La BNDA accorde des crédits aux PME à un taux d’intérêt qui tourne autour de 12%, contre un taux acceptable de 15% fixé par la BCEAO. Certains entrepreneurs estiment que la solution passerait par la finance islamique, basée sur le principe du partage des risques et des profits.
Le financement et la compétitivité des Petites et moyennes entreprises (PME) taraudent les esprits. Ils reviennent dans tous les débats entre les experts dont la ligne de mire est l’année 2030, date d’entrée en vigueur des Accords de partenariat économique (APE). Le thème évocateur « l’UEMOA face aux exigences de compétitivité mondiale » a été traité lors de la 2è édition du Salon des banques et PME de notre espace commune, du 13 au 16 octobre dernier.
Cette situation est préoccupante. La question cruciale est « quelle stratégie de financement pratique, efficace et adaptée aux besoins réels des entreprises faut-il adopter pour monter de PME compétitives et performantes face aux exigences de la mondialisation ? » Les PME sont des entreprises dont l’effectif maximum est de 500 employés.
Elles représentent plus de 98% de nos entreprises. Ce sont de véritables pourvoyeuses d’emplois dans un pays comme le nôtre où la fonction publique absorbe moins de 10% des diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Les PME dans plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine, sont à l’origine de la montée en puissance des classes moyennes.
Leurs performances ont réduit les inégalités sociales et l’extrême pauvreté. Faciliter l’accès des PME au financement et aux marchés publics, c’est créer les conditions de l’émergence économique et sociale. « La stabilité économique et sociale de nos pays dépend en grande partie du soutien politique et financier accordé au Petites et moyennes entreprises », tranche l’ancien président directeur général de la Banque de développement du Mali (BDM SA), le docteur Ibrahim Bocar Bâ, qui modérait les débats lors de la 2è édition du salon. Goulots d’étranglement.
Comme lui, de nombreux experts économiques et financiers militent pour une synergie d’actions entre les différents acteurs (décideurs, BCEAO, banques classiques et entrepreneurs) de la chaîne. Une telle démarche participative et concertée , à leur avis, est indispensable pour guérir les PME des affections qui les rongent. Elles pourraient en mourir si l’on ne leur administre pas un traitement de choc à la hauteur des maux dont elles souffrent.
Les PME, selon Konimba Sidibé le ministre de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé, sont confrontées à un environnement concurrentiel et peu prometteur. Les ressources humaines qui y travaillent sont médiocres et mal rémunérées. L’énergie disponible est insuffisante et chère. Les infrastructures de transports sont inadaptées et vétustes. Les entreprises sont soumises à un harcèlement fiscal dévoilé, déplorait-il.
A ces goulots d’étranglement macroéconomiques s’ajoute le fait que les PME sont pour la plupart des entreprises individuelles opérant dans l’informel. Une étude diagnostique de la Banque nationale de développement agricole (BNDA) conclut que les PME sont souvent mal structurées parce qu’elles reposent sur des personnels aux compétences professionnelles douteuses. Il existe, selon cet examen, peu de données officielles permettant l’évaluation de leur potentiel.
Conscientes de tous ces facteurs défavorisants, les banques seraient peu motivées à octroyer des crédits aux PME. Par ailleurs, la BNDA imbue de sa connaissance approfondies sur la situation économique et le fonctionnement des PME à travers son étude accompagne, depuis 2005, les PME du Mali. La banque agricole a développé des outils efficaces, dira Souleymane Waïgalo son directeur commercial et marketing, .
La stratégie innovante de la BNDA. En diversifiant son portefeuille crédit, la BNDA s’est soustraite de sa dépendance à l’économie saisonnière agricole. A savoir que son financement était orienté, en majorité, vers le secteur cotonnier, qui dépend des fluctuations des cours mondiaux. Une chute brutale des prix du coton était suffisante pour provoquer une banqueroute. N’est-ce pas cette inflexibilité qui aurait provoqué la faillite de certaines banques agricoles de la sous-région?
