C’est par un décret pris en session extraordinaire du Conseil des ministres du vendredi 14 octobre 2016 que le gouvernement a officiellement autorisé l’installation des autorités intérimaires. Si dans toutes les régions concernées la question suscite encore des remous et des supputations, à Gao, le mouvement de résistance de la société civile dénonce une gestion unilatérale du dossier et met en garde le gouvernement et la Communauté internationale contre toute installation des autorités intérimaires sans une concertation préalable de la population de Gao.
L’on se rappelle que les jeunes de Gao avaient violemment protesté contre cette mesure découlant de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Ils avaient organisé une manifestation qui avait été violemment réprimée en son temps, occasionnant même des pertes en vies humaines.
A l’annonce de la mise en œuvre de la mesure le vendredi dernier, c’est le mouvement de résistance de la société civile de Gao qui a mis le pied dans le plat à travers un communiqué, le rejetant autant sur la forme que dans le fond.
Le mouvement, dans son communiqué, a été on ne peut plus clair : « la liste des représentants des autorités intérimaires a été constituée sans consultation préalable de la société civile de Gao et à ce titre, nous, mouvement de résistance de la société civile de Gao, rejetons avec la plus grande fermeté cette liste sélective et non consultative. Nous avons toujours réclamé qu’il faut œuvrer pour la consultation.
Le point de vue de nos populations doit être au centre de toutes les actions qui concourent à une paix durable. A cet effet, le mouvement de résistance de la société civile demande à l’Etat, à la Plateforme de reconsidérer leur position par rapport à la liste proposée pour les autorités intérimaires en prenant en compte les mouvements de résistance civils et les femmes qui n’ont pas été associés à cette liste ». Voilà de quoi remettre de l’huile sur le feu. Si l’on sait que des responsables de ces mouvements nous ont confié qu’ils ne céderont jamais devant une telle proposition.
Pendant les manifestations de Gao, que certains ont qualifiées de massacre, la jeunesse a crié à la trahison et au complot. «Nous ne sommes pas d’accord avec les autorités intérimaires. Ceux qui ont volé le pays ne peuvent pas revenir nous imposer leur loi. La situation qui prévaut à Gao est l’une des conséquences de l’accord signé par le gouvernement. Nous condamnons l’inaction du Président IBK face à la dégradation de la situation du pays.
Il faut une réappropriation nationale et démocratique du processus de sortie de crise et un redéploiement des autorités nationales légales et légitimes sur l’ensemble du territoire malien. Nous invitons les forces vives de la nation à rester vigilantes face au complot de partition du Mali dont l’accord n’est qu’une étape. IBK doit comprendre que la résistance ne fera pas défaut face aux ennemis de notre pays», avait indiqué Moussa Boureima Yoro, le président des Mouvements de résistance civils.
Suite à leur communiqué cité ci-dessus, son langage n’a pas changé. Il nous confie au téléphone: « le sens de notre combat vise juste à dire non aux autorités intérimaires. Car nous ne sommes pas d’accord que des aventuriers, des bandits armés qui ont toujours les armes conduisent les destinées de nos populations.
Maintenant si l’on dit que c’est une disposition de l’Accord, alors que ces autorités intérimaires soient issues des populations autochtones et qui partagent le même destin que les populations. Il faut qu’on soit associé, que l’on soit consulté ou bien qu’on renonce à cette mesure. C’est la seule condition pour qu’on puisse accepter. Après les événements de Gao, on nous a fait des promesses qui n’ont jamais été respectées.
Une chose est sûre : on est prêt comme d’habitude à aller jusqu’au bout de notre action. Jusqu’à ce que l’Etat décide de nous prendre au sérieux. Mais pour l’instant, nous sommes en consultation avec d’autres organisations de la société civile pour accorder nos violons dans la perspective où on ne serait pas écouté.»
Voilà une situation qui n’est pas faite pour arranger les choses, sachant bien que les jeunes de Gao ont une particularité, celle de ne jamais lâcher prise. Ils l’ont prouvé à plusieurs reprises. Et surtout lorsque le leader Moussa Boureima Yoro affirme: «on est prêt à aller jusqu’au bout au prix de notre sang. Si on n’a pas eu peur lors de l’occupation, il n’y a pas de raison que nous ayons peur aujourd’hui. Notre combat est noble et nous sommes déterminés.»
Du coté de l’Etat, aucun mot n’est pipé sur la situation, quand bien même que les préoccupations du mouvement de résistance civile lui soient parvenues. Car le gouvernorat de Gao est ampliateur du communiqué.
En attendant de voir la réaction du gouvernement, force est de reconnaitre qu’il y a péril en la demeure quant à l’installation des autorités intérimaires, du moins à Gao.