Les criquets pèlerins représentent une menace réelle pour notre région, où l’agriculture constitue le moteur de la croissance économique. D’où toute l’importante de cette lutte contre l’insecte qui menace la sécurité alimentaire. En effet, les capacités de migration de ces ravageurs sur des centaines voire des milliers de km en font un problème international aux répercussions économiques, sociales et environnementales majeures. La stratégie adoptée et reconnue par la communauté internationale comme la seule durable pour lutter contre le criquet pèlerin est celle de la lutte préventive, dans le cadre d’une approche inter-régionale pour un fléau qui ne connaît pas de frontières.
Dans la région occidentale, l’aire de propagation du criquet pèlerin englobe les pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest qui renferment, pour la plupart d’entre eux, des zones de survie et des aires de reproduction et de grégarisation à l’origine des invasions. Cette région qui englobe l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie constitue, sur le plan de la bio-écologie de ce ravageur, un ensemble indissociable sur la base de laquelle doit s’organiser la lutte.
Et les neuf périodes d’invasion qui se sont succédé depuis 1860 ont montré à suffisance toute l’importance pour nos pays d’agir ensemble. A titre d’exemple, la maîtrise de la dernière invasion de 2003/2005 a nécessité le traitement d’environ 13 millions d’hectares avec près de 13 millions de litres de pesticides chimiques. La facture des opérations de lutte, supportée à la fois par les pays concernés et par la communauté internationale, s’est élevée à environ 570 millions de dollars US, soit 342 milliards Fcfa. Conscients de la menace qui plane encore sur la région, les ministres en charge de l’Agriculture des pays concernés sont en conclave depuis hier à Alger.
Il faut noter que cette rencontre est une aubaine pour notre pays qui fait actuellement face à une résurgence des sautériaux et autres prédateurs des plantes dans les zones de Nara, Nioro, Diéma et sur une partie du plateau dogon. Dans son discours d’ouverture, le ministre algérien de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Chelghoum Abdesslem, a remercié ses homologues de la région pour leur présence effective à cette importante réunion afin de discuter de l’urgente question des criquets pèlerins. Il a ainsi rappelé toute l’urgence pour nos pays de développer une stratégie commune de lutte afin de faire face à ce fléau qui menace le développement et la survie de notre agriculture. « Il m’est plus qu’utile de vous rappeler les risques qui pèsent sur nos économies agricoles respectives, particulièrement le risque majeur représenté par le fléau acridien et contre lequel notre région mène une lutte sans relâche. Aussi, les résultats des campagnes précoces de surveillance et de lutte contre le criquet pèlerin ont révélé le bien-fondé de la stratégie de lutte préventive telle qu’elle a été menée au niveau de notre région depuis la dernière invasion de 2004-2005 », a souligné le ministre Abdesslem qui a indiqué que le déploiement régulier depuis 2005, des équipes algériennes de surveillance et de lutte au niveau des territoires concernés par l’activité acridienne pourrait servir d’observatoire pour les autres pays, où la surveillance est rendue difficile à cause des conditions d’insécurité.
Dans cette optique, il a signalé que les changements climatiques ont largement contribué au changement de comportement des populations acridiennes. De ce fait, l’inscription de ce thème comme prioritaire dans le plan régional de recherche atteste que la compréhension de ce phénomène nouveau constitue un élément clé de la réussite de la lutte contre le criquet. Présence massive. Lors de la réunion des ministres en charge de la lutte antiacridienne dans les dix pays membres de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO), tenue à Bamako en mars 2009, les coûts de fonctionnement des dispositifs de lutte préventive en région occidentale ont été estimés à 3,3 millions de dollars par an. S’il faut comparer ce coût avec le montant de 570 millions de dollars pour les dépenses engagées lors de la crise 2003/2005, celles d’une année d’invasion peut financer 170 années de prévention, a justifié le sous-directeur général de la FAO, Ould Ahmed Abdesslem.
Tour à tour, les ministres ont développé les stratégies mises en œuvre dans leurs pays respectifs afin de faire face à la menace acridienne, mais aussi leurs attentes par rapport à la stratégie commune de lutte efficace et durable. Ainsi le ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon rappellera que si la première réunion de Bamako a contribué à la mise en œuvre d’une stratégie de lutte préventive durable, celle d’Alger constitue une étape aussi importante puisqu’elle vise à favoriser l’engagement des pays sur des actions devant consolider la durabilité de la lutte préventive. « En outre, cette rencontre est un challenge pour nos pays qui aspire à mettre en place un fonds régional de gestion du risque acridien, considéré comme un grand pas pour une meilleure prise en charge du fléau acridien. Pour ce qui concerne le Mali, nous approuvons parfaitement cette initiative qui favorisera la dotation de nos pays en moyens matériels et financiers pour rester constant dans la lutte préventive des résurgences acridiennes », a souligné le ministre Denon.
Présentant la situation dans notre pays, il informera ses homologues de la présence massive de sautériaux dans certaines zones de notre pays notamment à Nara, Nioro, Diéma et une partie du plateau dogon. Cette invasion, indiquera-t-il, a été maitrisée grâce au traitement des zones concernées et la situation au Mali est calme. Cependant, il a insisté sur la menace que représente la situation acridienne en Mauritanie marquée par une résurgence et a rassuré ce pays frère du soutien du Mali à travers les équipes de traitements et des pesticides. En outre, Kassoum Denon demandera le renforcement du plateau technique national qui a été fortement éprouvé par la crise multidimensionnelle qui a frappé notre pays en 2012. En effet, la base de Gao a été totalement détruite et dépouillée de tout matériel logistique, dont 21 véhicules Land Cruiser, 1 Land Rover, 1 camion Mercedes, 1 camion Unimog, 5 Nissan Pick-Up, 3 Nissan Station Wagon, un chariot élévateur, des matériels de prospections.
Cellule de Communication
Ministère de l’Agriculture