« La cour aux hautes murailles grondait de la révolte des esclaves. La bataille s’engagea avec le maitre. Il eut des morts mais la porte céda. Des esclaves se ruèrent vers la liberté. Seul, resta dans la cour, un vieil esclave. Il alla refermer la porte de la maison des fuyards et revint s’asseoir à sa place, se saisit de son tam-tam et se mit à jouer et à chanter. Le maitre loua sa sagesse et son sens élevé de l’amitié et de la fidélité. Et l’esclavage continua parce qu’il resta un esclave. Le maitre resta négrier grâce au nègre. »
Cette histoire reflète l’histoire des pays africains colonisés par la France et qui peinent toujours à se débarrasser du joug colonial que leur impose le dernier négrier de notre époque : la France. Impossible de s’en défaire. Nous sommes liés à la France par un cordon ombilical dont nos dirigeants assurent la pérennité. Impossible pour le régime en place de prendre une décision importante sans l’aval de Paris. Impossible d’équiper notre propre armée si la France n’a pas donné son feu vert.
Le sommet France-Afrique est l’illustration parfaite de notre situation d’esclaves. Au nom de ce sommet, nos autorités, briment leur peuple pour satisfaire les mesquineries de l’ancien colonisateur. Mais posons-nous simplement la question : que serait la France aujourd’hui sans ses colonies. Sans esclaves, pas de maitre. Tant que nous continuerons de servir le maitre pour préserver notre seul intérêt, infiniment petit face à l’intérêt général de notre peuple, il y aura toujours des sommets France-Afrique.
« L’esclave qui n’est pas capable de s’affranchir ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort », nous enseigne un grand homme africain, assassiné parce qu’il voulait libérer son peuple de l’esclavage. Oui, des esclaves, nous le resterons tant que nos dirigeants ne comprendront pas qu’aucun pays ne peut se construire, aucun peuple ne peut s’épanouir dans des conditions d’esclave. IBK le sait pourtant. Comment d’ailleurs le président de la République peut-il faire avancer le Mali vers le progrès en maintenant la majorité des Maliens dans la misère, sans aucun véritable programme de gouvernance ?
Notre plus grand malheur ne réside pas dans le fait que nous demeurons dans la maison des esclaves, mais plutôt parce que nous refusons d’en sortir. Les Français aiment leur pays. Ils se sont battus et beaucoup sont morts pour faire de la France ce qu’elle est de nos jours. IBK aime-t-il le Mali ou préfère-t-il vivre dans le luxe en refusant de descendre de son piédestal, entouré de collaborateurs incompétents? Quand on aime son peuple, comment peut-on l’opprimer ? Comment peut-on le maintenir dans l’esclavage ? Comment peut-on prétendre aimer son peuple et être incapable d’en assurer la sécurité ?
Un malaise général s’est emparé de notre pays. Le sentiment que le temps s’est arrêté. Seulement, comme l’a préconisé Einstein, « on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». IBK ne peut pas sortir les Maliens de la galère sans avoir coupé le cordon ombilical qui lie le Mali à la France. En aura-t-il le courage ? Comme nous le raconte le récit, la porte de la maison des esclaves est ouverte. Il n’y a pas d’autre voie de sortie que d’en sortir. Car aucun peuple, aucun pays, même pas la France, ne bâtira notre pays à notre place.
Henri Levent