Afin de ne plus « entraver l’aptitude d’honorer ses obligations en matière de respect de l’immunité diplomatique », le ministre Sud-africain de la Justice a fait part au Secrétaire Général des Nations-Unies, du retrait pur et simple de son pays, à partir du vendredi 21 octobre, de la CPI. Cette décision permettra à ce pays de ne plus être obligé de répondre à l’injonction d’exécuter un mandat d’arrêt international sur son sol, à l’image de qui avait visé le président Soudanais lors d’un sommet à Johannesburg. Le pays de Nelson Mandela rejoint ainsi le Burundi, premier pays africain à claquer la porte de cette juridiction internationale. Ce retrait va-t-il provoquer un effet domino ?
De plus en plus dans le collimateur des Etats et des opinions africains qui considèrent qu’elle ne s’acharne que sur leurs dirigeants, la CPI est fortement suspectée de néocolonialisme. Ainsi, à force de voir quasiment les seuls africains interpellés par cette Cour de Justice internationale depuis sa création, nombreux sont aujourd’hui les Chefs d’Etat et dignitaires du continent noir à afficher leur volonté de la faire quitter par leurs pays. Au dernier sommet de Kigali, même s’il n’est pas partagé par tous, un certain nombre des 34 pays africains membres de la CPI ont adopté la proposition kenyane d’élaborer une « feuille de route pour un retrait ».
Les avis sont ainsi divers à partir du moment où les Etats n’éprouvent pas le même intérêt. Le Rwanda, l’Ethiopie et le Cameroun n’ont toujours pas ratifié le Traité de Rome. Par contre d’autres qui l’ont fait, en sont les fervents défenseurs. La Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Sénégal constituent la tête de proue de ce peloton. Des pays comme l’Ouganda, même s’ils n’estiment pas la Cour de Justice de la Haye, continuent tout de même de collaborer.
Une rupture totale du continent n’est alors pas à l’ordre du jour. Le sommet de Kigali l’a bien prouvé, dès lors que les représentants africains ne sont pas parvenus à faire l’unanimité pour amorcer un retrait massif. « S’il y avait un vote des Etats, on arriverait surement à égalité » indique Francis Kpatindé, Editorialiste et Chercheur à Sciences Po. Une situation qui s’expliquerait par le fait que la quasi-totalité de nos Etats africains dépendent pour beaucoup de l’aide internationale, notamment occidentale.
En revanche, cela n’absout pas le risque de voir un nombre important de pays africains tourner définitivement le dos à la CPI. Ils estiment qu’elle ne puisse encore jouer son prétendu rôle de punir tous les auteurs de crimes les plus graves, de génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre dont l’ensemble de la communauté internationale devrait être concernée.
Cela est d’autant plus vrai que beaucoup de dirigeants des puissances occidentales sont bien passibles de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Alors que ces gens ne seraient jamais poursuivis pour la simple raison que leurs pays ne sont pas signataires du Traité de Rome. Mais aussi et surtout, parce que leurs pays sont membres permanents du Conseil de Sécurité.