La filière cotonnière a connu un développement spectaculaire pendant ces 25 dernières années dans notre pays. En effet, le coton constitue la principale production agricole de rente au Mali, et fait vivre directement plus de 3 millions de personnes.
Premier secteur pourvoyeur d’emplois, le coton représente environ 14% du PIB (693 milliards FCFA) au Mali et il fournit 98,8% des recettes d’exportation agricole et s’impose au deuxième rang des exportations totales du Mali, après l’or. A côté des emplois directement liés à sa culture, le coton, de part ses effets induits, génère de nombreux autres emplois dans les usines d’égrainage, de textiles, les huileries et fabriques d’aliment bétail, le transport et l’artisanat. Le développement de la culture du coton a contribué à l’aménagement des infrastructures dans les zones rurales par la construction des pistes, des ponts, des points d’eau potable, des écoles, des centres de santé et autres infrastructures communautaires. Ce n’est pas tout, la culture du coton contribue également à l’autosuffisance alimentaire par la promotion des cultures
vivrières qu’elle assure. Tout cela est rendu possible grâce à l’apport des héros anonymes, notamment des chercheurs qui, loin de chercher de la gloire, n’ont de satisfaction que lorsqu’ils voient les résultats de leur travail faire naitre du sourire sur le visage des autres. Ainsi consacrent-ils la plus part de leur temps à réfléchir sur les techniques innovantes pour apporter un surplus chez le paysan, sans que ceux-ci n’utilisent de trop d’intrants et de pesticides, augmentant ainsi les revenus des paysans.
C’est dans cette optique que le projet, « PASE II », a vu le jour. L’une des phases du projet est consacrée à la recherche menée par les chercheurs. Ainsi, le Projet d’Appui à l’Amélioration de la Gouvernance de la Filière Coton et à la Durabilité des Systèmes d’Exploitations en Zone Cotonnière intervient dans certaines zones au Mali. Pour le volet Recherche-Développement, à l’instar des autres volets du projet, certaines recommandations ont été formulées à la fin de la première phase du « PASE I » sur les activités de recherche, notamment le fait d’insérer pour information dans le PETF 2014 les activités de recherche portant sur des questions soulevées et non traitées par le volet Recherche Développement du « PASE II ». C’est de cela que dénote la visite dans les différents champs qui tente de répondre à ce besoin là, conformément aux recommandations formulées à la fin du « PASE I ».
Aussi est-il important de signaler que durant la phase d’actualisation des PETF, les partenaires avaient mentionné des besoins, dont certains sont pris en charge par le PASE II, et d’autres le sont dans le cadre de conventions spécifiques entre l’IER et certaines structures comme la CMDT, et d’autres partenaires. Il s’agit entre autres :
• La fertilisation et la gestion des nutriments : Expérimentations sur les facteurs d’amélioration de la fertilité des sols et la lutte contre l’érosion par l’utilisation des plantes améliorantes et à usage multiple ; l’étude sur les grilles de fertilisation du cotonnier en durées de mise en culture des parcelles ; autres tests de semis sur la couverture végétale pour l’amélioration de la fertilité et la texture du sol avec les plantes améliorantes.
• Les nouvelles variétés : Mise au point des variétés performantes et adaptées, croisements des variétés dans le cadre du programme des pays du C4.
• La gestion intégrée de ravageurs : Pratique de l’écimage comme technique de contrôle du parasitisme des chenilles carpophages du cotonnier ; étude du comportement des variétés de diverses provenances vis-à-vis des ravageurs ;
• En perspectives : il y a l’utilisation des plantes fourragères ; la gestion intégrée de la fertilité des sols, études de l’efficacité des bio pesticides.
Le Comité de Pilotage a aussi demandé d’ajouter dans le PETF 2014 des informations sur les recherches conduites par le programme coton de l’IER en matière de sélection variétale du coton, et sur les recommandations et la qualité des engrais. Ceci permettra de mieux voir la complémentarité entre les programmes de recherche et le volet Recherche et Développement sur la prise en compte des besoins et autres préoccupations des acteurs du développement.
Le Comité de pilotage a aussi demandé de tenir compte dans les activités du PASE II des préoccupations liées à la fertilité dans la conduite essais pour documenter les analyses sur le lien entre baisse de rendement et fertilité.
Selon les statistiques de réalisation, le projet a apporté lors de la première phase de la campagne la mise en œuvre d’une augmentation de 10% à 15% ; contre 20% en deuxième année de campagne, et pour sa troisième année, il compte apporter une augmentation de plus de 30%. Ainsi donc, dans l’exécution de ce projet, il est organisé chaque année, depuis 2 ans, dans quelques uns des villages d’intervention, une journée portes ouvertes. Pour cette année, ce sont les Stations de FINKORO, FARAKO et le village de Kafara (Ouéléssebougou) qui ont été choisis pour abriter l’évènement, du 16 au 17 octobres 2016. L’objectif de cette visite-guidée avec les producteurs, les responsables politiques, les services techniques et les notabilités, était de voir les expérimentations agronomiques mises en place dans les stations de Finkoro, Farako et le village de Kafara pour la campagne 2016-2017 ; de partager les expériences et les innovations avec les acteurs et les partenaires techniques du « PASE II » ; de mobiliser les acteurs autour des objectifs du « PASE II » ; de renforcer les compétences techniques des différents acteurs ; de créer les alliances et un cadre de communication entre les acteurs des villages du volet de Recherche-Développement et les villages environnants ; de renforcer les rapports sociaux entre les villageois ; de diffuser les technologies novatrices du PASE dans les villages environnants ; et enfin de créer une synergie d’actions entre les différents intervenants dans le domaine.
Pour le coordinateur du projet, Pr Mamy Soumaré, chercheur à l’IER, « le projet PASE II est une initiative des paysans du Mali sur le souhait du gouvernement du Mali, appuyée par l’Agence Française de Développement pour appuyer les coton-culteurs et le projet a plusieurs composantes », explique t-il, « mais nous-nous consacrons uniquement sur la recherche-développement ou encore la recherche et appui conseil sur les techniques. Nous avons commencé ce travail, il y a de cela trois ans. Ainsi, depuis sa première année, les résultats de nos recherches qui devraient permettre de lutter efficacement contre les difficultés des paysans portent sur comment on doit mettre les engrais, sur la protection des insecticides, la lutte contre l’érosion, et enfin comment faciliter l’alimentation des bétails des paysans. Si pour la première année du projet, nous avons apporté ces résultats chez 15 paysans, aujourd’hui nous sommes à la troisième année du projet, et nous en sommes à 150 paysans. Les autres paysans, en voyant ces résultats tangibles, ont jugé nécessaire d’appliquer ces techniques chez eux », explique Pr Mamy Soumaré.
A ses dires, l’objectif principal de cette visite sur les sites, est de permettre aux autres paysans venus de toutes les zones de l’IER, OHVN, CMDT, APCAM, de pouvoir vulgariser les différentes techniques sur les différents champs en comparaison à leurs propres techniques afin de voir ce qui est plus rentable. Selon lui, ces expérimentations vont se poursuivre en station et en milieu paysan pour une confirmation des résultats obtenus. Il estime que déjà ces techniques ont créé la joie chez les populations de Kafara dans la commune rurale d’Ouéléssebougou.