Au Mali, la situation sécuritaire se dégrade au nord et au centre, où les attaques contre l’armée et les forces onusiennes se multiplient. Selon le dernier rapport de l’ONU, 53 soldats maliens et 17 casques bleus ont été tués lors d’attaques ces trois derniers mois.
Au Niger, voisin, en l’espace d’une semaine deux incidents ont été enregistrés. Le vendredi 14 octobre, un ressortissant américain a été enlevé par des hommes armés à Abalak (au nord-est de Niamey). Selon les autorités nigériennes, les auteurs du rapt se sont enfuis vers le Mali.
Le lundi 17 octobre, une attaque a visé la prison de Koutoukalé (à une cinquantaine de kilomètres de Niamey) où sont détenus de présumés djihadistes (maliens et nigériens). Là encore, on indique que cette attaque est l’œuvre de combattants djihadistes venus du Mali.
Là-dessus, Mohamed Bajoum, ministre nigérien de l’intérieur et de la sécurité civile, est précis : « C’est des terroristes. Ils sont venus pour semer la terreur et montrer qu’ils sont forts. Et tant qu’il n’y aura pas de paix au Mali, il n’y aura pas de paix au Niger… ».
Cette insécurité n’épargne pas aussi un autre pays voisin du Mali : le Burkina Faso. En effet, une position de l’armée burkinabé a été attaquée, la semaine dernière, par un groupe d’hommes armés. L’attaque a eu lieu dans la localité d’Intagom, non loin de la frontière malienne. Tout comme au Niger, les autorités burkinabés pointent du doigt le Mali. Selon elles, les assaillants se sont repliés vers notre pays avec un lot important de matériels...
C’est dire que la sous-région devient une poudrière avec la montée en puissance de groupes et/ou groupuscules armés. Ils frappent presque simultanément dans les trois pays : Mali-Niger et Burkina Faso. Cette situation inquiète aujourd’hui beaucoup de dirigeants des pays de la sous-région. Pour sa part, la Cedeao a, dans un communiqué, condamné les récentes attaques intervenues dans les trois pays membres de cette organisation.
Cependant, la menace terroriste qui se répand actuellement dans la sous-région n’est pas un phénomène nouveau. Cette menace est la conséquence de l’autisme de dirigeants de certains pays de la sous-région qui sont restés sourds aux nombreux appels et mises en garde de l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré, au sujet des dangers qui guettent l’ensemble de la sous-région.
En effet, au début de la dernière rébellion malienne (2012) et même avant, le président Touré, ne cessait d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les dangers qui planent sur la bande sahélo-saharienne. A maintes reprises, ATT l’a affirmé : « la menace terroriste ne concerne pas que le Mali. Elle concerne tous les pays de la sous-région.
C’est pourquoi, il faut aller à la tenue d’une conférence sous régionale sur la sécurité, la paix et le développement ». Cet appel pressant, lancé déjà en 2008 par ATT, n’a jamais été entendu, ni par nos voisins, ni la communauté internationale. Aujourd’hui, l’évidence est là. Mais, l’histoire retiendra que quelqu’un avait prévenu…
C H Sylla
Source: L'Aube