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Commémoration : Comment le RDA est né il y a 70 ans
Publié le lundi 24 octobre 2016  |  Le 22 Septembre
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Dans le cadre de la célébration du 70 eme anniversaire du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), le bureau politique de l’U M- RDA faso jigi, a organisé, le samedi 22 octobre, à la Maison de la Presse, une Conférence pédagogique sur le thème « le Combat de l’Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain pour l’Union Politique au Soudan »

Cette conférence était animée par Modibo Diakité, président de l’Association des historiens du Mali. En présence des cadres et anciens dirigeants du parti de l’indépendance, des membres de l’association Sèkèsi du grand griot Madani Kouyaté ; et de plusieurs autres invités.

A la faveur de cette commémoration, 22 Septembre a dépoussiéré les archives pour vous proposer un point d’histoire relatif à la naissance du RDA. Lisez plus tôt.



Le Rassemblement démocratique africain est créé lors du Congrès de Bamako, du 18 au 21 octobre 1946. C’est dans un contexte de volonté de la métropole coloniale française d’assimiler plus fortement encore les élites des territoires d’Outre Mer, que les partis politiques africains se créent. Ils sont d’abord associés aux partis politiques français, comme la SFIO (prolongée au Sénégal par la Fédération du parti socialiste du Sénégal) ou le Parti communiste dont les Groupes d’études communistes devaient créer des partis ou mouvements anticolonialistes2. Certains élus africains appellent à un rassemblement à Bamako en octobre 1946. Le ministre socialiste de la France d’Outre-Mer, Marius Moutet, fait pression sur les élus socialistes pour les empêcher de participer au Congrès. Les délégués de l’Afrique-Équatoriale française ne purent pas participer au Congrès. De plus, sur les conseils de leurs parrains français, les socialistes africains, Léopold Sédar Senghor et Lamine Guèye en tête, boycottent le congrès de Bamako, attitude que L. S. Senghor reconnaît, par la suite, comme « une erreur »3. Le congrès, sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, aboutit à la création du Rassemblement démocratique africain, fédérant des partis politiques locaux sur la base de l’anticolonialisme. Cette fédération des partis politiques africains rassemble à ses débuts l’Union démocratique sénégalaise, l’Union soudanaise, l’Alliance pour la démocratie et la fédération de Haute-Volta.L’aspiration première du RDA est de rassembler la plus large union de forces politiques africaines, au-delà des clivages politiques, religieux, et culturels. Ainsi, la circulaire du Comité de coordination du RDA, le 26 février 1947 en pose les préceptes : le RDA est « une réalité indépendante des conceptions philosophiques ou religieuses, des affinités ethniques, de la situation sociale ». L’union des partis politiques africains par le RDA s’est ainsi constituée sur un programme minimum, pour la lutte contre la domination coloniale des africains. On retrouve dans la circulaire du comité de coordination du RDA, le discours équivoque de Félix Houphouët-Boigny : « La résolution exprime les idées fondamentales qui seront la base du Rassemblement : élaboration d’une politique qui reconnaisse et favorise le lieu, l’expression de l’originalité africaine en rejetant toutes les entraves d’une fausse assimilation. […] L’objectif essentiel du rassemblement est de réaliser à tous les échelons de l’organisation politique l’union que manifestent les africains. Sa tâche primordiale, dans la période actuelle, est donc l’union de toutes les forces anticolonialistes à l’intérieur de chaque territoire ».

Le RDA est en large partie composé de partis politiques et de membres très proches du communisme en général, du PCF et de l’Union soviétique en particulier. Pour des raisons d’efficacité et tactiques, la totale indépendance du RDA aux partis politiques français, et son positionnement au-delà des clivages politiques ne peuvent être conservés (Félix-Houphouët Boigny entre d’ailleurs en 1956 dans le gouvernement français). Le soutien du PCF au Rassemblement donne à la fédération des partis un poids conséquent dans la politique française, et le groupe s’apparente en 1947 au groupe parlementaire du Parti communiste à l’Assemblée nationale.

Le RDA ne constitue pas pour autant un parti politique traditionnel, mais plus un cadre de coopération des élus socialistes et communistes africains, permettant une action unitaire en matière de revendication des droits des africains. Ses membres élus restent principalement représentants de leurs partis locaux, avec leur mode de fonctionnement propre. Ainsi, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) est une des sections du RDA.

L’hétérogénéité des idéologies des partis, dominés par les partis communistes créé toutefois, dès les débuts du RDA un climat favorable à de nombreuses remises en question. Dès le congrès de Bamako, les liens des leaders du Congrès avec les communistes français suscitent une controverse, et Fily Dabo Sissoko s’oppose à de nombreuses orientations du Congrès. L’orientation communiste se matérialise par la création des Indépendants d’Outre Mer, supposés concurrencer le RDA, et plusieurs sections locales du RDA font sécession. Enfin, Félix Houphouët-Boigny et Gabriel d’Arboussier, cofondateur du RDA entrent en désaccord profond sur la stratégie que doit adopter le RDA.

Cependant, les répressions contre le Rassemblement dans les années 1949-1950 entraîne le renouveau de l’intérêt des intellectuels , avocats africains pour le parti fédéraliste. La décennie 1950 est le moment d’effervescence du parti, qui est à l’origine d’un grand élargissement de son audience6. Dans ce contexte, en 1957 est créée l’Union syndicale des travailleurs de l’Afrique noire instiguée par le RDA.

Le RDA et les indépendances : l’éclatement

Dans les années 1960, les territoires d’outre-mer d’Afrique occidentale et équatoriale françaises deviennent des États indépendants. Les différents chefs d’États africains peinent à s’entendre quant à l’application des préceptes de fédéralisme prôné par le RDA. Si des unions de type fédéral se mettent en place, comme la Fédération du Mali – regroupant le Sénégal et le Soudan Français, actuel Mali -, elles ne s’inscrivent pas dans la durée et les divergences politiques des leaders des indépendances se posent en obstacles de taille7.

Autre obstacle à la concrétisation des desseins du Rassemblement, l’inégale présence des sections du RDA en Afrique est majeure. Le mouvement s’est pour l’essentiel focalisé sur les territoires des ex-colonies françaises, rendant difficile une union large des États africains. De plus, le cœur des territoires du RDA est, de fait, l’ancienne AOF, laissant souvent les territoires d’Afrique équatoriale de côté.

Ces difficultés n’ont toutefois pas été considérées comme un échec du RDA. Au contraire, l’absence de mouvement fédéraliste large et de longue durée en Afrique a posé sur le RDA une image mythique d’un parti d’un parti se voulant incarner un idéal africain d’indépendance, et d’exemplarité politique. Aujourd’hui, le RDA incarne encore l’idéal-type du panafricanisme et de l’anticolonialisme.

Adama Bamba

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