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Cité administrative : Trois minutes avec l’ex-chef rebelle Mahamadou Djéri Maïga
Publié le mercredi 19 octobre 2016  |  L’Indicateur Renouveau
Mali:
© AFP par AHMED OUOBA
Mali: les négociations entre les autorités maliennes et les groupes armés touareg ont été reportées en raison d’un blocage de dernière minute
Vendredi 7 juin 2013. Burkina Faso. Ouagadougou. Les mouvements touareg, avait pris place dans la grande salle du palais présidentiel censée abriter les discussions. Photo: Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du Mouvement national pour la libération de l`Azawad (MNLA)
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Un pur hasard m’a amené à partager un court instant (moins de trois minutes) avec un ex-chef rebelle du Nord, Mahamadou Djéri Maïga, présentement vice-président du MNLA et un des acteurs de la mise en œuvre de l’accords de paix au Mali.

Lundi 17 octobre 2016, vers 16 h 15, je sors d’une réunion au 3e étage du ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire. Pressé d’aller récupérer au jardin d’enfants mon petit garçon, je décide d’emprunter l’ascenseur. Je ne suis pas seul devant la machine. Deux hommes font le piquet et conversent en français.

Mon regard est attiré par l’un d’eux. Je le regarde et l’identifie immédiatement : c’est Mahamadou Djéri Maïga, le vice-président du MNLA du prétendu “Mouvement national de libération de l’Azawad”. Quand nos regards se croisent, d’une voix calme et polie, il me salue : a salam aleykoum. Par respect, je réponds : “Bonjour, vous allez bien ?”. “Alhamdoulillah”, répond-il.

Moins d’une minute après ces amabilités, l’ascenseur s’ouvre. Il s’y engouffre… et j’en fais de même. Son interlocuteur, en boubou marron, reste à quai. Nous sommes seulement deux à emprunter la machine pour le rez-de-chaussée. L’exiguïté de l’espace nous oblige à faire face-à-face. Je fixe du regard l’homme, engoncé dans un demi-boubou en Bazin de couleur bleu-ciel, coiffé d’un bonnet, deux téléphones portables en main. Le silence est pesant.

Cependant, certaines images taraudent mon esprit : la mort au quotidien de Maliens (civils et militaires) au Mali, les exécutions sommaire de 153 militaires maliens du camp d’Aguelhok, égorgés ou tués d’une balle dans la tête, le viol de nos sœurs à Gao et Tombouctou, l’occupation des villes du Nord, le coup d’Etat de 2012… Au fait, je fais une réminiscence de toutes ces monstruosités dont mon pays a été victime ces derniers temps.

Je ne cesse de regarder cet homme en face de moi. Cet homme, contre lequel le procureur de la République du Mali d’alors, Daniel Tessougué, a lancé un mandat d’arrêt international pour “terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, à l’intégrité du territoire national, l’emploi illégal de la force armée, la dévastation et le pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue”.

Cet homme, souvenez-vous-en, avait été arrêté le 16 juillet 2015, puis relâché quelques heures plus tard, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan par Interpol en possession de 600 millions de F CFA. Cet homme, arrêté aussi en octobre 2015 à Ouagadougou pour un “supposé” lien avec les putschistes de septembre au Burkina Faso.

Réflexe de journaliste, je ne peux m’empêcher cependant de m’adresser à l’homme. “Et l’application des accords de paix, c’est à quel niveau”. “C’est difficile, mais nous y arriverons. Bientôt, il y aura la paix inch Allah”, me répond-il calmement juste avant que l’ascenseur n’arrive au rez-de-chaussée.

D’un pas mesuré, il sort en premier. Contre toute attente, il me suit et me demande si nous étions en réunion avec le ministre de la Solidarité et de l’Action Humanitaire Hamadou Konaté. Je dis non. “Il m’avait pourtant dit qu’il serait là…”, ajoute-t-il.

Avant de reprendre ma voiture, je le vois ouvrir de loin, avec sa clé automatique, la portière d’une grosse et rutilante Toyota V8, couleur marron. Le temps que ma “charrette à gasoil” ne chauffe et démarre, je ne cesse de le regarder. Un dernier coup d’œil, je quitte la Cité administrative avec un sentiment de colère, de haine, de vengeance ; mais aussi de pardon.

En tant que simple citoyen malien, je viens de rencontrer un homme qui a pris les armes contre le Mali, qui a fait de la partition du Mali un fonds de commerce, qui plus est, circule librement et j’imagine, bénéficie de tout le confort nécessaire. Qu’Allah veille le Mali !

Sory Ibrahim Guindo

Ancien correspondant Agence Panapress
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