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Extrémisme violent : Du Mali, le Mujao s’exporte au Niger
Publié le mercredi 19 octobre 2016  |  Le Républicain
M.
© Autre presse par DR
M. Mohamed Bazoum, ministre d`Etat, ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l`Intégration Africaine et des Nigériens à l`Extérieur et président du Conseil des ministres.
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Invité de RFI, le mardi 18 Octobre, Mohamed Bazoum, ministre nigérien de l'Intérieur et de la Sécurité publique a évoqué l’attaque de la prison de Koutoukalé, le lundi 17 Octobre 2016. Le Niger fait sans doute face à un rouleau compresseur des jihadistes, après l'attaque du 6 octobre, qui a provoqué la mort de 22 militaires à Tazalit, à 300 km au nord-est de Niamey, et l'enlèvement d'un Américain vendredi 14 Octobre dans la même région. Ainsi, lundi 18, au petit matin, les jihadistes ont tenté de s'emparer de la prison de Koutoukalé, à 50 km au nord-ouest de la capitale, là où sont détenus de nombreux chefs islamistes.
Sur la provenance des assaillants, le ministre nigérien est formel qu’ils viennent de « la région de Gao, très certainement, ici à notre frontière du côté d’Ansongo et d'Amboukar ». Et s’agissant de leur groupe d’appartenance, « ils appartiennent à l’ex-Mujao ou le Mujao. Il s’agit certainement de jeunes Peuls qu’instrumentalise cette organisation, dont certains des chefs ont des bases dans une forêt pas très loin de la frontière du Niger et dans des montagnes qui sont aussi dans cette zone-là ».
On a parlé aussi d’Ansar Dine, mais, le ministre nigérien de l'Intérieur et de la Sécurité publique, Mohamed Bazoum, préfère ne pas s’attarder à savoir le sexe des anges, quand on sait que Ansar Dine et Mujao, ramènent au même dénominateur commun de la terreur, « pour nous au Niger tout ça c’est la même chose », persuade-t-il.
Dans ce camp de réfugiés maliens de Tessalit, « ceux qui étaient venus s’en sont pris uniquement – et c’était une opération chirurgicale rondement menée – à nos forces. Donc c’est des terroristes qui sont venus pour semer la terreur, montrer qu’ils sont forts et rechercher l’effet d’éclat. Et tant qu’il n’y aura pas de paix au Mali il n’y aura pas la paix au Niger », a déclaré Mohamed Bazoum. Après leurs forfaits, ces assaillants se seraient repliés vers le nord Mali.
La terreur au Niger
Ce lundi matin, « ils ont attaqué avec un armement plutôt lourd ! Ils ont utilisé des RPG-7, des F-80, ils sont venus en nombre. Mais compte tenu du dispositif en place nous avons pu les tenir en respect et lorsqu’ils ont compris que c’était difficile qu’ils pénètrent dans la prison et alors qu'il commençait peut-être à faire jour, ils se sont repliés et ont pu s’enfuir laissant un mort et transportant un autre », selon Mohamed Bazoum. Un autre avait essayé de se faire exploser avec une ceinture qu’il n’a pas pu actionner avant d’être abattu à distance.
Le ministre nigérien de l'Intérieur et de la Sécurité publique, Mohamed Bazoum, en certifiant la provenance malienne des assaillants et leur appartenance au MUJAO ou Ansar Dine (peu importe) et en soutenant que « tant qu’il n’y aura pas de paix au Mali il n’y aura pas la paix au Niger », interpelle sans doute les autorités maliennes sur leur devoir et l’obligation pour l’Etat malien d’asseoir sa souveraineté sur l’ensemble de notre territoire national. L’intervention du ministre nigérien sonne comme un rappel de celle de Tiebilé Dramé sur RFI, il y a environ cinq mois (le 26 mai dernier). L’ancien ministre des Affaires étrangères du Mali et président du Parena, un parti d’opposition signalait : « Nous n’arrivons pas à stabiliser notre situation intérieure, à mettre fin aux attaques. Et ce sentiment que les choses ne bougent pas, qu’on n’avance pas, le processus de paix est dans l’impasse. Et comme conséquence, nous exportons l’instabilité chez nos voisins. Les attaques contre Le Cappuccino à Ouagadougou en janvier, l’attaque contre Grand-Bassam sont de toute évidence parties du Mali et perpétrées par des Maliens. Vous voyez, il y a comme une sorte de métastase de la situation au Mali ». Aujourd’hui, des expéditions punitives parties du Mali se poursuivent, et la situation au nord échappe totalement au gouvernement malien. Et Tiebilé de poursuivre, « le Mali est aujourd’hui un pays fermé, coincé, un pays en danger. Vous avez donc les jihadistes d’un côté. Mais vous avez de l’autre côté, les mouvements signataires de l’accord d’Alger qui étaient au commencement du processus antagonique…Vous avez également le gouvernement du Mali, un faible leadership qui donne l’impression d’être débordé, dépassé. Je crois qu’il y a une urgence à réagir face à cela, à relancer le processus de paix, à sortir de cet immobilisme politique qui grippe le processus de résolution de la crise du Nord ».
