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Restructuration des bérets rouges : Sagesse et clairvoyance
Publié le lundi 18 fevrier 2013  |  Le Prétoire




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Le Premier ministre serait parvenu à un accord dans l’affaire qui divise les forces armées et de sécurité. Le corps des Bérets rouges ne sera plus dissous, comme le voulaient les putschistes du 22 mars 2012, mais restructuré. C’est la formule que le gouvernement, qui, comme d’habitude soigne les maux douteux avec des mots ambigus, a trouvé pour qualifier l’avenir du 33ème Régiment des commandos parachutistes. De plus, ce corps à restructurer ne quittera pas son camp de Djicoroni Para, aura droit à un centre d’instruction, sûrement animé par des Européens, et participera à la guerre des sables, aux côtés des forces africaines et française.

Cet accord aurait dû être trouvé depuis très longtemps car procédant de la sagesse et de la clairvoyance. Le 33è Régiment des commandos parachutistes est un corps d’élite formé pour les opérations spéciales. Une de ses missions est la protection et la sécurité du président de la République. Lors de la rébellion des années quatre-vingt-dix, les Bérets rouges ont eu à jouer un rôle déterminant, ayant fortement contribué à mettre fin à l’insurrection des mouvements et fronts de l’Azawad. Si du temps du général président Moussa Traoré, les commandos parachutistes, dont un certain Amadou Toumani Touré, ont suivi plusieurs formations et stages, faisant d’eux les enfants chouchous des armées, ils étaient loin d’être privilégiés sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré (1992-2002) et celle d’ATT (2002-2012). Au contraire, ils ont subi le même triste sort que tous les autres corps des forces armées et de sécurité. C’est-à-dire que de manière générale, tous les militaires ont été délaissés et négligés pour des raisons obscures et connues des seuls pouvoirs publics.
Le cri de révolte des femmes de militaires, il y a un an, et la mutinerie de la troupe, quelques semaines plus tard, ont vite fait d’alerter l’opinion publique sur les conditions dramatiques et héroïques dans lesquelles vivent les forces armées, notamment celles qui sont au front. Cette alerte a été justifiée en fin mars, quand, après le coup d’Etat contre ATT, le 22 mars, les trois régions du nord sont tombées en l’espace de seulement trois jours entre les mains de groupes armés jihadistes et sécessionnistes. Après la débâcle de l’armée qui a abandonné le nord, la situation de l’armée s’est encore dégradée avec la lutte fratricide entre, d’une part, les Bérets rouges, d’autre part, tous les autres corps des forces de défense et de sécurité, Bérets verts en tête.
A l’époque, certains des Bérets rouges, très proches du président Att, avaient été accusés d’avoir tenté un contre coup d’Etat. Et effectivement, ils s’étaient emparés de la chaine nationale pour adresser un message à la nation avant de se lancer à l’assaut de la ville garnison de Kati, siège des putschistes. La riposte ne se pas fait attendre et l’initiative des Bérets rouges a été réprimée dans le sang. Plusieurs des commandos parachutistes seront arrêtés illégalement, détenus arbitrairement à Kati, avant d’être livrés à la vraie justice. Ils seront accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat alors qu’ils ne se sont attaqués à aucune institution de la République, n’ont menacé que les auteurs du putsch du 22 mars, lesquels sont loin de constituer une institution.
Aujourd’hui plusieurs d’entre eux sont libres et désireux d’aller se battre sur le front. Restructuré, ce corps a maintenant l’aval des autorités politiques et de la hiérarchie militaire. Le choix, comme déjà dit, est sage et clairvoyant car les Bérets rouges auront leur partition à jouer. Et, surtout, ils ont la volonté d’aller au front contrairement à plusieurs de leurs collègues qui, eux, préfèrent le confort douillet des bureaux où ils s’endorment rapidement sous le ronronnement discret des climatiseurs. Ayant appris à rouler en 4X4 V8, ils ne veulent plus retrouver l’inconfortable intérieur des jeeps et Brdm. Mais surtout, ils ne veulent plus exposer leur vie là où des étrangers s’activent à leur place.
C’est d’ailleurs à cette mentalité que les sessions de formation et d’instruction militaires doivent s’attaquer au plus tôt. Le Mali a plus que jamais besoin d’une armée républicaine et soumise à la décision du pouvoir politique. Les Bérets rouges et bien d’autres déjà au front l’ont déjà compris. Reste à le faire comprendre à ceux qui tergiversent encore.
Cheick Tandina

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