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Chronique satirique: l’amiral Ladji Bourama au sommet sur la sécurité maritime
Publié le mardi 18 octobre 2016  |  Le Procès Verbal
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Ladji Bourama est un homme qui sait gérer les urgences. Vendredi 14 octobre, il avait à expédier des urgences particulièrement pressantes. C’est ainsi qu’en deux temps et trois mouvements, il a présidé un Conseil extraordinaire des ministres qui a avalisé la liste des autorités intérimaires chargées d’administrer le nord du Mali. Et juste au sortir de ce Conseil, le Pèlerin national a pris son Boeing, « Air Mali One », en direction de Lomé, au Togo. Pour participer à quoi, selon vous ? Au Sommet sur la Sécurité Maritime. Dans les deux cas, le règlement des urgences n’a engendré que des urgences plus urgentes encore.

En effet, selon les informations de dernière minute, le décret hâtivement pris en Conseil des ministres a mis le feu aux poudres. Il suscite, en effet, la bruyante opposition de groupes armés membres de la CMA qui menacent, s’il n’est pas revu, de reprendre les armes et d’enterrer pour de bon l’accord de paix issu du processus d’Alger. Comme quoi, même quand on règle les urgences, il est préférable de se hâter lentement, selon la formule de Boileau…

Quant au Sommet sur la Sécurité Maritime, je me demande ce que Ladji va bien pouvoir y chercher. J’ai eu beau tendre l’oreille et promener le regard çà et là, je ne vois pas dans mon pays un traître bras de mer, le nord étant couvert de désert et le sud de fleuves. D’ailleurs, enfant, mes maîtres m’ont toujours enseigné que le Mali était un « pays continental, sans débouché sur la mer ». Mais voilà: Ladji Bourama a une justification a tout; amateur de vieilles langues comme le latin de cuisine et le grec d’église, il a aussi et surtout une culture historique encyclopédique. Pour confondre les mauvaises langues qui dissertent sur l’utilité de son voyage, notre cher président a tenu à marteler au micro des journalistes: « Avant que d’autres ne le fussent, nous fûmes un pays maritime ! ». Ladji Bourama fait, ici, sans doute allusion à la mer qui, paraît-il, arrosait le nord-Mali avant la montée de Nabilaye Jésus aux cieux. Problème: cette fameuse mer s’est évaporée depuis le Paléolithique. Pis, le nord-Mali n’est plus le nord-Mali, mais plutôt l’Azawad, une contrée de bandits où le gouvernement malien ne peut plus mettre les pieds, ni installer des préfets (à peine d’égorgement), ni même tenir des élections. Alors Pourquoi aller représenter à un Sommet Maritime une zone accaparée par des bandits et où il n’y a plus la moindre goutte d’eau salée ? A supposer que, par miracle, les flots marins reviennent en ces hauts lieux azawadiens, comment Ladji Bourama compte-t-il y assurer la « sécurité », lui dont les armées n’arrivent même pas tenir le sol ferme de Nampala ? Et puis, on sait que la nouvelle loi de programmation militaire a permis de doter l’armée en képis et en bérets neufs. Le gouvernement malien aurait-il aussi acquis en catimini des navires de guerre en Russie? Si oui, pourquoi Ladji Bourama pour créer une Marine nationale au sein de l’armée ? Mais passons…

Ladji Bourama, qui a le sens des symboles, s’est fait accompagner au Sommet sur la Sécurité Maritime par son ministre de la Sécurité. A croire que le mot « Sécurité » a été trop bien compris en l’espèce ! De fait, bombardé général il y a peu, notre ministre de la Sécurité n’a jamais commandé un bateau de guerre ni vu de ses yeux le moindre pirate des mers. S’il doit assurer la sécurité maritime du Mali, il lui faudrait peut-être troquer ses galons de général contre ceux d’amiral. Mais en l’état, je crains fort qu’en cas de bataille navale, le général ne se noie dans les flots comme, autrefois, l’ancêtre Aboubakari II. Ce roi mandingue, qui n’avait jamais vu une boussole, avait cru possible de faire le tour du monde en pirogue. Le malheureux touriste coula avant de réaliser ce qui lui arrivait…

Tiékorobani

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