Cette stratégie dite salvatrice a été présentée lors du salon par M. Waïgalo. Elle semble être une innovation majeure de la part d’une banque agricole qui appuie des PME. L’ exposé a convaincu l’auditoire. La BNDA a été sacrée lauréate du prix spécial de la 2è édition du salon des banques et PME de l’UEMOA. A la lumière de cette exposition, il apparaît que la BNDA accorde des crédits aux PME à un taux d’intérêt qui tourne autour de 12%, contre un taux acceptable de 15% fixé par la BCEAO. Elle a octroyé un total de crédit de 61 milliards de Fcfa aux PME, soit 18% de son activité.
Le taux de progression est de 14%. Ce résultat a été possible grâce à la définition de paramètres facilitant l’accès des PME au crédit bancaire, précise le directeur commercial. Il s’agissait par exemple de comprendre les flux réels des entreprises informelles pour en estimer prudemment la capacité de paiement. Il importait aussi de s’assurer que les entreprises bien établies sur leurs marchés locaux accordent une valeur importante à leur réputation. Les techniciens jugeaient nécessaire d’analyser les sources de revenus externes à l’entreprise et internes à l’entité sociale du propriétaire gérant.
La connaissance de ces paramètres, en plus de la diligence dans le traitement des dossiers, était indispensable pour une protection maximale des fonds des déposants. En somme, la BNDA a mis en place un ensemble de produits et services pour accompagner ses clients PME dans la durée. La pérennité de l’offre dépendra de l’efficacité de l’activité PME. Qui dépend, elle aussi, de la maîtrise des risques. Ce dernier paramètre recouvre la formation des agents commerciaux sur les prêts investissements…
Pour palier le manque de données fiables auquel étaient confrontées d’autres banques, la BCEAO a encouragé la création d’un bureau d’information sur les entreprises. Ce bureau renseigne à temps sur le niveau de solvabilité des entreprises. Mais cet effort semble insuffisant aux yeux des entrepreneurs. Ils demandent aux ministres de l’Economie et des Finances de la zone d’imposer aux banques un taux d’intérêt concurrentiel et adapté au besoin réel des entreprises. La solution, selon d’autres entrepreneurs, passerait par la finance islamique.
A la différence des banques classiques, cette institution financière est basée sur le principe du partage des risques et des profits, résume Issa Compaoré, expert en finance islamique, président de la commission « emploi – éducation – formation» du Conseil national du patronat burkinabè. Il a animé un panel sur la finance islamique comme alternative au financement des PME.
Ce qui suppose une implication des banques dans la formation et la gestion des PME. En attendant, la création d’une banque islamique dans notre pays serait en cours. Les banques classiques devraient proposer aux PME des produits et services concurrentiels pour les accompagner. La création en leur sein de guichets finances islamiques serait la bienvenue.
C. M. TRAORE
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Gabon : la SID et la CDC lancent un fonds pour soutenir les PME/PMI
Cette initiative s’est matérialisée le 6 septembre dernier à travers la signature d’un protocole d’accord entre la Société islamique pour le développement du secteur privé (SID) et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) du Gabon, a indiqué l’agence écofin. Pour qui, les deux parties, selon les termes de ce partenariat, s’engagent à apporter une solution à la problématique du financement en capital des entreprises en développement.
Selon le Président directeur général de la SID, Khaled Al Aboodi (photo), « l’accord permettra de renforcer la relation de la SID avec le Gabon et l’Afrique centrale, tout en marquant le rôle que pourra apporter la finance islamique dans le développement des PME/PMI en Afrique. Les deux structures financières travailleront ainsi ensemble dans le but de faciliter le dispositif de soutien au financement des PME/PMI ».
Pour Alain Ditona Moussavou, l’ADG de la CDC : « La création d’un fonds d’investissement dédié au financement en capital des PME/PMI locales innovantes constituait le chainon manquant d’un univers financier local dominé par des banques commerciales peu enclines à prêter aux PME ». Ce partenariat constitue une réponse à la sous-capitalisation ainsi qu’aux difficultés auxquelles font face les PME/PMI, pour leur accès aux crédits, mais également une aubaine pour la CDC. Car, grâce à cet outil, l’institution qui a connu un chiffre d’affaire en recul de 10% en 2015, soit un résultat net de 3670 millions de Fcfa, contre 4080 millions de Fcfa en 2014, va pouvoir pleinement jouer son rôle de soutien aux entreprises locales.
Source: Essor