Le peuple malien a-t-il contribué à son propre malheur en creusant sa tombe par l’élection du président Ibrahim Boubacar Keita? C’est bien une triste réalité murmurée tout bas depuis bien longtemps, que le peuple malien, comme un refrain, n’hésite plus à répéter à chaque coin de rue. Dans les services publics et privés, les grins, nos familles, les regroupements de jeunes et femmes, la société civile, le monde religieux, chez les jeunes artistes, chacun, à sa manière, décrit la détérioration des conditions de vie au Mali et arrive à une même conclusion : ‘’ notre choix, c’est bien notre propre malheur’’. Il s’agit bien de l’homme qui dirige le Mali actuellement, c’est-à-dire IBK. En 2013, le peuple malien dans son écrasante majorité l’a porté au plus haut sommet de sa gloire. IBK ou rien et s’il n’est pas élu, ce pourrait être le début d’une guerre civile au Mali. Ce choix unanime est aujourd’hui la plus grosse déception du peuple dans l’histoire des régimes démocratiques de notre pays, depuis le début des années 90. Comme certaines langues l’ont surnommé ‘’oiseau porte malheur’’ dans des grins de jeunes, tous ceux qui ont approché ou soutenu IBK, de près ou de loin, sont débordés par des problèmes. Les promesses son loin d’être tenues au fur et à mesure qu’approche la fin du mandat présidentiel, et ceux sur le président a jeté son dévolu pour l’accompagner dans sa mission quinquennale, ont presque tous perdu l’estime auprès du peuple après leurs nominations. Ministres et directeurs, IBK les nomme et n’hésite pas à les déposer sans aucun motif valable, sans même en informer la victime au préalable. Pourtant, la plupart de ces hommes injustement traités ont abandonné d’autres fonctions et hautes responsabilités parfois à l’étranger pour répondre à la main tendue du président de la République, au nom du patriotisme. Quant aux politiques, combien sont-ils aujourd’hui à avoir sacrifié leur avenir politique pour des strapontins. Certains hommes politiques ont abandonné leurs militants, trahi leurs idéaux, et se sont servis de leurs partis comme une échelle pour atteindre des postes. Ces ‘’judas politisés’’, tentent de justifier leur forfaiture par l’amour qu’ils auraient pour le Mali. Jeunes comme vieux, IBK en rusé les a tous grillés puisqu’ils ont perdu définitivement l’estime du peuple et bientôt ils seront mis au garage. Ils sont traités de tous les noms pour avoir abandonné leurs convictions politiques pour le salut du Mali au compte des grâces présidentielles éphémères. Ils ne peuvent plus reculer par peur de se voir combattre par le parti au pouvoir et galérer comme le peuple aujourd’hui. Ils défendent bec et ongle la vision d’un président de la République qui n’a pas de vison. Pourtant, ces invertébrés moraux, la pire espèce des hommes politiques de tous les temps, dans leurs domiciles, ou en aparté avec leurs maitresses, font semblant de dénoncer : « en réalité, ça ne va pas ». Ils prétendent en coulisses ne pas comprendre le chef qui s’inscrit dans un pilotage, mais personne n’ose lui faire des remarques ou lui dire la vérité, par peur d’emballer ses valises lors du conseil des ministres prochain.
IBK a tué certains politiquement (des chefs de partis politiques) et freiné l’élan de certains technocrates maliens qui ont fait leurs preuves à l’international. Mieux vaut tard que jamais. Certains ont pris conscience et ont décidé de s’en aller d’eux-mêmes avant d’être éjectés de leur fauteuil par IBK. Ils implorent aujourd’hui le pardon du peuple pour avoir, pendant ce laps de temps, contribué à cette situation lamentable. Par contre, d’autres continuent à s’agripper au chef comme si, sans lui, leur avenir est voué à l’échec. D’une part, ils ont peut-être raison car après IBK, ils ne seront rien politiquement dans ce pays. En vérité, ils n’ont jamais valu quelque chose. Ils se sont cachés sous du vernis et le temps a fini par révéler leur véritable identité.
Boubacar Yalkoué