Seize mois après sa signature entre l’Etat, les groupes rebelles et la médiation internationale, l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, est plus que jamais dans l’impasse. En proie à une insécurité grandissante et récurrente engendrée par le banditisme et le terrorisme causant de nombreuses victimes militaires et civils, les régions septentrionales de notre pays, comme pour davantage aggraver leur situation très déplorable, voient naître d’autres mouvements armés.
Lesquels, au-delà d’être des transfuges de mouvements existants, affichent clairement leur appartenance tribale. Comme si cela ne suffisait pas, le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) sorti des entrailles de la CMA (MNLA, MAA et HCUA), les Forces patriotiques de résistance (CMFPR2) et le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) qui se réclame des Kel Ansar, réfutent ardemment le choix des autorités intérimaires. Un choix qu’ils considèrent comme non inclusif. Quid des populations locales ?
Celles-ci et la société civile demeurent vivement opposées à l’idée d’installation des autorités intérimaires dans les régions du nord. Elles l’ont martelé il y a seulement trois mois, lors d’une grande marche fortement réprimée dans le sang. Des mouvements de résistance civile ont même averti qu’ils feront tout afin que leurs régions ne soient pas administrées par des gens qui ne « sont pas habilités à les représenter ». Ils expliquent leur refus des autorités désignées par leur non légitimité populaire mais aussi du fait que bon nombre d’entre eux n’étaient que des bourreaux pendant l’occupation.
Par ailleurs, la pomme de discorde s’agrandit davantage avec le cantonnement et le processus de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR) des ex-combattants qui sont au point mort. Toutes choses qui ne permettraient pas le respect du chronogramme consensuel de 2017 par les signataires de l’accord. Un climat qui n’est pas de nature à favoriser l’instauration de la paix et la quiétude tant espérées par les populations locales, lasses des épreuves d’insécurité endurées dans leur quotidien.
En raison de toutes ces difficultés égrenées, l’Etat malien, la médiation et la communauté internationale devront, sans aucun complexe, prendre toute leurs responsabilités. Même si cela nécessite de revenir en arrière pour rendre inclusive, aux fins de l’aplanir, la liste des autorités intérimaires. Condition sine qua non qui permettrait de calmer et rassurer tous ceux qui se sentent aujourd’hui marginalisés dans le processus de résolution de la crise multidimensionnelle que continuent de vivre les populations des régions septentrionales du Mali.
Gaoussou M. Traoré