La liste Urd-Jama jigi-Fare et celle de l’Adema en commune II sont en passe de se perdre dans les méandres juridico-politiques au sein du tribunal de ladite commune. Housseini Traoré, juge et vice-président de ce tribunal, a déjà annulé ces listes, suite à une requête introduite par la liste Rpm-Codem. Mais les « victimes » de cette décision sont décidées à participer aux communales. Ils l’ont fait savoir à travers une manif.
Une matinée assez agitée, avant-hier dans la commune II du district de Bamako. Des centaines de manifestants, à l’appel des partis Urd, Fare, Jama jigi et Adema, envahissent la devanture du tribunal de première instance de ladite commune. La tension est palpable, et monte en flèche au rythme des slogans hostiles au juge Housseini Traoré. C’est lui qui, aux dires des manifestants, a orchestré cette mascarade judiciaire qui a consisté à annuler leurs listes. « Honte à Housseini et tous les juges corrompus », scandent-ils en chœur, devant le tribunal barricadée par un dispositif sécuritaire. Sur les banderoles et pancartes, on pouvait lire: « Sauvons la démocratie en commune II » ; « Dehors les juges des corrompus » ; « il y a rien en face, on ne se fera plus jamais avoir, trop c’est trop » ; « ils ont donné combien pour ce travail, Mr le juge ?».
Comment en est-on arrivé là ? Abdramane Diarra, président des jeunes de l’Urd, explique: «le collège électoral a été convoqué par le gouvernement, ouvrant les périodes des élections municipales de l’année 2016… Et le parti Urd, à l’instar des autres partis politiques a mobilisé ses états-majors pour préparer les échéances à venir. Toutes les sections du parti sur l’ensemble du territoire national ont organisé leur conférence de section, afin de dresser les listes des candidats qui les représenteront dans les différents conseils municipaux, au cas où les populations leur accorderont leur confiance. Certaines listes ont été composées uniquement par des candidats du parti ; d’autres listes, en fonction des réalités locales, ont amené le parti à faire des alliances. Parmi ces alliances, il y a celle entre Urd-Jama jigi-Fare an ka wuli- Parena en commune II du district de Bamako. Malheureusement, cette alliance fait présentement l’objet de tracasserie juridico-politiques, dans le seul but de l’invalider… La citation adressée au siège de l’Urd, suite à la requête la liste Rpm-Codem, ne contenait aucune indication sur les motifs des requêtes aux fins d’annulation. Malgré cela, les représentants de la liste attaquée se présentèrent devant le juge le 20 octobre 2016 en gardant toute confiance en la justice malienne. Pourtant monsieur le juge Housseini Traoré, vice-président du tribunal de première instance de la commune II du district de Bamako, a prononcé en premier ressort un jugement en annulation de nos listes.» Le hic, c’est après la publication officielle et le dépassement du délai des plaintes contre les listes en présence, que la liste Rpm-Codem a introduit une requête en annulation contre celle de l’Urd-Jama Jigi- Fare- Parena et de l’Adema. « Inadmissible », estime M. Diarra qui, comme tous les militants des partis concernés, se pose de multiples questions. Dans quelle disposition de nos lois, le juge Traoré est-il allé pêcher cette disposition qui dit qu’un maire délégué n’a pas le droit de légaliser un document le concernant? La non prise en compte de la date forclose d’une requête peut se justifier comment?
Ces questionnements légitimes, dont les réponses sont à la limite connues de tous, ont amené les avocats de la liste d’alliance à introduire un recours en appel près la cour d’appel de Bamako en contestation de cette annulation, qualifiée de verdict « inique et injustifié ».
Le verdict de cette Cour déterminera le sort des communales en commune II. Déjà les manifestants mettent en garde : il n’y aura pas d’élection sans notre liste. « Nous sommes déterminés à sauver la démocratie », clame Sékou Diakité, cadre de l’Adema-pasj et non moins ancien ministre.
La commune II, favorable à l’Urd, Adema-pasj…
Selon les organisateurs de la manif, la commune II a une carte politique favorable à leurs listes. L’Adema et l’Urd comptent à eux seuls plus de la moitié des élus communaux de cette commune. « Surtout que les deux partis se trouvent renforcés par d’autres partis constitués par des personnalités qui comptent dans la commune par rapport à leurs assises sociales. Il devient alors vital pour ceux qui croient qu’ils peuvent tout faire, de tout écraser sur leur chemin, même fouler à terre les principes sacro-saints de droit, socle de toute démocratie. Ils ont des moyens financiers et politiques pour tout bousculer en leur seule faveur et ils ne s’en privent pas… », peut-on lire dans la déclaration livrée à la presse. « Les hommes forts de ces listes n’abdiqueront pas sur du faux. Et face à une telle triste réalité, nulle n’est en mesure de contenir la colère d’acteurs politiques et d’une population se sentant trahis. », poursuit le document.
Les manifestants soutiennent que des hommes sans vergogne dont les seuls principes sont l’opportunisme, l’enrichissement personnel et la spéculation foncière, sont à l’œuvre pour ternir l’image de la plus vieille commune de Bamako.