un parti de la majorité qui serait passé par les mêmes méthodes corruptives pour réduire à deux le nombre de députés du PASJ en première région. Ce même parti peut s’offusquer d’avoir perdu, à coups d’espèces sonnantes ou de promesses alléchantes, deux autres parlementaires au profit du RPM : les élus de Kolokani et de Koutiala. Bref, toute une cargaison de malaises à peine contenu au sein de la majorité présidentielle et remis au gout du jour par le phénomène ADP sur fond de divergence d’approches : les uns estiment que l’heure d’arrêter l’hémorragie n’a sonné qu’avec la défection des députés RPM, tandis que les autres pensent que les proportions de débauchages de députés n’étaient pas moins dévastatrices par le passé.

Encadré : Oumar Mariko dans la cour des oligarques

Aussitôt démissionnaires de la majorité présidentielle, l’ADP est devenue à l’Assemblée nationale le grand fleuve vers lequel ruissèlent les petites rivières et où chute chaque feuille morte ou errante des autres entités fragiles de l’hémicycle. Avec l’absorption de quatre députés Rpm, la famille politique du député Amadou Thiam n’aurait pas atteint pour autant les proportions d’un groupe parlementaire. Il a fallu l’onction des députés non-inscrits menés par un certain Dr. Oumar Mariko, lequel pourrait avoir perçu des affinités dans le discours politique de l’Alliance démocratique pour la paix, ses nouveaux alliés. Du reste, le président du SADI était déjà en nette démarcation vis-à-vis du pouvoir si ce n’était une procédure de divorce. Nonobstant cette explication plausible de la jonction avec SADI-ADP, il est difficilement imaginable que les députés SADI aient accepté le deal en renonçant aux alléchantes conditions pécuniaires ayant drainé les députés démissionnaires des autres partis. Quoi qu’il en soit, qu’un indécrottable altermondialiste, un défenseur inégalé des sans-le-sou cautionne un système conçu de débauchages par la corruption amène forcément à s’interroger s’il n’a pas amorcé sa mutation capitaliste. La question est d’autant plus opportune que le rapprochement avec l’ADP fait figure de ticket d’entrée dans un prestigieux cercle d’oligarques, à en juger par la puissance financière des animateurs de ce parti. En plus du PDG de WASSOUL’OR, on parle également d’un magnat comme Mandiou Simpara, entre autres. Et dire que c’est le même Oumar Mariko qui dénonçait jadis une démocratie censitaire en se dressant contre la toute première mesure de relèvement de la caution pour les candidats à la présidentielle.

A KEÏTA
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