Tiebilé a eu tort d’avoir raison
Face à cette situation le pouvoir ne s’en meut point. Au contraire, cette déclaration a valu à Tiebilé Dramé d’être répondu par le ministre Porte parole du gouvernement de l’époque, le Dr Choguel Kokala Maïga. Ainsi disait-il de Tiebilé Dramé : « Je pense que fondamentalement, il a tort. Dire que le Mali exporte le terrorisme, relève pour le moins d’une déclaration hasardeuse parce que tout le monde sait, par les temps qui courent, que les terroristes ne connaissent ni frontières, ni limites, ni nationalités. Ils frappent partout ». Le gouvernement a fait le choix de la politique de l’autruche pour mieux s’installer dans un immobilisme béat. Mais ne fallait-il pas attendre longtemps avant de voir le Burkina Faso du président Roch Marc Christian Kaboré exprimer ses inquiétudes face au risque de ces mêmes incursions dont le Niger se plaint aujourd’hui. En effet, le Burkina Faso, plus gros contributeur au sein de la force onusienne au Mali (Minusma), a souhaité qu’une partie de ses hommes soient redéployés à la frontière entre les deux pays afin de limiter les incursions d’éléments armés sur son territoire. « Nous avons demandé au niveau de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) au Mali de pouvoir redéployer un de nos bataillons vers la frontière entre le Mali et le Burkina Faso », a déclaré dans la nuit de dimanche 5 à lundi 6 juin 2016, le président Kaboré à son retour d’un sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao). « Nous avons engagé cette discussion aussi bien avec le représentant spécial (du secrétaire général) de l’ONU à Dakar (Mohamed Ibn Chambas) mais également avec le président (malien) IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) », a indiqué M. Kaboré, soulignant que l’objectif était de « sécuriser beaucoup plus notre frontière du Nord ».
Le Burkina Faso est le plus gros contributeur de troupes au sein de la Minusma avec deux bataillons de 850 hommes. Le premier est basé à Tombouctou et le deuxième près de Gao, deux des principales villes du nord du Mali, jadis occupées par les groupes armés. Depuis avril 2015, les attaques meurtrières à sa frontière nord avec le Mali étaient devenues fréquentes. Six personnes -trois policiers, deux gendarmes et un civil- ont été tuées dans des localités situées au nord du Burkina Faso, frontalières du Mali et du Niger depuis avril 2015, selon un décompte établi par l’AFP. Ces attaques ont culminé le 15 janvier lorsqu’un commando jihadiste a pris d’assaut plusieurs hôtels et restaurants en plein centre de Ouagadougou, tuant 30 personnes -majoritairement des étrangers- et en blessant 71. Le Burkina Faso, qui partage plus de 1.000 km de frontière avec le Mali, a déployé en 2012 un bataillon de 700 hommes pour sécuriser sa frontière avec le Mali et le Niger mais cela n’a pas empêché jusque-là les groupes armés « non identifiés » et les jihadistes de faire des incursions meurtrières. Le Burkina avait déjà annoncé mi-mai vouloir retirer son contingent de 850 hommes au sein des Casques bleus au Darfour pour faire face aux menaces sur son propre sol.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali
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