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Mali : Est-ce cette rançon qui a perdu ATT ?
Publié le lundi 18 fevrier 2013  |  L`événement-bf




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Alors que les armées françaises et leurs supplétifs africains avancent à grands pas dans la reconquête des territoires autrefois occupés par les groupes islamistes, des polémiques se font jour. Entre le médiateur et le gouvernement malien sur l’opportunité de négocier ou non avec la dissidence de Ançar Dine, et maintenant cette allégation de rançon versée par la France à AQMI.



Sarkozy a-t-il versé une rançon pour récupérer ses otages enlevés en septembre 2010 à Arlit sur le site d’AREVA ? La personne qui révèle l’information est tout sauf un plaisantin. Madame Vicki Huddleston a été ambassadrice américaine au Mali de 2002 à 2005. Puis elle a occupé le poste de chargée des « affaires africaines » au Secrétariat à la Défense de juin 2009 à décembre 2011. Au moment de l’enlèvement des otages, en septembre 2010, elle était dans une fonction stratégique « chargée des affaires africaines » au Pentagone qui lui permettait d’être relativement bien informée.



Que sait-on de cette affaire de l’enlèvement des français de AREVA ? Quel groupe ?

Il semble, selon les spécialistes de AQMI, que c’est le groupe de Abou Zeid (son vrai nom serait Mohamed Ghédir, né dans la ville frontalière avec la Libye, Debded), qui aurait conduit l’enlèvement des français de Areva, à Arlit au Niger. Un enlèvement inscrit dans une idéologie djihadiste fondée sur le principe de semer « la terreur contre les apostas ». La Katiba de Abou Zeid, au nom de ce principe, est connue pour être sanguinaire et intraitable, donc extrêmement craint des services occidentaux. En 2009, il n’avait pas hésité à assassiner le britannique Edwin Dyer, alors que son Emir Droukdel l’avait instruit de l’échanger contre Abou Qoutada, un proche de Ben Laden, détenu en Angleterre. En juillet 2010, Michel Germaneau, un français, croisait, pour son malheur, les hommes du même Abou Zeid. Les circonstances de la mort du retraité français n’ont toujours pas été clairement établies. Enlevé le 19 avril 2010 au Niger, ses ravisseurs disent l’avoir exécuté, après l’opération commando conjoint franco-mauritanien pour le libérer en juillet de la même année. Cette exécution de Michel Germaneau, que le groupe djihadiste dit avoir exercé, en représailles à l’opération commando pour sa libération, a eu un retentissement en France. Elle a conduit Sarkozy à se tenir à distance du boutefeu mauritanien, Abdoul Aziz. Le gouvernement de ATT qui essuyait déjà des critiques de mollesse vis-à-vis des chefs AQMI installés au nord de son territoire, est revenu, momentanément, en grâce après cette exécution de Germaneau, auprès de Paris. Cette affaire Germaneau n’avait pas été encore digérée qu’en septembre 2010, le même groupe de Abou zeid réussissait l’exploit d’enlever, sept expatriés français, travaillant pour le groupe AREVA au Niger. Cette fois, c’est vraiment la panique à bord, quand l’identité des ravisseurs a été connue.

Sarkozy s’en remet alors à ATT, principalement, mais aussi à certains acteurs clés, comme les burkinabè et les nigériens. Alors entre en jeu des intermédiaires comme Iyad Ag Ghali, missi dominici de ATT, mais il n’est pas seul. Les français activent tous les réseaux possibles et imaginables.



Bamako à la manœuvre

Contrairement à l’opération commando franco mauritanienne pour libérer Germaneau dont ATT n’a été informé que le jour même, au moment de son déclenchement, alors qu’il devait se réaliser sur son territoire, cette fois la France veut s’en remettre principalement à Bamako. Les choses débutent même relativement bien. ATT mandate le futur chef d’Ançar Dine, Iyad Ag Ghali, pour rentrer en contact avec Abou Zeid, qu’il avait déjà croisé, dans les négociations précédentes pour la libération des otages, notamment en avril 2003. En ce moment-là Abou Zeid était encore un fidèle lieutenant de Abderrazak el Para, un des chefs du GSPC. Il obtient dans un premier temps, que la vie des otages soit épargnée. Il assure Abou Zeid que la France n’entreprendra rien pour libérer les otages par la force. Il négocie aussi la possibilité d’une rencontre avec un émissaire de Paris. Mais c’est Ahmada Ag Bibi, un député touareg malien, ami de Iyad, et connu pour avoir trempé dans plusieurs affaires sales, qui accompagnera le colonel Jean Marc Gadoullet, un ex officier de la DGSE, dans le repère djihadiste, rencontrer Abou Zeid. Les choses s’enclenchent bien et l’émissaire français obtient la libération de trois des sept otages français. Puis les choses se bloquent. Dans quelques vidéos, preuves de vie des otages, les messages dictés aux otages étaient allusifs. Sans être explicites, les contenus laissaient entrevoir que les ravisseurs attendaient quelque chose avant de libérer leurs prisonniers.



