Nous avions espéré que le pouvoir actuel puisse tirer tous les enseignements de l’erreur commise à la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), dont le PDG (Kalfa Sanogo) avait été curieusement et injustement sacrifié par son ministre de tutelle alors qu’il avait réalisé un véritable miracle (redressement des finances, renforcement des capacités de production et d’égrenage…) en moins de trois ans de gestion.
Mais, ceux qui ne trouvaient pas leur compte et dont le business était compromis par cette gestion rigoureuse ont fini par obtenir la tête du doyen Kalfa Sanogo, qui brigue aujourd’hui la mairie de Sikasso. Et après moins d’un an d’une gestion catastrophique, son successeur a été aussi remercié le 12 octobre dernier après avoir dilapidé en partie les acquis et les performances de son prédécesseur. Malheureusement, le président de la République et le Premier ministre n’ont tiré aucun enseignement de cette erreur stratégique puisqu’ils viennent de suivre le ministre de l’Agriculture dans une nouvelle aventure politico-financière.
En effet, pour des considérations politiciennes, le ministre de tutelle a décidé de démanteler à l’Office du Niger une équipe qui laisse les commandes d’une entreprise souveraine (aux capitaux 100 % maliens) et qui a «réussi la prouesse de redresser une entreprise où la bonne santé financière n’a jamais été égalée depuis 20 ans». On peut les aimer ou ne pas les aimer, disent de nombreux travailleurs de l’O.N ainsi que des observateurs, mais on ne peut enlever à Boubacar Sow (DGA et PDG par intérim) et Ibrahima Coulibaly (Directeur administratif et Financier) le mérite d’avoir imposé la bonne gouvernance à l’Office du Niger, en léguant plus de 4 milliards de FCFA à leurs successeurs.
Loin de ces cadres qui viennent pour s’enrichir et enrichir leurs parrains, ils ont bâti leur réputation sur la rigueur professionnelle et l’intégrité morale. Mais, depuis le 10 octobre 2016, ils ont été «balayés comme des malpropres» ! La compétence et la rigueur sont-elles encore des références dans la gestion au Mali ? Comment peut-on sacrifier la culture d’entreprise au profit des intérêts d’un parti politique en quête de vaches laitières pour se donner une assise nationale ? Si c’est à cela que riment démocratie et multipartisme au Mali, nous aurions mieux fait de ne pas sacrifier tant de Martyrs pour leur avènement !