n partenariat avec le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, l’institut français au Mali a organisé, le jeudi dernier, une conférence sur « le Mali et la décentralisation ». Un débat d’idées qui a permis au titulaire du département, Mohamed Ag Erlaf, d’évoquer les avancées et les obstacles de la décentralisation au Mali.
Pour débattre de ce thème, l’institut français a mis à contribution des experts de la décentralisation face au ministre en charge de la question dans l’attelage gouvernemental. La conférence avait pour but d’échanger sur la vision de l’Etat pour approfondir la décentralisation. Qui a été introduite au Mali en 1999. De l’Etat central, la gestion de proximité a été confiée à des conseils élus dans plus de 700 collectivités territoriales. Quinze ans après, le constat est là. Beaucoup d’avancées, mais aussi des obstacles dont il faut s’inspirer pour améliorer, sinon approfondir la décentralisation au Mali.
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Trois experts étaient au présidium pour parler chacun de son expérience et/ou de sa vision de la décentralisation en France, en Afrique ou au Mali. Ainsi, le panel comprenait, outre le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf ; son conseiller en charge de la Décentralisation, le Français Denis Gournay ; le Coordinateur du Programme d’Appui à la Décentralisation et à la Réforme de l’Etat (PADRE), François Menguelé ; et le président du conseil régional de Tombouctou, Mohamed Ibrahim Cissé. Ce dernier s’est appesanti sur les réformes en cours, qui suscitent beaucoup d’espoir chez les communautés, particulièrement celles des régions du nord. Il s’agit, entre autres, de la régionalisation, la concrétisation des transferts de compétences et de ressources aux collectivités, et surtout la mise en œuvre des recommandations des états généraux de la décentralisation en 2013.
Quant au ministre Ag Erlaf, il a salué le courage politique des initiateurs de la décentralisation au Mali. Rappelant brièvement les conditions dans lesquelles la décentralisation a été lancée au début des années 2000, le ministre en charge de la décentralisation a expliqué que les premières années de la mise en œuvre de ce projet politique ont été « un calvaire » pour l’Etat et les autres acteurs de la décentralisation. Mais que ce sacrifice n’a pas été vain dans la mesure où les acquis sont au-delà des attentes. En 15 ans, les réalisations ont été multipliées.
La décentralisation a permis d’atteindre des résultats très positifs sur des points tels que la participation des acteurs locaux à la gestion des affaires locales, l’amélioration de la couverture du territoire national en infrastructures (écoles, centres de santé, pistes rurales, points d’eau). Elle a permis le renforcement du cadre juridique et institutionnel assurant l’implication forte et irréversible des collectivités territoriales dans le paysage institutionnel malien. Dans des secteurs comme l’éducation, « on a fait en quinze ans, 40 fois plus d’infrastructures, qu’en 40 ans d’indépendance », a martelé Mohamed Ag Erlaf. Qui s’est aussi prononcé sur les insuffisances de la décentralisation au Mali. « Ce qui manque à la décentralisation au Mali, c’est un citoyen contribuable », a affirmé le ministre. Qui pense que c’est désormais le défi à relever. Car, dit-il, « Ce sont les contribuables des autres pays qui financent la décentralisation au Mali. Et cela ne peut pas continuer… », a averti le chef du département en charge de la décentralisation.
Aussi, les autres intervenants ont révélé la nécessité de renforcer les acquis et d’approfondir la décentralisation par la mise en œuvre des réformes entreprises par l’Etat.
Auparavant, le facilitateur Soumana Traoré a expliqué que la crise sociopolitique que notre pays a connue, de 2012 à maintenant, a révélé la dimension politique de la décentralisation comme outil de développement. C’est pourquoi, souligne-t-il, « la mise en œuvre de la décentralisation est incontournable ». Pour illustrer ses propos, il a invité l’assistance à visualiser trois films qui évoquent chacun un sujet particulier et qui mettent en exergue l’intérêt de la gestion décentralisée des préoccupations des communautés à la base.