Qui a mangé la rançon ?

Il est évident que la parole de l’ex ambassadrice américaine à Bamako Vicki Huddleston est à prendre au sérieux. La rançon comme elle le dit n’est pas payée directement aux ravisseurs. Peut-être même, pas totalement par le même canal. Les 17 millions de dollars ont dû transiter par des intermédiaires avant qu’une partie n’arrive aux ravisseurs. Dans cette affaire on connaît aux moins deux intermédiaires mandatés par Bamako ; Iyad et son ami et complice des basses besognes, le député touareg Ahmada Ag Bibi.
Mais on savait aussi l’entourage immédiat de ATT très ripou. Cette rançon de 17 millions a-t-elle été complètement détournée ou suffisamment pour mécontenter Abou Zeid ? Coïncidence ou pas, après cet épisode, la France ne ménagera plus ATT. Les critiques deviennent même très acerbes. Nous sommes en fin 2011. Le MNLA commence à rencontrer une oreille bienveillante à Paris, mais aussi dans les capitales « amies et inconditionnelles », Ouagadougou et Nouakchott.

Quand Sanogo et ses amis renversent ATT en mars, la France condamne mollement. Elle n’exigera pas le retour de celui-ci au pouvoir. Est-ce fortuit ?



Les autres réseaux des affaires otages

Le Burkina Faso est à l’avant poste pour les libérations des otages. Le président burkinabè, Blaise Compaoré, s’est constitué des réseaux au sein de ces groupes touaregs d’abord, puis islamistes ensuite. Il agit à travers trois de ses hommes, Djibril Bassolet, Gilbert Diendéré et Chafi, d’origine mauritanienne. Ce dernier a permis les contacts avec les djihadistes, à travers certains de ses frères et camarades de lutte contre le régime de Ould Taya. Parmi eux le fondateur du Mujao Hamada Ould Mohamed Kheirou. Ancien de AQMI, dont il s’est émancipé parce que les algériens monopolisaient tout dans l’organisation, il a gardé de solides liens avec tous les chefs djihadistes ; Moktar Belmoktar, Abou Zeid et même l’Emir Droukdel. Ce serait par son intermédiaire aussi, que certains cercles du pouvoir burkinabè feraient affaire avec le Mujao. Des noms emblématiques sont cités, mais il est difficile de le vérifier. Ce dont il faut se souvenir c’est cette accusation, il y a quelques mois, des services français, qui soupçonnaient le passage des armes à travers le territoire du Burkina en direction du Mujao.



Controverse avec Dioncounda

L’information sur les rançons est venue éclipser momentanément, la controverse qui commençait à naître entre Blaise Compaoré et Dioncounda Traoré, à propos des « invités » des négociations à venir. Le Burkina Faso s’était empressé d’annoncer son intention d’accueillir la reprise des négociations et même de désigner par avance, ceux qui devraient y participer et ceux qui s’étaient disqualifiés par leur comportement. Cela n’avait pas plu, du tout, à Bamako. L’affable Dioncounda a dû forcer sa nature pour contredire le médiateur de la CEDEAO. Première mise au point, le Burkina n’allait plus organiser la négociation, mais la faciliter. Deuxième mise au point, le Burkina ne pouvait pas imposer au Mali un interlocuteur. Le MIA que le Burkina avait désigné et qualifié comme « la branche saine » de Ançar Dine est considéré à Bamako, comme « des gens qui reviennent avec une nouvelle peau ». Pour joindre l’acte à la parole, un mandat d’arrêt a été émis par le procureur de Bamako, contre les membres de Ançar Dine et du MNLA. L’affaire est donc close. Ou du moins l’affaire devient délicate. Avec ce mandat d’arrêt que Bamako transmettra, on s’en doute, à Ouagadougou, ça va devenir embêtant. Le médiateur ne pourra plus inviter ces gens là à une table de négociation, sinon c’est d’office s’aliéner le gouvernement malien. Par ailleurs dans le cadre de l’entraide judiciaire entre les pays de l’UEMOA, on ne voit pas comment le Burkina pourrait ne pas exécuter le mandat au risque de provoquer un incident diplomatique. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça promet.

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